Décidément, le virus séparatiste a la vie dure chez les Mouvements armés du Nord. Les missions en cours en Europe et le recueil de signatures, dans les localités sous leur contrôle, concourent tous à consacrer l’autonomie des régions du Nord de notre pays.
L’on apprend que depuis quelque temps des représentants des Mouvements armés parcourent des pays d’Europe. L’objectif, rapportent nos sources, est très clair : rentrer en contact avec des sociétés minières intéressées par l’exploitation des ressources minières. Aussi, précise-t-on, la mise en place prochaine des autorités intérimaires a été l’occasion inespérée pour eux de mettre en œuvre leur plan machiavélique de se mettre en posture de passer des accords avec des sociétés étrangères. L’on comprend alors aisément pourquoi, ils s’arrogent la part léonine dans ces futures instances communales, au grand dam des élus dont le mandat est tout de même arrivé à terme.
Le plan est machiavélique, parce que les autorités intérimaires ont des prérogatives clairement définies. L’exploitation unilatérale des ressources minières n’en fait pas partie. Et même dans l’Accord pour la paix et la réconciliation qu’ils ont signé, sous les feux des projecteurs du monde entier, du bout des doigts, ne le prévoit nulle part. L’article 15 stipule en effet : ‘’L’Etat rétrocède aux collectivités territoriales concernées un pourcentage des revenus issus de l’exploitation, sur leur territoire, de ressources naturelles, notamment minières, selon des critères à définir d’un commun accord’’.
Ce qui saute aux yeux, dans cette démarche scélérate, est la volonté des anciens rebelles de se substituer à l’État. Mais n’est-ce pas l’objet de toutes les agitations des Mouvements armés ? Il est donc clair que c’est l’Etat qui prend l’initiative de l’exploitation des ressources en question. Et les collectivités dont il est question, il s’agit bien de collectivités dirigées par de conseils légalement élus et non par des autorités intérimaires.
Un autre fait qui confirme le projet autonomiste des groupes armés est qu’ils seraient en train de recueillir le plus grand nombre possible de signatures. Le dessein étant de les soumettre ensuite à l’ONU qui serait alors convaincue de la légitimité de leur combat. Au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ils obtiendraient l’autonomie qui n’est que l’antichambre de l’indépendance.
Ce qui ne souffre l’ombre d’aucun doute, est qu’un machin qui s’appelle Conseil transitoire de l’État de l’Azawad est en train de mettre en place des cellules dont la mission devrait être de travailler au corps les populations d’aller dans le sens de l’autonomie, les terroriser, et au besoin, exécuter quelques-uns pour l’exemple. Ce ne serait pas une première du reste, à en croire certaines déclarations de la Plateforme au moment où elle faisait route séparée avec la CMA.
L’on ne saurait non plus passer sous silence l’incongruité qu’est la gestion collégiale de la ville de Kidal par la CMA et la Plateforme. Jusque-là aucun des deux mouvements n’a réussi à donner une explication convaincante de cette décision. Ce qui est par contre plausible est que Kidal représente un lien, une sorte de future capitale pour des boulimiques qui ne se contenteront pas de 500 millions d’un avorton de forum de Kidal. Et même pas d’une chimérique autonomie.
Pour des groupes armés, qui ont renoncé solennellement à leur projet séparatiste, qui ont reconnu dans l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger l’unité nationale, l’intégrité du territoire, la forme républicaine et laïque de l’Etat, envisager une autonomie est un coup de Jarnac. C’est aussi l’expression la plus irréfutable de leur incapacité à tenir parole, de leur imposture. Mais cela, nous le savions déjà. C’est à la communauté internationale de goûter à cet art infâme de versatilité et d’inconstance des groupes armés du Nord.
Par Bertin DAKOUO