C’est encore aux médias étrangers que nos gouvernants font des révélations, disons des fuites précisément sur le dossier de mise en accusation de l’ancien chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré. Alors que le président de l’Assemblée nationale s’élevait il y a un an, contre la publication du rapport de la commission parlement, Jeune Afrique a eu accès au nouveau rapport dont l’examen est attendu lors de la présente session.
En décembre 2013, lors du déclenchement de la procédure, le gouvernement avait accusé ATT d’avoir laissé les indépendantistes touaregs et les jihadistes s’installer dans le Nord et de n’avoir pas donné à son armée les moyens suffisants pour les en déloger. Mahamadou Boiré, le procureur général de la Cour suprême du Mali, avait parlé de “haute trahison”, dénonçant une “faillite du chef de l’exécutif”.
Pour lui, “l’entrée de groupes armés sur le territoire national, leur accueil et l’aide publique en argent et en subsides [qui leur avait été] accordée sur ordre de l’ancien président de la République [procédaient] d’une complaisance, d’une naïveté ou d’une négligence coupables”.
Le rapport de la commission d’enquête va-t-il aussi loin ? A première vue, non – du moins pas dans la version que Jeune Afrique a pu se procurer. Le document, qui compte moins d’une dizaine de pages, résume “les faits susceptibles d’être retenus contre l’ancien président”. D’après les témoins auditionnés par la commission (ils seraient “plus d’une dizaine”, selon Bréhima Béridogo, le rapporteur), ATT aurait contribué à la déstabilisation du pays “en n’opposant aucune résistance” à “la pénétration et à l’installation des forces étrangères”.
Il aurait “laissé entrer des centaines d’hommes armés [venus] de Libye avec armes et bagages” et fait échouer les actions de sécurisation “à cause du manque de moyens” déployés.
Plus loin, le document évoque – sans avancer de preuves – “l’infraction d’avoir détruit et détérioré volontairement l’outil de défense national” et reproche à ATT “d’avoir participé à une entreprise de démoralisation de l’armée” en procédant à des “nominations de complaisance”.
L’ancien chef de l’Etat est aussi accusé d’avoir fait appel aux services du colonel-major El Hadj Ag Gamou, qui dirigeait alors la milice Delta, plus ou moins intégrée à l’armée. Mais le rapport omet de préciser que c’est Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), l’actuel président, qui l’a élevé au grade de général en septembre 2013 et qu’il a lui aussi eu recours à sa milice, rebaptisée Gatia depuis deux ans.
Avec JA