Sur l’initiative de l’opposition, la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger était le principal sujet des questions d’actualité à l’Assemblée nationale en sa séance plénière du 21 avril 2016. Une première depuis la signature de ce document entre le gouvernement et les groupes armés. Toute chose que l’opposition qualifie de mépris pour la représentation nationale.
Pour répondre aux préoccupations des élus de la nation sur ce sujet complexe et transversal, le gouvernement était représenté par quatre ministres : Hamadoun Konaté de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord; Mohamed Ag Erlaf de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat ; Zahabi Ould Sidi Mohamed de la Réconciliation nationale, et Tiéman Hubert Coulibaly de la Défense et des Anciens combattants.
Au cours des débats, l’opposition a dénoncé la dégradation de la situation sécuritaire du pays d’une manière générale et celle des régions du nord en particulier. Cela, malgré l’effort considérable de la communauté internationale à accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre dudit Accord.
Face à cette situation d’incertitude, l’opposition, dans une déclaration, pointe un doigt accusateur sur le gouvernement avec six griefs et autres interrogations relatives au ‘’flou’’ qui entoure depuis une année le processus de mise en œuvre de l’Accord. Les griefs ont pour noms : le non respect du chronogramme pour rendre effectifs le cantonnement et le processus de DDR, le refus du redéploiement de l’administration et des forces de défense et de sécurité. Ecoles fermées, services sociaux non fonctionnels, financement du forum de Kidal, l’acceptation d’un drapeau autre que celui de l’Etat malien sur les édifices publics, le refus de la tenue des élections dans une collectivité, allusion faite à l’élection législative partielle à Ansongo, la célébration, le 6 avril 2016, du 4e anniversaire de l’Azawad, la gestion chaotique du Gouvernement en matière de prise en charge des victimes civiles et militaires de la crise sont, entre autres, des faits que l’opposition juge inacceptables dans un pays souverain comme le nôtre.
Face à cette situation aggravée par le retard accusé dans la mise en œuvre de l’Accord, l’opposition dresse une série de questions sur les engagements pris par le gouvernement, relatifs à l’Accord de paix: Quel est le point de mobilisation des financements promis lors de la table ronde de Paris de 2015 ? Quel est l’état de mise en œuvre du programme de développement accéléré au nord du Mali et la mise en place d’un fonds de cohésion et de solidarité ? Où en est-on avec l’organisation de la conférence d’entente nationale ? Quel est le stade de l’élaboration d’une charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale ?
Sur la base de ces questionnements, l’opposition doute de la capacité du gouvernement à faire face à certaines difficultés. Il s’agit notamment de faire participer l’ensemble des composantes de la société civile au processus de paix au regard de la clarification exigée par les groupes armés qui considèrent qu’il n’existe que trois parties à l’Accord et qu’aucune autre considération ne peut et ne doit amener à envisager l’implication d’autres parties.
Les réponses approximatives du gouvernement
Le ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du nord, Hamadoun Konaté, était chargé d’apporter des réponses aux préoccupations des élus de la nation. S’agissant de l’état de mise en œuvre de l’Accord, le ministre Konaté estime que des progrès ont été réalisés depuis la signature du document. Il a cité, entre autres, la mise en place des dispositifs institutionnels chargés de la coordination des activités. A cela s’ajoutent la mise en place du Comité de suivi de l’Accord, l’installation des Agences de développement régionales avec dotation, la nomination des gouverneurs des régions de Ménaka, Taoudéni et Kidal et l’adoption du projet de loi sur l’installation des autorités intérimaires. Pour le ministre, ces actions seront soutenues par la mise en place prochaine du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), la relecture de la loi électorale et la révision de la Constitution.
Abordant le volet du développement économique et social, le ministre a indiqué que tous les projets ont redémarré. Aussi, le ministre a-t-il indiqué que la mise en œuvre de certains projets suppose un accord durable et une réconciliation définitive.
Sur la question cruciale de la sécurité, le ministre Konaté a parlé de l’organisation des patrouilles mixtes, l’identification des sites de cantonnement et la fin des affrontements entre la CMA et la Plateforme avec la signature de l’accord d’Anéfis.
Non satisfaite des réponses du ministre, l’opposition a interpellé le gouvernement sur l’urgente de la tenue de la conférence d’entente nationale inclusive dans le cadre d’un dialogue inter-malien autour d’un consensus partagé par tous et d’un calendrier réaliste, pour plus d’efficacité dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Nouhoum DICKO