La radio Nièta vient d’être assignée en justice par Bazoumana Fofana, gestionnaire de la grande mosquée de Bamako. Le seul tort de cette radio est d’avoir diffusé, sur ses antennes, les témoignages des membres du comité de gestion de cette mosquée, qui, à travers une conférence de presse, ont dénoncé la mauvaise gestion de Bazoumana Fofana, qu’ils ont accusé aussi de détournement de fonds.
Quelle mouche a donc piqué Bazoumana Fofana, gestionnaire de la grande mosquée de Bamako pour qu’il agisse de la sorte ? Au lieu d’aller porter plainte contre les membres du comité de gestion de cette mosquée qui l’accusent de mauvaise gestion et de détournement de fonds, il a préféré s’en prendre à la radio Nièta dont le tort tors est d’avoir envoyé un reporter couvrir la conférence de presse tenue par ce comité, avant de diffuser les témoignages des uns et des autres sur ses antennes.
Ainsi, au lieu de s’attaquer à ceux qui l’accusent de mauvaise gestion et de détournement de fonds, il a préféré s’attaquer à la radio Nièta qui a diffusé les témoignages des uns et des autres sur sa gestion.
C’est ainsi qu’il a porté l’affaire devant le tribunal de la commune V.
C’est hier jeudi 28 avril 2016 que le tribunal devrait statuer sur cette affaire. Mais, au lieu de cela, ce sont les frais d’assignation qui étaient à l’ordre du jour. L’avocat du plaignant (Bazoumana Fofona) plaidait pour 10 000 FCFA comme frais d’assignation à la charge de son client compte tenu de sa situation de retraité, âgé, selon lui, de plus de 80 ans. Cet avis n’était pas partagé par l’avocat de la radio Nièta, Me Bakary Dembélé ni par le Procureur, qui ont tous deux estimé que cette somme n’est pas suffisante comme frais d’assignation. Selon eux, le plaignant, Bazoumana Fofana n’est pas un indigent pour ne payer que 10 000 FCFA comme frais d’assignation. C’est ainsi que le Procureur a suggéré 1000 000 FCFA comme frais d’assignation. Comme c’est le président du tribunal qui a le dernier mot, la délibération sur ces frais est prévu pour le 5 mai prochain. Ensuite suivront les discussions de fond sur l’affaire.
Ils étaient très nombreux, auditeurs, auditrices et sympathisants de la radio Nièta à manifester leur solidarité à l’endroit de cette radio à travers leur présence sur les lieux. C’est le cas du président du club des amis de la radio Nièta, Fodé Tounkara qui dira que leur présence est un signe de soutien à la presse en général et à la radio Nèta en particulier dans le cadre de cette affaire opposant leur radio à Bazoumana Fofana.
On notait également la présence de l’administrateur de la radio Djèkafo, Dieudonné Dakouo, représentant le bureau de l’Union des Radios et Télévisions Libres (URTEL). Selon lui, cette assignation de la radio Nièta est due à la mauvaise compréhension du rôle des médias dans la diffusion de l’information par le plaignant. Toute chose que beaucoup ne comprennent pas d’ailleurs.
Pour lui, la radio est dans son plein droit d’information de la population, sans quoi, elle n’existerait pas. Un rôle qui, selon lui, est différent de la diffamation.
Selon l’avocat de la radio Nièta, Me Bakary M. Dembélé, cette affaire qui concerne certains travailleurs de la radio Nièta dont Ibrahim Traoré dit Tiou est d’abord une audience d’assignation. C’est-à-dire, explique-t-il, le tribunal va fixer le montant de l’assignation qui doit être payé par la partie plaignante, en l’occurrence Bazoumana Fofana. Cela va se passer, selon lui, le 5 mai prochain. C’est à partir de cet instant, dit-il, que le tribunal sera valablement saisi pour déclencher la procédure d’accusation contre son client.
Concernant la nature de l’accusation, c’est-à-dire la diffamation, il dira que c’est lorsqu’une personne porte atteinte à l’honneur de quelqu’un que ce dernier peut venir se plaindre au niveau du tribunal. Pour lui, cette accusation n’est pas fondée dans le cas de son client.
Les responsables de la radio diront qu’ils ont ouvert toutes les voies du dialogue pour que l’affaire n’aille pas jusqu’au niveau du tribunal. Mieux, ils ont donné la possibilité à Bazoumana Fofana de donner sa version des faits à travers un droit de réponse et d’autres voies et moyens, mais sans succès.
En effet, tout est parti d’un reportage effectué par Ibrahim Traoré dit Tiou et diffusé sur les antennes de la radio Nièta concernant la gestion des immeubles de la grande mosquée de Bamako. Lors de la conférence de presse que les membres du comité de gestion ont animée, ils ont accusé Bazoumana Fofana d’avoir détourné de l’argent en tant que gérant de cette mosquée. Mieux, le comité de gestion l’accuse de ne verser que 150 000 FCFA dans la caisse de la mosquée sur les 7000 000 FCFA de recettes générées par cette gestion. Et c’est cette information traitée et diffusée par la Radio Nèta qui a suscité l’ire de Bazoumana Fofona qui a décidé d’assigner la radio en justice.
A suivre !
Modibo Dolo