A l’annonce de son adhésion au PACP, je fus au nombre des observateurs qui ont salué ce parti d’avoir fait une bonne prise en la personne de maître Amadou Tièoulé Diarra, pour le bien de l’ensemble de la classe politique. Mais ma joie n’aura duré que le temps d’une rose. Maître Diarra se retire du PACP non sans amertume. A lire attentivement les explications des circonstances qui ont conduit à sa démission, il semble que près d’un an après sa nomination au poste d’Ambassadeur en Inde, Yeah Samaké n’ait pas encore démissionné de la présidence du Parti PACP.
Pire il n’envisage même pas sérieusement la question. Non seulement ce comportement est illégal au regard de la Charte des partis politiques, de la loi électorale, il est contrairement tout simplement à la morale politique. L’article 13 de la Charte des Partis politiques dispose « … en raison de leurs fonctions particulières ou de leur statut ne peuvent être membre d’aucun parti : … les Ambassadeurs et les Consuls Généraux » à moins de démissionner pour avoir le droit d’adhérer à un parti politique.
Celui qui avait pour slogan de tourner la page de vingt années de démocratie peut-il moralement se permettre de violer de cette manière la loi ? Lui qui a toujours mis en avant sa jeunesse comme facteur et conditions de sa capacité à moderniser la vie politique au Mali peut –il se permettre d’ignorer la loi sur les partis politiques et surtout la dignité et l’impartialité nécessaire à sa fonction ?
C’est un fait que le discours jeune brandit pendant les élections présidentielles a perdu de sa vigueur. Il faut aussi reconnaitre que non seulement le pays s’est méfié de l’âge comme projet de société ou programme politique lors des élections présidentielles, mais aussi le fait est que des leaders jeunes dans les deux précédents gouvernements, ont fait piètre figure. Yeah Samaké va-t-il suivre cette cadence ?
Le régime est passé maître dans l’art de la violation de la constitution et les lois du Mali. L’article 34 de la constitution dispose que « les fonctions de Président de la République sont incompatibles avec l’exercice de toute autre fonction politique, de tout autre mandat électif … ». Malgré cet article de la Constitution, nulle personne nulle autorité n’a enregistré à ce la démission du Président de la république de son poste de président du Parti RPM ainsi que l’avait fait le Président Alpha Oumar Konaré aux premiers jours de son élection à la magistrature suprême du pays.
Le Président viole la Constitution et l’Ambassadeur la loi. Que de griffes dans l’Etat de droit. Combien d’Ambassadeurs sont-ils encore chef de parti politique ? En tout état de cause, Yeah Samaké (Ambassadeur en Inde) et Amadou Soulalé (Ambassadeur au Burkina Faso) doivent établir la preuve de leur démission de leur parti respectif, il faudrait aussi que les Ministères des Affaires Etrangères et de l’Administration Territoriale, chacun en qui le concerne prenne leurs responsabilités en la matière afin que force reste à la loi.
Souleymane Tièfolo Kone, citoyen malien