Bamako, 21 avr 2016 (AFP) - Le groupe jihadiste malien Ansar Dine a affirmé jeudi retenir trois collaborateurs du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) enlevés la semaine dernière dans le nord-est du Mali et réclamé la libération d’un homme arrêté par la force française Barkhane en échange.
Le CICR avait indiqué mardi qu’une de ses équipes avait été enlevée le 16 avril sans effusion de sang dans la région de Kidal. Un responsable d’Ansar Dine, Nourredine Ag Mohamed, a déclaré jeudi à l’AFP à Bamako que son groupe réclamait pour les relâcher la libération du guide des trois humanitaires, arrêté par la force française Barkhane traquant les
jihadistes dans le Sahel.
"Nous avons arrêté trois personnes qui travaillent pour la Croix-Rouge. Nous voulons, avant de les libérer, que Barkhane libère Miyatène Ag Mayaris", a-t-il déclaré.
Interrogée par l’AFP sur cette revendication, une porte-parole du CICR à Genève, Claire Kaplun, a répondu: "Nous n’avons pas reçu de revendication à ce stade".
"On est en contact avec tous les acteurs présents dans cette zone (...) pour pouvoir obtenir plus d’informations", a dit Mme Kaplun, précisant: "Cela implique les leaders locaux, les autorités, les forces françaises".
Le CICR avait annoncé lundi dans un communiqué avoir "perdu contact depuis samedi (16 avril) avec trois de ses collaborateurs qui étaient en mission à Abéibara", au nord de Kidal, affirmant ignorer "à ce stade les raisons de cet incident", sans toutefois clairement parler d’enlèvement, ni préciser leurs identités et nationalités. Il n’avait pas non plus identifié de groupe ou communauté retenant les trois personnes.
Le porte-parole de l’ONG à Bamako, Valery Mbaoh Nana, avait ensuite expliqué à l’AFP que les membres de l’équipe dépêchée depuis le 13 avril à Abéibara, étaient sur le chemin du retour vers Kidal "lorsqu’ils ont été interceptés par quelqu’un qui était à moto et qui leur a demandé de le suivre".
Au sein de l’équipe, "ils étaient quatre, il y en a un qui a été libéré" et a raconté au CICR qu’ils avaient campé dans la nuit du 15 au 16 avril dans une zone où ont eu lieu "des opérations des forces françaises de Barkhane" qui auraient arrêté leur guide, avait indiqué M. Mbaoh Nana.
De même source, il n’y a pas eu d’effusion de sang lors de l’enlèvement de l’équipe et jusqu’à mardi, les trois humanitaires étaient "détenus dans des conditions acceptables".
Une source humanitaire distincte avait aussi confirmé à l’AFP les enlèvements, en indiquant que les ravisseurs avaient demandé la libération de leur "guide arrêté par Barkhane" en échange des otages.
Ansar Dine faisait partie des groupes alliés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le vaste nord du Mali pendant près de dix mois entre 2012 et janvier 2013.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés de cette région par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 par la France avec son opération Serval, remplacée depuis août 2014 par Barkhane. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.
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