Même si elles ne respectent pas la procédure suivie en la matière, plusieurs dizaines de plaintes ont été adressées à la Commission vérité, justice et réconciliation, alors que la machine Cvjr attend d’être véritablement activée. C’est du moins l’information qui ressort d’une conférence de presse que le président de la Commission a animée ce jeudi 21 avril.
Cette rencontre qui eut lieu à la Maison de la Presse visait, pour le président de la Cvjr, Ousmane Oumarou Sidibé, et ses collaborateurs à faire le point de ce que la Commission a pu réaliser comme activités depuis la nomination des commissaires en octobre 2015. Il ressort des explications de M. Sidibé que de cette date à nos jours, la Cvjr a rencontré ses partenaires, les organisations de victimes, la classe politique, la presse, etc. Ces différentes rencontres ont permis à la Commission de définir une stratégie d’intervention incluant une compréhension partagée de la Cvjr et l’organisation de celle-ci. Aussi, elle a rédigé son plan d’actions (2016-2018), assorti d’un programme d’activités 2016 ainsi que son règlement intérieur. Même si ses différentes sous-commission (au nombre de cinq) sont actives, la Cvjr, si l’on en croit Ousmane Oumarou Sidibé, n’est pas encore engagée dans le traitement des plaintes. Qu’à cela ne tienne, elle a à ce jour reçu différentes requêtes des victimes, lesquelles ne sont pas passées par la procédure normale de la Cvjr, a fait savoir M. Sidibé qui a par ailleurs expliqué que les plaintes doivent être reçues par des agents de déposition au niveau régional qui doivent remplir des formulaires.
Le président de la Cvjr a aussi insisté sur le fait que la Commission n’a pas vocation de juger les auteurs des violations, encore moins de réparer les préjudices. Ces missions reviennent, dit-il, à la justice. Si l’on en croit l’orateur, la Cvjr s’oriente beaucoup plus vers les victimes auprès desquelles elle mène des enquêtes et leur apporte éventuellement des soutiens moraux et/ou physiques. Mieux, elle peut faire des propositions de réparation d’ordre matériel qu’elle soumet à l’appréciation de l’Etat. Elle ne peut procéder à des réparations que dans des cas d’urgence, a toutefois précisé Ousmane Sidibé.
Ce dernier a aussi insisté sur la complémentarité entre la justice classique et la Cvjr en ce qu’elles travaillent sur les mêmes dossiers.
Autre précision que le président de la Cvjr a apportée, c’est que les membres des organisations de défense des droits de l’homme siègeront au sein de la Commission dans le cadre de son élargissement, décidé par le gouvernement en décembre dernier.
Bakary SOGODOGO