La 8è session du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation a pris fin mardi au CICB. Les travaux qui se sont déroulés les 25 et 26 avril, ont situé le blocage à deux niveaux : la mise en place des autorités intérimaires et l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC).
Le gouvernement et les groupes armés n’ont pas pu trouver un point de convergence sur l’installation des autorités intérimaires. Néanmoins, les parties estiment que les débats ont été fructueux et fondent l’espoir que les divergences apparues au cours de cette session pourront être surmontées avant la prochaine réunion du CSA.
Lors de la cérémonie de clôture, on notait la présence du ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Hamadoun Konaté, du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Mahamat Saleh Annadif, du président du CSA, le diplomate algérien Ahmed Boutache, des représentants des ambassades et partenaires du processus de paix, et des groupes armés.
L’ordre du jour de cette session du CSA portait sur la présentation par le gouvernement des suites données aux recommandations formulées par les sous-comités lors de la 7è session du CSA ; la présentation et la discussion du rapport des sous-comités sur les questions politiques et institutionnelles, les questions de défense et de sécurité, le développement socio-économique et culturel, la réconciliation, la justice et les questions humanitaires et la poursuite de l’examen des questions organisationnelles en suspens en lien avec la composition du CSA.
Pour Mahamat Saleh Annadif, il y a eu « des débats assez francs, utiles même si quelques fois nous étions divergents sur un certain nombre de choses, ce qui est normal. Je crois que ça impulse une certaine dynamique. Toutes les questions ont été abordées. C’est vrai qu’elles sont difficiles. Le constat est qu’autant nous avons atteint notre vitesse de croisière, autant nous constatons que les défis demeurent nombreux, difficiles peut-être à surmonter. Mais je crois qu’avec les dispositions que nous avons prises, j’espère que la dixième session se tiendra dans une atmosphère de pleine confiance et qu’on constatera que tous les obstacles qui nous ont posé quelques problèmes, seront levés.
Particulièrement par rapport à ces questions qui reviennent à chaque fois dans nos débats, celle des autorités intérimaires, celle de l’opérationnalisation du MOC, les patrouilles mixtes, etc. ».
Les groupes armés de la Plateforme et de la CMA sont, elles, parvenues à une convergence de vue sur la question des autorités intérimaires. Selon les deux mouvements, la priorité doit être accordée à l’installation des autorités intérimaires qui pourraient faciliter la mise en œuvre des autres aspects de l’accord. Haballa Ag Hamzata, membre de la Plateforme, donne quelques détails sur les points de divergence : « C’est la question des chefferies au sein du CSA. Toute la question repose aujourd’hui sur la mise en place des autorités intérimaires.
Tout le monde attend les autorités intérimaires avec impatience. C’est avec les autorités intérimaires que nous pouvons avoir de l’espoir, c’est avec les autorités intérimaires que nous pouvons dire aussi que l’Etat existe aujourd’hui au nord. C’est pourquoi nous insistons auprès de la Communauté internationale, auprès du gouvernement pour que ces autorités soient installées dans les meilleurs délais. Une fois qu’on a mis en place les autorités intérimaires, ce sont ces autorités intérimaires qui vont contribuer à la sécurité et qui vont travailler aussi avec le MOC, qui vont travailler aussi avec les services sociaux de base, qui serviront aussi avec l’administration, les représentants de l’Etat dans les collectivités. Donc en quelque sorte, pour nous, c’est vraiment l’installation de l’État au nord du Mali et c’est avec l’État que les populations peuvent avoir les dividendes de l’accord. S’il n’y a pas une administration comment est-ce que nous allons appliquer l’accord. C’est impossible ».
Le gouvernement, lui, dément tout refus ou mauvaise volonté. La question des autorités intérimaires sera discutée au niveau de la Cour constitutionnelle, a annoncé le ministre Konaté.
Le président du CSA a, lui aussi, globalement constaté que deux questions continuent en quelque sorte d’empêcher tout progrès substantiel dans le processus de mise en œuvre de l’accord. Il s’agit d’une part de la question de l’administration intérimaire, et d’autre part des mécanismes sécuritaires.
« A ce sujet, note-t-il, il convient de préciser que les représentants des mouvements exigent au préalable des progrès au sujet de l’administration intérimaire avant d’aborder les mécanismes sécuritaires et nous croyons comprendre que du côté du gouvernement, c’est la position inverse qui prévaut ».
Ahmed Boutache regrette que cette question ait conduit quasiment à une impasse dans la mise en œuvre du processus de paix. Il a donc interpellé les différentes parties à assumer leurs responsabilités afin que cette situation soit débloquée sans plus tarder. « Je voudrais rappeler que dès le début, dès le lancement des travaux du CSA, les parties maliennes s’étaient déclarées en mesure de travailler ensemble et de coopérer de façon à donner toute la priorité à la pleine réalisation des objectifs fondamentaux inscrits dans l’accord de paix auquel elles ont volontairement et totalement adhéré », a-t-il rappelé.
Le président du CSA a indiqué que tout le monde a béni des initiatives comme les rencontres de Gao, d’Anefis et de Kidal qui devaient être couronnées par le forum de Kidal. Cette dernière rencontre « n’a finalement, hélas, pas tenu toutes ses promesses », a-t-il déploré, ajoutant qu’aujourd’hui, force est de constater que la réalité est tout autre que celle qui était attendue. « Nous sommes dans une situation aujourd’hui dans laquelle des questions très simples, telles que le plan humanitaire d’urgence, n’ont pas encore pu être prises en charge. Ceci nous interpelle davantage sur l’urgence qu’il y a à agir avec beaucoup de bonne volonté, avec la plus grande des sincérités et avec le plus grand des engagements », a exhorté Ahmed Boutache pour qui « la situation n’a que trop duré ». « Je pense que tout le monde sera d’accord là-dessus qu’une solution urgente est nécessaire pour sortir de cette impasse », a-t-il souligné.
A. DIARRA