Quand les intérêts personnels prennent le dessus dans le travail gouvernemental, c’est la solidarité qui fout le camp. Et adieu à la discrétion et la gestion concertée de l’action gouvernementale. La notion d’intérêt général devient une question de façade, évoquée seulement pour jeter la poudre aux yeux des administrés, les couches populaires. Ainsi la gestion de la République devient progressivement une foire aux brigands. On ne serait pas loin du cas de figure chez nous, où les conseils de ministres du gouvernement d’IBK sont de plus en plus mouvementés, passant souvent à côté des démissions de certains ministres.
Si on se réfère au journal Le Sphinx du 22 avril 2016, « en conseil des ministres, un ministre affirme que 4 milliards de francs Cfa prétendument injectés au nord du Mali n’ont jamais quitté Bamako », attaquant ainsi un autre ministre certainement en charge de ces fonds. Notre confrère a rappelé la polémique qui a enflé lorsque « les chefs de groupes armés habillés de manteaux, et ceux de la Plateforme, avaient fini de se partager au Grand hôtel et en pleine journée, 400 millions de francs Cfa remis par l’Etat sous le prétexte de financer le forum de Kidal ».
Le Sphinx a rappelé également « les 186 millions Fcfa remis encore par l’Etat à la Cma, pour, dit-on, rembourser les frais d’organisation d’un autre forum, celui d’Anéfis ». Ainsi, lors d’une séance récente du Conseil des ministres, « un ministre a osé prendre le contrepied de son collègue, lui rabattant le caquet au sujet d’une prétendue somme de 4 milliards Fcfa injectée par l’Etat au nord du Mali. Et bien, aucun franc de ces quatre milliards n’aurait quitté Bamako. C’est dire que la réconciliation constitue un véritable fonds de commerce au détriment de l’Etat malien toujours arnaqué », commente notre confrère.
En outre, selon le quotidien L’Indépendant du 29 avril 2016, « La cohésion gouvernementale vole en éclats/ Les ministres s’entredéchirent par divergence d’intérêts ». Selon le confrère, qui se réfère à des sources bien informées le ministre Seydina Hamadi Diawara, a récemment et publiquement, traité son collègue, auquel il a succédé aux mines, actuellement ministre de l’économie et des finances de « mal élevé », à la suite d’échanges assez houleux sur certaines préoccupations de l’heure.
Pendant ce temps, le ministre Abdoulaye Idrissa Maiga et Mohamed Aly Bathily ont eu de « chaudes discussions » autour de la question de la suspension de la délivrance des titres fonciers. Même climat de tension entre le ministre Bathily et son homologue Dramane Dembélé…
Selon L’Indépendant, il s’ensuit qu’on a des chefs de département régulièrement dénonciateurs de tares dans d’autres ministères. « C’est ainsi que deux ministres de l’actuelle équipe gouvernementale ont failli en venir aux mains récemment pour des accusations de mauvaise gestion, comme pour discrédité l’autre », a écrit l’indépendant. Ainsi, on note le climat délétère entre des ministres dont certains lorgnent la primature et voient en leur collègue de potentiel concurrent dans cette convoitise. À titre d’exemple l’atmosphère ne serait pas sereine entre Mohamed Ag Erlaf… et son collègue Mohamed Sidi Ould Zahabi. Entre celui-ci et Hamadoun Konaté, il y aurait des relations froides ces derniers mois, tant les deux hommes se marchent sur les pieds dans l’application de l’accord. Le ministre Abdoulaye Idrissa Maiga n’apprécie pas la suspension de la délivrance des titres fonciers sur décision de son collègue des domaines alors que celui-ci continue d’accorder des dérogations à ces suspensions, les deux hommes se sont boudés un moment en conseil des ministres. Le climat serait également froid entre les ministres Abdoulaye Idrissa Maiga et Zahabi, énumère L’Indépendant. Comme pour dire en définitive que l’action gouvernementale au lieu d’être une gestion collective et solidaire avec des responsabilités partagées, tend à se situer aux antipodes de l’intérêt général et le gouvernement à devenir un vrai Far West, où chacun se tire la couverture pour mieux profiter de la situation.
B. Daou