Aujourd’hui, dans beaucoup d’Etats africains, les relations, communément appelées « bras longs » sont devenues au fil du temps, plus importantes que les diplômes, même s’ils sont obtenus dans les prestigieuses universités. Vous pouvez avoir un bon diplôme et un bon CV mais, sans le fameux « bras long », vous resterez longtemps sans émerger ou faire valoir vos compétences.
« Toi aussi, tu as osé postuler pour le concours de la fonction publique des collectivités? Dis-moi, est-ce que tu as un « bras long » d’abord? Je t’informe qu’elles (les collectivités) ont besoin seulement de 5 personnes pour tout le Mali ! » Ces propos, vous les avez certainement entendus dans les causeries quelque part dans un « grin ». Oui malheureusement pour être admis à un concours, beneficier d’une promotion, d’un grade dans l’armée, avoir des marchés publics, il est indispensable d’avoir un « bras long ».
Avoir une bonne relation dans ce contexte voudrait dire, connaitre des personnes capables de prendre des décisions pouvant changer votre destinée. Des personnes au sein d’une administration pouvant peser de leur poids pour faire accéder une personne proche à une position élevée. En général, ses personnes sont, le père ou la mère, un proche parent ou un ami…Le phénomène s’est tellement développé, que les défavorisés ne se donnent plus la peine de postuler pour tel ou tel poste car, tous sont unanimes que la compétence n’est pas forcement le mode de recrutement.
Cette pratique pour ne pas dire injustice doit être bannie de nos sociétés si nous voulons réellement aller vers un Etat de droit, car le favoritisme tue le développement d’une nation. Le favoritisme est le seul système qui élève des nuls au sommet de la société provoquant ainsi en son sein des grognes car comme nous aimons le dire chez nous, tout le monde se connait ; on sait qui est qui.
Aujourd’hui, le mal de nos administrations est en partie lié à ce phénomène. La plupart des personnes recrutées ne sont pas à leur poste parce qu’elles ont la compétence pour ledit poste mais plutôt parce qu’elles ont été recommandées par un bras long. Ainsi les moins nantis passent leur temps à frapper de porte en porte, de bureau en bureau, d’administration en administration dans l’espoir de faire valoir leur connaissance mais en vain. C’est pourquoi, il est difficile pour nos pays de freiner la criminalité grandissante ou encore stopper l’immigration devenue le mal du siècle. Les jeunes ainsi mis à l’écart parce qu’ils n’ont pas des relations pouvant les aider à émerger, préfèrent opter pour d’autres perspectives comme nous venons de le dire.
Le défi de la bonne gouvernance reste de taille dans nombreux de nos Etats et le favoritisme en un élément de taille. Notre pays, le Mali n’en est pas moins concerné.
Amadingué Sagara