La réunion du Comité de suivi de l'accord pour la paix et la réconciliation s'est ouverte ce matin à Bamako. Cette réunion intervient dans un contexte tendu, marqué notamment par l'absence de la plate-forme et du gouvernement au récent Forum de Kidal, mais également des manifestations à Kidal contre les forces internationales.
A l'ouverture de cette réunion, les acteurs se sont montrés peu bavards devant les médias. Officiellement cinq points sont inscrits à l'ordre du jour des discussions : l'état d'avancement de la mise en œuvre de l'accord, les discussions sur la durée de la période intérimaire, l'opérationnalisation du Mécanisme Opérationnel de Coordination, le MOC, les patrouilles mixtes, et la loi sur les élections.
Pendant deux jours, les parties signataires devront débattre de toutes ces questions. Objectif : impulser une nouvelle dynamique dans la mise en œuvre de l'accord. Signé en mai et juin 2015, l'accord issu des discussions d'Alger peine toujours à avancer. Si les parties relativisent « le retard » de sa mise en œuvre, les observateurs sont catégoriques : le calendrier fixé pour la mise en place des autorités intérimaires, le désarmement et le cantonnement connaissent désormais « un retard crucial ».
La réunion de Bamako s'ouvre donc dans un contexte où le temps presse pour les acteurs du processus de paix. Les travaux du CSA interviennent également dans une atmosphère tendue entre certaines parties, notamment du fait des récentes manifestations à Kidal contre les forces internationales et l'absence de la plate-forme et du gouvernement au Forum de Kidal, organisé par la CMA.
Les acteurs fondent toutefois beaucoup d'espoirs sur cette réunion. Mais à ce stade aucun ne veut faire de déclaration à la presse. En attendant la rencontre de Bamako devrait harmoniser les positions sur plusieurs questions relatives au blocage du processus.
Certains observateurs se montrent sceptiques quant à l'impact réel de cette réunion du CSA sur l'accélération de la mise en œuvre de l'accord. Selon eux, les parties doivent comprendre que « le temps presse et qu'il faut aller vite au cantonnement et aux patrouilles mixtes pour plus de sécurité pour les populations ».
Dramane Diarra est juriste, président « L'Alliance des générations démocratiques ». Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
« C'est étonnant, véritablement étonnant que ce soit un an après la signature de l'accord que le Comité de suivi se penche sur ces questions là. Parce que toute l'architecture de la mise en œuvre de l'accord part de ces mécanismes de sécurité, des patrouilles mixtes qui, en fait, ne sont que les fondations de toute mesure de confiance.
Donc le fait que c'est maintenant que les patrouilles mixtes figurent à l'ordre du jour d'une réunion du comité de suivi, cela signifie que tout ce qui se disait à propos de ces patrouilles relevait du leurre. Ce n'est que maintenant qu'on commence à s'atteler véritablement à la base même de la mise en œuvre de l'accord. Il n'y pas que de la tension dans l'air, je pense que nous voguons dans l'inconnu. La mise en œuvre de l'accord se fait aujourd'hui en dehors de toute prévision. La preuve, cette loi sur les autorités intérimaires est aujourd'hui déférée devant la Cour constitutionnelle, ce qui fait que les dissensions ont pris une autre proportion. C'est vous dire tout simplement qu'à cette phase là, il y nécessité absolue de mettre tout le monde à contribution ».