La première phase du mandat véritable de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR), celle de « la recherche de la vérité » va bientôt commencer avec la réception des dépositions des victimes qui sera suivie des enquêtes sur les cas de violations graves des droits de l’homme et des propositions de réparations.
« Tout est fin prêt pour le démarrage de nos activités. Nous avons aujourd’hui tous nos outils pour entamer pleinement notre mandat », a expliqué le président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé, ce jeudi 21 avril lors d’une conférence de presse.
Après la nomination du président de ladite commission, suivie de celle des quatorze commissaires, l’on attend l’élargissement de l’institution avec la nomination de dix autres commissaires. Cela n’a pas empêché le président Ousmane Oumarou Sidibé et ses collaborateurs, dont le secrétaire général, le lieutenant-colonel Abdoulaye Macalou à mettre le dispositif du travail de la Commission en place.
C’est ainsi que la stratégie d’intervention, le règlement intérieur, le plan d’actions et le programme d’activités, le tout sur la période 2016-2018 ont été élaborés et adoptés.
S’y ajoutent la définition du cadre organisation et l’installation des antennes régionales de la CVJR à Kidal, Gao, Tombouctou, Mopti, Ségou et Bamako.
Pour le président de la CVJR, la première mission de la structure est « la recherche de la vérité sous toutes ses formes. Ce qui constitue une priorité essentielle et la condition de réalisation de l’ensemble du mandat de la CVJR ».
Ce qui passe, a-t-il ajouté, par des enquêtes impartiales et efficaces, qui permettront de répertorier toutes les victimes du passé, d’évaluer les préjudices subis, d’identifier les responsabilités et de comprendre le contexte structurel des violences passées.
M. Ousmane Oumarou Sidibé, rappelle par ailleurs que le travail de la CVJR n’est pas celui de la justice ou des tribunaux. « Ce sont deux missions complémentaires ». La CVJR s’intéressant à la victime et à la réparation alors que les tribunaux (pénaux) se concentrent sur l’auteur des infractions qu’ils sanctionnent. Et de signaler qu’environ 300 plaintes relatives à la récente crise ont été enregistrées par les tribunaux, qui ont leurs méthodes avec la lenteur habituelle…
La phase de la recherche de la vérité sera complétée par les enquêtes sur les cas de violations graves des droits de l’homme avec possibilité de réparations aux cas urgents.
Il cite comme exemple de besoins urgents de réparation, la tragédie d’un chef de famille à Konna dont la concession a été touchée par les bombardements des colonnes de terroristes progressant vers le sud en janvier 2013.
Le conférencier a expliqué aussi que la mission de la CVJR comporte « des enquêtes sur les cas d’atteinte à la mémoire individuelle et/ou collective et au patrimoine culturel afin de proposer des mesures de restauration ».
Sans oublier la création « des conditions de retour et de réinsertion sociale des personnes réfugiées et déplacées ». Et d’ajouter les aspects liés à la promotion du dialogue inter et intra-communautaire, à la promotion de l’Etat de droit et de restauration du vivre-ensemble national.
La CVJR est structurée en 5 sous-commissions qui sont toutes fonctionnelles : sous-commission recherche de la vérité, sous-commission soutien aux victimes et réparation, sous-commission études, rapports et documentation, sous-commission sensibilisation et réconciliation, sous-commission genre.
La mission de la CVJR s’étend sur la période couvrant les crises que le pays a connues de l’indépendance à 2012. Soit un ensemble de quatre rébellions armées (1963, 1990, 2006, 2012) et trois coups d’Etat (1968, 1991, 2012). Un volume de travail important à faire en seulement trois ans.