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Mali : les rebelles du nord minés par leurs divisions
Publié le dimanche 1 mai 2016  |  Mondafrique.com
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.




De plus en plus atomisées, les revendications territoriales au nord Mali freinent la mise en oeuvre des accords de paix.

« A l’issue des travaux du 3ème congrès qui s’est tenu à Kidal du 7 au 11 avril 2016, il m’est clairement apparu ainsi qu’à la grande majorité des militants que les idéaux du MNLA sont abandonnés et réduits à l’accord d’Alger-Bamako. »

C’est en ces termes que Moussa Ag Assarid, représentant en Europe du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), l’un des principaux groupes rebelles touaregs du nord Mali, a annoncé qu’il démissionnait de ce poste qu’il occupait depuis 2012. Interrogé par Mondafrique à son retour de Kidal où il dit avoir séjourné plusieurs semaines, ce militant qui s’est employé depuis plusieurs années a tisser des liens avec les indépendantistes catalans, écossais ou kurdes invoque deux motifs principaux : « premièrement, la direction du MNLA a abandonné ses revendications d’indépendance de l’Azawad pour se consacrer à l’application de l’accord d’Alger qui ne prévoit qu’une simple décentralisation. Deuxièmement, les responsables du MNLA qui rencontrent régulièrement les autorités maliennes ne font pas de comptes rendus de ces réunions. Je ne peux être en accord avec une direction qui, en réalité, joue le jeu de Bamako. Je reste cependant un militant du MNLA. »

Emiettement

Isolé par les cadres du mouvement dont certains lui reprochent de « donner des leçons de radicalité » depuis la lointaine France où il réside, Moussa Ag Assarid a donc rendu son tablier. Symbolique, son départ éclaire l’existence d’un malaise profond dans les rangs du MNLA et des ex rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) de plus en plus dispersés.

Mi avril, plusieurs hommes armés de la tribu doussahak installée à Ménaka dans la région de Gao ont annoncé la création d’un nouveau mouvement sous le leadership de Moussa Ag Acharatoumane. Chef de tribu, ce jeune combattant touareg, membre fondateur du MNLA et bras droit de son secrétaire général Bilal Ag Acherif convoiterait désormais la vice-présidence du mouvement. « Il semble vouloir jouer sa propre carte au sein du groupe » relève un analyste, fin connaisseur du Mali. Pour justifier cette nouvelle scission, Moussa Ag Acharatoumane avait notamment dénoncé sur sa page Facebook, il y a près de deux semaines, le manque de soutien des communautés hégémoniques au sein de la CMA à sa tribu lors de combats menés contre le Gatia, une milice pro Bamako.

Autre signe de fragmentation, les membres des tribus arabes bérabiches et touaregs de Tilemsi dans la région de Gao ont demandé, fin mars, la création de leur propre région. « Une atomisation des revendications territoriales liée à la préservation des intérêts territoriaux des tribus locales et au contrôle des trafics, notamment de stupéfiants, au nord Mali » relève le même analyste.

Autant d’obstacles qui mettent à mal la crédibilité du mouvement qualifié à l’origine par les rebelles de « révolutionnaire » et qui nuisent à la mise en application de l’accord d’Alger, principal feuille de route devant conduire à la stabilisation du pays, signée en juin 2015. Lors de l’ouverture de la huitième session ordinaire du Comité de Suivi de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale au Mali (CSA) qui s’est tenu à Bamako les 25 et 26 avril, l’ambassadeur américain au Mali, Paul Folmsbee, n’a pas mâché ses mots. « On est déjà 10 mois après la signature de l’accord et pendant ces dix mois rien n’a été fait. Il faut que cette situation change ! » a-t-i déclaré lors de son intervention.

Les forces internationales dans l’impasse

L’instabilité qui règne à Kidal, fief des rebelles touaregs au nord du Mali, illustre les difficultés considérables à trouver une issue au problème du nord et révèle le malaise profond dans lequel se trouvent plongées les forces internationales. Des manifestations qui ont éclaté dans la ville le 18 avril contre la force française anti terroriste Barkhane accusée d’avoir procédé à des arrestations arbitraires de civils et de membres du MNLA ont ainsi dégénéré. Deux personnes sont mortes au cours d’affrontements avec les casques bleus de la mission des nations unies au Mali (Minusma) accusés par les familles des victimes d’être responsables.

Difficile de démêler le vrai du faux dans cette zone où les alliances évoluent de jour en jour et où les groupes terroristes ont tout intérêt à alimenter la colère de populations contre Barkhane. Selon une source sécuritaire, parmi les personnes arrêtées puis relâchés par les soldats français avant les manifestations, plusieurs sont soupçonnées d’être proches du chef d’Ansar Eddine Iyad Ag Ghali, toujours très influent dans la région. « Celui-ci s’est-il servi de ces arrestations comme d’une opportunité pour monter l’opinion contre Barkhane ? » s’interroge la même source.

Reste que face à des attaques terroristes récurrentes, dont la dernière a provoqué la mort de trois soldats le 12 avril, l’armée française sort de ses prérogatives habituelles pour endosser un rôle de policier qui passe mal aux yeux des populations locales. « Les soldats rentrent dans les maisons sans prévenir. Ils vont dans les chambres avec tout leur attirail et fouillent. Ce ne sont pas des manières de faire » s’insurge une source à Kidal.
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