La baisse des cours du riz, entamée avec la crise, s'est poursuivie sur toute l'année 2015, avec un plus bas proche de 360 dollars la tonne en septembre.
Au total, le prix moyen a chuté de 10 % à 11 %. Cette tendance est notamment due à des niveaux de stocks très importants qui tirent les prix à la baisse, et ce malgré une production asiatique (90 % des volumes mondiaux) qui a tendance à stagner, voire à baisser légèrement, pour des raisons climatiques. Le tournant devrait avoir lieu en 2016 : les stocks sont revenus à des niveaux normaux, et les prix moyens devraient remonter de 6 % à 7 % au cours de cette année.
La Gambie interdira l’importation de riz à partir de 2016
En Afrique de l’Ouest, la production progresse légèrement (1 % environ), grâce à l’augmentation du nombre d’hectares cultivés et à de meilleurs rendements. En revanche, le Nigeria voit sa production fléchir en raison notamment de la baisse des surfaces cultivées, passé de 2,7 millions d’hectares en 2015 à 2,4 millions en 2016. Dans le reste de la région, la situation est satisfaisante et même encourageante.
Après l’explosion des prix en 2008-2009, certains pays comme le Sénégal et le Mali ont mis en place des plans de relance de l’agriculture, qui visaient notamment le riz, pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Ces politiques commencent à porter leurs fruits. Le Mali, par exemple, s’approche de l’autosuffisance en riz avec une production locale de 2,4 millions de tonnes et n’en importe plus «que» 130 000 tonnes. Au Sénégal, les progrès sont plus lents : même si la production locale a doublé en quelques années, passant de 300 000 tonnes à 600 000 tonnes, la consommation annuelle reste élevée (environ 1,5 million de tonnes). Cet objectif a été fixé plus récemment en Côte d’Ivoire-il y a deux ou trois ans-mais sa production a elle aussi significativement augmenté, passant de 900 000 tonnes à 2 millions de tonnes.»
Patricio Mendez Del Villar
Chercheur au Cirad (Jeune Afrique)