Société
Imams maliens formés au Maroc : l’islam tolérant face au wahhabisme rigoriste
Publié le vendredi 22 avril 2016 | Jeune Afrique

© aBamako.com par A S
Prière à la Grande Mosquée de Bamako à l`occasion de la fête de Tabaski Bamako, le 5 Octobre 2014, Prière à la Grande Mosquée de Bamako à l`occasion de la fête de Tabaski |
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Plus d’une centaine d’imams ont déjà été formés au Maroc aux valeurs du « juste milieu ». À Bamako, on espère lutter ainsi contre la poussée du wahhabisme.
Arborant un gilet jaune assorti à la couleur de la barrière qu’il garde, un jeune homme régule la circulation, stoppant voitures et motos Jakarta, libérant le passage pour la foule qui se presse vers la mosquée en ce vendredi midi. La salle de prière est bondée, et les fidèles s’installent à l’extérieur du bâtiment, à même la terre ocre du sol. La mosquée du quartier populaire de N’Golonina est l’une des plus grandes de Bamako. Son succès,elle le doit à la popularité de Mohamed Haïdara.
Vêtu d’un grand bazin blanc, un tarbouche rouge vif vissé sur la tête, il prononce son prêche, en bambara et en arabe. Fils et petit-fils d’imam, il vient de passer deux années à Rabat, au sein de l’Institut Mohammed-VI de formation des imams prédicateurs et des prédicatrices. Inaugurée officiellement il y a tout juste un an, l’école dépend du gouvernement marocain, et le pays rejoint ainsi la liste des destinations où les religieux maliens vont traditionnellement se former, au même titre que la Tunisie, l’Égypte ou l’Arabie saoudite.
Mettre fin à l’extrêmisme grâce à l’islam malékite
Mohamed Haïdara y a reçu, aux côtés d’une centaine de ses compatriotes, un enseignement fondé sur la doctrine ash’arite (voie théologique médiane qui allie usage de la raison et recours à la tradition), le rite malékite (l’une des quatre écoles traditionnelles de l’islam sunnite) et le soufisme – le tout aux frais du royaume chérifien, qui prend en charge le billet d’avion et l’hébergement des élèves, auxquels il fournit aussi un per diem de près de 200 euros par mois.
« Cela permet indirectement de lutter contre l’extrémisme, et ce simplement en expliquant les concepts de l’islam malékite », affirme Abdeslam Lazaar, directeur de l’institut. Au point, ajoute-t-il, que certains imams maliens salafistes se sont « convertis » au malékisme après être passés par le Maroc.
À Bamako, Cherif Ousmane Madani Haïdara, l’un des prêcheurs les plus populaires du Mali, veut croire que « les gens formés au Maroc ont reçu un enseignement qui va peut-être aider à sortir du terrorisme ». Un diplomate en poste dans la capitale malienne insiste, lui, sur la nécessité d’aider « l’islam traditionnel, en perte de vitesse face au wahhabisme rigoriste importé d’Arabie saoudite dans la seconde moitié du XXe siècle ».
À LIRE AUSSI :500 maliens bientôt formés au Maroc ... suite de l'article sur Jeune Afrique

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