Considéré comme l’une des grandes manifestions culturelles au Mali, les organisateurs du festival de Sélingué continuent à briller par leur improvisation et négligence. Et cela, après 5 ans d’expériences acquises dans l’organisation d’activités culturelles. C’est le triste constat fait par les journalistes et les artistes venus pour le festival. Le ton de cette improvisation des organisateurs a été donné depuis le palais de la culture de Bamako qui a servi de point de rassemblement et point de départ à Sélingué le jeudi 28 avril 2016. Appelés à se présenter au palais de la culture avant 8 heures pour un départ annoncé à 8 h 00, les festivaliers ont attendu jusqu’à midi moins par faute de véhicules de transport. Toute chose qui a entraîné souvent de violentes engueulades entre les festivaliers sous l’emprise de crises de nerfs due à une attente prolongée. Mais, ce n’était que le début d’une longue journée de galère. Car après, une heure de route infernale pour les festivaliers entassés dans un mi-bus emprunté du parc auto du palais de la culture, nous arrivâmes sous un soleil bouillant sur le site A du festival situé sur les berges du barrage de Sélingué. Et cela après un contrôle sanitaire de dépistage d’Ebola à l’entrée de la ville. Le malheur ne faisait que commencer. Car sur le site du festival, la surprise des journalistes n’avait rien de comparable à celle vécue à Bamako. Là-bas aussi, l’improvisation avait rue sur pignon. Aucune disposition n’avait été prise pour l’accueil et l’hébergement des festivaliers. Pareille pour leur restauration. Pendant plus de 4 tours d’horloge les festivaliers, les bagages à la main, ont erré dans le site sans aucune idée des surprises à venir. Le soulagement et le sourire ne sont revenus sur les visages crispés et lassés des festivaliers qu’aux environs de 18 heures lorsque les organisateurs, sous des tonnes de pressions, décidèrent enfin de nous trouver un abri de retraite après une journée remplie de dures épreuves. C’est sur cette note amère que les festivaliers ont entamé, le jeudi 28 avril 2016, les activités du festival international dé Sélingué qui continue encore à compétir dans la cour des petits au moment où il est attendu dans celle des grands.
Youssouf Z.
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Festival International de Sélingué : Un espace de promotion des artistes locaux
C’est dans la nuit du jeudi 28 avril 2016 que les choses sérieuses du festival ont commencé sur le site B du festival avec l’inauguration du Village artisanal et agricole et l’ouverture de la Plage dans la matinée. Pour tout dire, le concert inaugural dédié aux artistes locaux est venu compenser les frustrations de la journée des festivaliers par de livraison des prestations de très grand niveau devant un public émerveillé de Séligué venu très nombreux. Il s’agit entre autres du club Slam Agoratoire, du Groupe Antara, de Batoma Kouyaté et de plusieurs autres rappeurs de la ville. La fête a continué jusqu’au petit matin sur le site A dans la boite à ciel ouvert érigée sur les berges du fleuve pour le confort des festivaliers.
Selon l’administrateur général du festival, Ibrahim Coulibaly dit IC, l’un des objectif du festival est de permettre aux artistes en herbe de Sélingué de montrer leur savoir faire en vue de mieux les connaître.
La journée du vendredi 29 avril 2016 a commencé par une conférence débat sur la sécurité routière à l’intention des étudiants des établissements universitaires publics et privés venus massivement de Bamako pour la circonstance. L’occasion a été saisie par les festivaliers de s’imprégner des règles de la circulation routière.
Au-delà des activités culturelles et des conférences de débats qui se sont enchainées tout au long du festival à travers des défilés de modes et de prestations d’artistes maliens étrangers tels que : Nampé Sadio, Safi Diabaté, Toumani Diabaté, Tal B, Sidiki Diabaté, Milmo et M’Baye Deiye Faye du Sénégal, le festival a drainé aussi un grand nombre de promoteurs d’œuvres artistiques qui ont maintenu les stands animés durant les trois jours du festival.
Selon le maire de Sélingué, Magatte N’Diaye, le festival international de Sélingué est profitable à plus d’un titre au développement de la ville. A l’en croire, l’évènement profite à toute la population de Sélingué notamment aux commerçants qui voient leur chiffre d’affaires grimpée pendant les trois jours du festival.
Une mobilisation en decrescendo
Contrairement aux éditions précédentes qui ont mobilisé des milliers de festivaliers venus à travers tout le pays et à l’étranger, le festival international de Sélingué, à en croire aux témoignages des habitués, n’a pas mobilisé grande foule cette année. Selon Moussa Traoré, un fidèle inconditionnel du festival qui vient depuis 4 ans avec ses amis de Bamako célébrer le festival, les organisateurs doivent revoir leur copie en termes d’organisation et en termes d’artistes invités. « Ce qu’il faut pour un festival, c’est des artistes animateurs et de scènes capables d’émerveiller le public et de la faire danser. Il y en a eu moins cette année. Comme il y en a eu moins l’année dernière par rapport à la troisième édition. On sent un certain relâchement dans les efforts », a déploré le festivalier. Cette affluence en baisse des festivaliers n’a pas été sans conséquences sur le business des exposants d’articles dans les stands qui n’ont pas marchandé assez pendant le festival. En témoigne Boubacar Dicko, vendeur de chaussures artisanales qui dit n’avoir pas du tout vendu. La raison, explique-t-il, les concerts et les stands se tiennent dans des endroits différents. « Le problème persiste malgré nos plaintes auprès des organisateurs », a regretté le commerçant.
C’est le même constat relevé par Mme Doumbia Aoua Bagayoko, vendeuse d’habit artisanal qui déplore aussi beaucoup d’erreurs. Elle est à sa première fois au festival international de Sélingué mais ne pense pas y revenir encore. En plus de regretter le fait que les marchés sont éloignés du lieu du concert, elle trouve que le temps du festival est court. « J’ai participé aujourd’hui à tous les festivals au Mali. Mais à Sélingué, on sent le manque de sérieux chez les organisateurs. Les vendeurs et autres commerçants n’ont même pas accès aux toilettes. On a évoqué le problème aux organisateurs qui nous ont dit d’aller nous soulager dans les herbes. Ensuite, en plus de payer les stands à 60 000 F CFA, ils nous ont obligé à prendre des billets en nous empêchant l’accès au fleuve pour nous laver.
Au cours de cette 5ème édition, les organisateurs ont profité aussi pour rendre hommage à certains artistes décédés. Il s’agit entre autres de : Doudou N’Diaye Rose, du vieux Sing Faye et Ali Farka Touré.
Youssouf Z.