En dépit de son activisme suspect et de ses prises de position déroutantes. L’ancien Premier ministre, Moussa Joseph Mara, n’est pas un opposant. Il s’en défend jusqu’à preuve du contraire d’être un. Le président de Yélema est et reste membre à part entière de la majorité présidentielle. Mais comment se traduit-elle l’appartenance de Mara à cette majorité présidentielle qui l’a porté et soutenu lorsqu’il était à le gouvernement ?
En plus de son activisme religieux que d’aucuns, au sein de la majorité, n’hésitent pas à qualifier de suspect à la limite d’islamiste, la majorité présidentielle perd son latin en voyant un des leurs souffler dans la même trempette que l’opposition, au sujet de l’accord pour la paix et la réconciliation, notamment quant à sa mise en œuvre.
C’est en effet, très surprenant de la part du leader, dont la visite, a totalement bouleversé voilà deux ans tous les équilibres sécuritaires, à Kidal, se plaindre des lenteurs de la mise en œuvre de l’Accord. Plus surprenant encore d’être sur la même longueur d’onde que ceux qui, à propos de cette visite, l’avaient taxé de tous les noms, ont demandé sa démission et à défaut de l’obtenir avaient fait une motion de censure pour le destituer.
Interroger par le site Internet, lesahelien.com, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, non seulement se plaint comme les opposants interviewés (Tiébilé Dramé et Amadou Koita), mais aussi va plus loin. Il estime :
« Tandis que le président de la convention des partis politiques de la majorité présidentielle, le Dr Boulkassoum Haïdara, tirant les leçons de la visite irréfléchie et catastrophique de Mara à Kidal, estime que le processus de sortie de crise doit être mené avec “une grande patience… (qu’) Il ne faut rien précipiter au risque d’aller à un dérapage qui peut compromettre tout le mécanisme”. Et se félicite de “la ferme volonté des autorités de mettre en œuvre tout le contenu de l’accord, à un rythme normal dans un esprit de dialogue permanent et soutenu”.
L’ex-Premier ministre et président du parti Yelema Moussa Mara, qualifie la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation par le gouvernement de “processus laborieux et difficile”. En d’autres termes, de catastrophique. Pour raison ! Selon lui, les Maliens, dans leur majorité, “ne comprennent pas dans quelle direction nous évoluons et sont dubitatifs”.
Les oiseaux de même plumage volent ensemble, l’ancien Premier ministre fait du “tiébilisme”. Moussa Mara estime qu’il est souhaitable que les autorités accélèrent la mise en œuvre de l’accord, notamment les volets sécuritaires et de la défense pour que les populations voient clairement l’amélioration de la sécurité.
Pour celui auquel la nation doit une défaite militaire humiliante, la perte de Kidal avec des dizaines de morts, “il est tout aussi souhaitable de fixer un cap clair avec des objectifs précis et des actions à engager tout en veillant à faire partager ce cap à la majorité de nos compatriotes, à travers la société civile, la classe politique, les élus locaux, les autorités traditionnelles.”
Cette prise de position, si elle ne traduit pas la rupture du président de Yélema avec la CMP, constitue, en lisant bien entre les lignes, un ralliement sans frais aux thèses et combat de l’Opposition. Une opposition à laquelle l’ancien Premier ministre a longtemps déclaré sa flamme. Moussa Mara veut-il supplanter l’Opposition sur son terrain de critiques et d’invectives ?
En effet, si le président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA,) Tiébilé Dramé dit de manière provocante que “le processus de sortie de crise s’est ensablé (… par) manque de vision des dirigeants (… et par) le refus des plus hautes autorités d’organiser des concertations nationales inclusives autour de la mise en œuvre de cet accord”. Mara n’en dit pas moins, en parlant de “processus laborieux”, donc douloureux et pénible. Il aurait pu ajouter, pour être complet, à cause de l’incompétence de l’actuel gouvernement.
Si comme Tiébilé Dramé et Moussa Mara estiment qu’il est urgent d’accélérer le rythme d’application de l’accord afin d’isoler les terroristes et se donner les moyens de les combattre, sera-t-il d’accord avec cette opposition qui prône le dialogue avec les terroristes maliens ?
L’ancien Premier ministre plaidera-t-il comme le président du PS-Yélen Koura pour ne privilégier que la tenue de la conférence d’entente nationale ou concertations nationales quitte à quémander encore les bons offices de la médiation et des partenaires du Mali pour l’accélération de la mise en œuvre de l’accord ?
Pour l’ancien Premier ministre, c’est un plongeon dans l’inconnue, au propre comme au figuré. Car ce ralliement (argumentaire) n’est pas sans conséquence au double plan politique de la cohérence et du positionnement. Moussa Mara au-delà des prises de position curieuses est-il prêt à s’engager ouvertement dans l’Opposition ?
Le rapport de la commission parlementaire sur les événements de Kidal y est-il pour quelque chose ?
Affaire à suivre
Par SAMBI TOURE