Dans les stupéfiantes métamorphoses des leaders politiques, Choguel Kokalla Maïga, ministre de l’économie numérique, de l’information et de la communication, président du MPR ou le parti du tigre, a subi la plus radicale. Dans les allées du pouvoir, humant fort ses parfums et se délectant de ses délices, le révolutionnaire repenti a trahi la cause de l’opposition en pactisant avec le Diable, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui fut en tant que Premier ministre d’Alpha, l’un des plus grands tortionnaires de la coalition des adversaires du régime, dont une cohorte d’anciens compagnons révoltés pour cause de la révolution démocratique du peuple confisquée après la Transition par le président élu Alpha Oumar Konaré et consorts. Le tigre ayant perdu sa tigritude est toujours avide de sang, de gains et de renommée, si possible au détriment de ses anciens amis devenus ses ennemis mortels, sur le chemin de son ascension qu’il croit irrésistible.
Choguel est un cas, c’est peu que de le dire, avec son parfait profil de cadre de l’ancien parti unique du régime du dictateur Moussa Traoré, l’Union Démocratique du Peuple Malien, ayant régné sans partage pendant 23 ans sur le peuple malien. Après la révolution du 26 mars 1991 et au cours de la troisième république qu’elle a enfantée, il a eu le courage de se réclamer de l’héritage du « Père » en créant le MPR, comme d’ailleurs l’UDD de Moussa Balla Coulibaly du Patronat. Pendant plus de 25 ans, il aura collaboré avec divers régimes successifs, du général Moussa Traoré à Ibrahim Boubacar Kéïta , en passant par Amadou Toumani Touré, avec une égale aisance, en occupant différents ministères ou à défaut des postes grassement payés aux avantages certains en termes d’influence.
Les affaires Orange, de la HAC qualifiée de serpent de mer pour les illégaux, de la consultation à coût de millions de l’AMRTP, une structure qu’il a dirigée et qui est sous la coupe de son ministère actuellement, le parfait délit d’initié. Ses ingérences et sa boulimie à L’ORTM qui connait sa deuxième grève sous son magistère, démontrent clairement les facettes clair-obscur, parfois sulfureuses du personnage, jamais à court d’idées pour en imposer aux autres ou se faire du blé.
Le projet de règlementation du secteur de la télévision privée au Mali est fait pour le mettre en valeur. Il vient en Don Quichotte avec la prétention de mettre définitivement de l’ordre dans ce monde des radios et télés privées, une véritable fourmilière, avec la loi de son côté.
Choguel, avec cette tendance de sauveur ou d’opportuniste au sein du gouvernement, s’érige en Premier ministre bis. Il soumet à la censure ses pairs, fait preuve à tous les coups de zèle en donnant le mot d’ordre à l’ORTM de censurer certains communiqués émanant de collègues dont il jalouse l’aura dans l’opinion au prétexte d’éviter des problèmes. Celui qui veut donner la leçon se sent-il réellement plus capable que ses collègues qu’il veut dominer ?
Pour « la passion du service public », il est devenu une plaie, parce qu’il n’est pas rare qu’il intervienne pour contrôler et chambouler le journal télévisé. Pourtant, lui-même est atteint de délire verbal sur les écrans, avec sa faconde de porte-parole du gouvernement. Qui veut intervenir à tout propos, en oubliant l’essentiel de la communication et cette vérité que tr op de communication tue la communication.
La dernière affaire qui grossit encore plus les traits de Choguel Kokalla Maïga, c’est celle de l’altercation entre le président de la république de retour de sa visite d’Etat à Paris et Tiébilé Dramé, président du Parena par presse interposée. Choguel comme Lucky Luke, plus rapide que son ombre, a fait une sortie fracassante à la télé à une heure de grande écoute, pour donner encore une fois de plus la leçon à Tiébilé, croyant le couvrir de ridicule par ses propos mal placés et à toute l’opposition par la même occasion. Mal lui en a pris, car il n’a réussi qu’à jeter de l’huile sur le feu, entre IBK et les leaders de l’opposition. Alors que des propos apaisants auraient été bien accueillis par cette opposition responsable, quoi qu’on dise.
Dans cette crise, Choguel lui a donné, l’on dirait sciemment, le beau rôle. En réaction, lors de la conférence de presse que l’opposition a organisée toute affaire cessante, Soumaïla Cissé de l’URD, son chef de file, a relancé impitoyablement la balle dans le camp de Choguel, d’IBK et de sa majorité. Il a déclaré : « Nous avons souhaité une opposition civilisée, on nous le reproche d’ailleurs quelque part. Nous avons souhaité le dialogue, que le dialogue soit au cœur de nos échanges avec la majorité. Mais nous avons droit aux insultes, aux intimidations et autres invectives. Je voudrais rappeler seulement aux journalistes maliens que nous avons connu la période du Coppo et que le plus grand animateur du Coppo, c’est celui-là même que veut aujourd’hui nous donner des leçons de démocratie. Au Coppo, ils se sont retrouvés en prison. Et qui était le Premier ministre de l’époque ? C’est le président IBK. Il y a eu mort d’hommes, il ya eu violence dans ce pays-là. Est6ce que cela est souhaitable encore ? Non ! Nous essayons de nous débattre avec des arguments, avec des idées ».
Le docteur Choguel est apparemment un homme intelligent, mais il est obnubilé par le pouvoir, ses ors et apparats. C’est un ambitieux, un dangereux prédateur, prêt à marcher sur des cadavres pour parvenir à ses fins. Malheureusement pour lui, des hommes comme Tiébilé, PPR et d’autres leaders avec lesquels il a frayé savent justement qu’il garde des cadavres dans son placard. Et que plus que l’absolution, il mérite le bûcher de la punition pour l’ensemble de ses œuvres qui ne supportent pas la question.
BK