Mon cousin a mis en effervescence émotionnelle toute la République. En dehors de lui-même, il aura eu la peur de sa vie, moi aussi. Que serais-je devenu sans mon cousin adoré, d’autant que je suis à fleur de lui, disais-je, en mon for intérieur. Ne me refais plus ça !
Revenons à ta peur bleue, cousin, tu t’avais cru six pieds sous terre ; tu avais cru en ton heure venue. Comme toi, notre foi se multiplie à l’infini, quand on entrevoit se poindre à l’horizon l’heure fatidique. Encore que ce ne soit qu’un soupçon de prémonition. Mortels, nous le sommes, mortel, tu l’es, cousin. Il ne faut point oublier cette vérité absolue de la condition humaine. On devient ainsi plus modeste et humble.
Non, cousin, je ne voudrais pas te voir, alors qu’on a encore beaucoup de choses à se dire, six pieds sous terre, mais les pieds sur terre. Si je puis dire, il y a une morale dans cette histoire, tu sembles avoir compris que nous autres hassidis ne sommes pas incapables de compassion et de solidarité. En fait foi, ton message à la nation depuis Paris. Un autre fait notoire, tu t’es d’abord adressé à ton peuple, avant d’aller pleurer la mort de soldats français aux Invalides. Même malade, il te faut aller voir ton frère Hollande.
Vois-tu, cousin, nous ne sommes pas tous des hassidis, mais on a tous souci du Mali, bien que tu te crusses seul à le faire. Toi-même, tu as cru bienséant de nous en rendre hommage, nous sommes solidaires de toi. Ceci étant, on ne te laissera nous pourrir notre destin commun. C’est tout le sens de nos divergences dans la diversité.
Après avoir eu autant chaud, cousin, j’espère que tu saurais, comme tu aimes le dire si souvent, raison garder. Alléluia, tu te souviens enfin des noms les plus exaltés d’Allah Soubhanahou Wa ta’ala ! Ya Moustapha !
Issiaka SISSOKO