Annoncée pour relancer le transport ferroviaire et redonner de l’espoir aux cheminots maliens et sénégalais, la cession du chemin de fer Dakar – Bamako a finalement viré à la déception pour les nombreux travailleurs et voyageurs.
Et pour cause: de 22 machines au moment de la concession, le chemin de fer Dakar – Bamako n’en compte plus que deux. Ce qui fonde les deux syndicats à croire que la société concessionnaire, le groupe ADVENS, et son partenaire CONVECTOR ont pillé et bradé le patrimoine de la société avant de se retirer.
C’est pourquoi les Syndicat des travailleurs du rail (SYTRAIL) et le Syndicat libre des travailleurs du rail (SYLTRAIL) ont demandé aux Etats maliens et sénégalais d’attaquer la société concessionnaire en justice.
Au cours d’une rencontre avec les journalistes, Mahamane Tienta, Secrétaire général du SYTRAIL, et Moussa Keita, Secrétaire général du SYLTRAIL, ont accusé le Groupe ADVENS et son partenaire CONVECTOR «d’abus de bien sociaux, de faux en écriture et de mauvaise manière de servir». Ils l’ont fait savoir à la Bourse du Travail, le mardi 26 Avril dernier.
Outre les deux conférenciers, plusieurs autres responsables, cadres et travailleurs de Dakar Bamako Ferroviaire (DBF) étaient présents à la rencontre. Il s’agit notamment du chef conducteur Bolidiandian Keita, du chef sécurité Mohamed Sangho et de l’ancien Secrétaire général, Namory Camara.
Après l’observation d’une minute de silence en mémoire des cheminots décédés, le Secrétaire Général de SYLTRAIL, Moussa Keita dit Yao, a présenté l’ordre du jour, avant de permettre à son homologue de l’UNTM, Mahamane Thienta, de partager le contenu du communiqué conjoint.
Pour Moussa Keita, cette rencontre est une occasion idéal pour les cheminots de s’auto évaluer, une occasion de se remettre en cause par rapport à leur parcours, de 2003 à aujourd’hui, (le temps de la concession avec le Groupe ADVENS et son Operateur COVENCTOR), à l’évolution de l’entreprise et par rapport au devenir qui pointe à l’horizon pour le Dakar Bamako Ferroviaire (DBF).
Dans leur communiqué conjoint, SYTRAIL et SYLTRAIL déclarent que l’existence du chemin de fer Dakar – Bamako est confrontée à de sérieux problèmes, qui menacent même son existence, du fait que la nouvelle Direction a hérité d’une entreprise très malade.
Ils l’affirment «de 22 machines de ligne au moment de la concession, en 2003, il n’en reste que 2, très malades ». Par ailleurs, les deux syndicats apportent leur soutien et leur accompagnement à la nouvelle équipe, dirigée par Joseph Gabriel Sambou. Parlant du schéma institutionnel proposé par les Etats, les syndicalistes le soutiennent et y adhérent.
Par contre, ils se déclarent contre une quelconque indemnisation de la multinationale Groupe ADVENS, qu’ils accusent d’avoir mis à genoux le chemin de fer. C’est pourquoi, d’ailleurs, ils recommandent que l’argent prévu à cet effet soit investi dans le rail. Se proclamant gendarmes des deux Etats, ils se disent prêts à faire barrage à «tous les prédateurs qui veulent piller l’argent des contribuables sénégalais et maliens».
Enfin, les syndicalistes demandent aux Etats de traduire le Groupe ADVENS et CONVECTOR devant les tribunaux pour «abus de bien sociaux, faux en écriture et mauvaise manière de servir».
Il faut signaler que les conférenciers ont fait savoir à l’assistance que leurs homologues sénégalais avaient décidé d’entreprendre les mêmes initiatives, pour amener les deux Etats à porter plainte contre la société concessionnaire et son partenaire.
Mohamed Naman Keita