L’actuel PM Modibo Kéïta redeviendra Haut Représentant du chef de l’Etat
Jusque-là inconnu du grand public même s’il a eu à occuper, dans un passé plus ou moins récent, diverses responsabilités dans la haute administration malienne, le ministre de la Solidarité, de l’Action Humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamadou Konaté, non moins beau-frère du chef de l’Etat, a eu une ascension fulgurante passant de la 15ème place dans le gouvernement Oumar Tatam Ly au rang de n°2 dans l’équipe actuelle de Modibo Kéïta III. Ce grand commis de l’Etat, à la démarche mesurée et à l’esprit vif et alerte, est pressenti pour accéder à la tête du gouvernement à l’issue du prochain remaniement ministériel initialement prévu en juin prochain avant d’être ramené à ce mois de mai, selon des sources concordantes. Quant au Premier ministre Modibo Kéïta, il continuera, selon les mêmes sources, à servir en qualité de Haut Représentant du chef de l’Etat.
Avant même que le chef de l’Etat ne prenne l’avion pour la capitale française pour des soins médicaux, les rumeurs d’un éventuel remaniement ministériel battait son plein dans les salons huppés et dans les grins les plus branchés. En effet, à cause de la situation financière préoccupante dans laquelle se débattent les chefs de famille, l’opinion était arrivée à l’idée que le président de la République allait procéder à un changement de l’équipe gouvernementale. Afin de redonner espoir à ces millions de chefs de famille qui tirent depuis un certain temps le diable par la queue. Ne sachant désormais à quel saint se vouer, la plupart des personnes qui vivent cette situation espéraient, en effet, sur un éventuel remaniement de l’équipe que conduit Modibo Kéïta depuis 8 janvier dernier. Le Premier ministre étant lui-même en poste depuis le 8 janvier 2015. La question maintenant est de savoir si un simple remaniement ministériel pourrait régler nos problèmes.
Avec l’opération réussie d’IBK, les Maliens attendent maintenant de voir un changement dans la gouvernance
Après l’opération de l’adénome de la parathyroïde que le chef de l’Etat a subie avec succès en France et suite à la compassion des différentes composantes de la société à l’issue de cette épreuve, l’opinion nationale se croyait naturellement en droit d’attendre qu’IBK change de fusil d’épaule. Sa gouvernance s’étant jusque-là caractérisée par des demi-mesures voire par l’inaction dans la prise de décisions dans des domaines tels que la lutte contre la corruption, le détournement, la mauvaise utilisation des fonds publics et le gaspillage dans l’administration. La liste n’est pas exhaustive. Une situation et une attitude qui font l’objet de fortes critiques de la part d’une opinion lassée d’avoir trop attendue des réformes qui ne viennent pas. Cela malgré moult professions de foi distillées par-ci par-là à travers les médias publics depuis l’arrivée d’IBK aux affaires.
Peut-être un PM qui va sévir contre l’impunité et la corruption
Sa présence quasi permanente aux côtés du chef du Gouvernement Modibo Kéïta, lors des cérémonies atteste du fait que quelque chose se prépare – depuis longtemps- en ce qui concerne le taciturne mais très efficace Hamadou Konaté. Bénéficiant de la totale confiance du président IBK, cette personnalité de l’ombre serait, selon de nombreux observateurs, d’une intégrité et d’une rigueur qui suscitent respect et estime. L’on se rappelle qu’il avait eu à congédier son directeur des finances et du matériel (pour ne pas citer le DFM en question) de l’époque qui avait eu l’imprudence et l’outrecuidance de lui apporter un paquet de billets de banque à sa prise de fonction en qualité de ministre.
Depuis son arrivée à la tête du ministre de la Solidarité, de l’Action Humanitaire et de la Reconstruction du Nord, les carcasses de moutons en provenance d’Arabie Saoudite, destinées à être distribuées aux personnes démunies, ne sont plus partagées à des proches voire à des fonctionnaires ou vendues dans des marchés.
Il a mis fin à la chienlit dans ce domaine et dans bien d’autres et cela au grand dam des corrupteurs et des spéculateurs de tout acabit dont le souci est de mettre les ministres sous leur coupe afin de pouvoir détourner en toute impunité les maigres deniers publics.
Un homme rigoureux et intègre
Vice-président du comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger et véritable chef de la délégation malienne lors des négociations d’Alger, Hamadou Konaté a séduit et convaincu les téléspectateurs dans l’interview qu’il a accordée au JT de l’ORTM le 26 avril dernier, quand il a répondu aux questions du journaliste qui était, en tout cas, loin d’être de complaisance. Doté d’une grande intelligence – cela se voit à l’œil nu-, l’homme apparait dans le sérail d’IBK comme la personnalité le plus à même de jouer pleinement et valablement le rôle de Premier ministre. Cela à cause principalement de sa rigueur et de son incorruptibilité. Ce qui est loin d’être le cas pour tous.
Au moment où des millions de nos compatriotes croupissent dans un dénuement total et que des milliers d’opérateurs économiques ont mis la clé sous le paillasson, l’on parle de placements de fonds à l’étranger de la part de certains dirigeants et non des moindres. Des investigations s’imposent à ce niveau afin de situer les responsabilités et faire rapatrier ces fonds si toutefois ces placements s’avèrent justifés. Le Mali est dans un trou à cause principalement de cette mauvaise gestion des deniers publics et du détournement à la pelle dont ils font l’objet.
Avec l’âge, IBK doit s’occuper de sa santé
Malgré son âge, il est celui que le chef de l’Etat aurait positionné comme successeur du Premier ministre Modibo Kéïta. Le départ de celui-ci de la Primature étant prévu pour juin prochain. Hamadou Konaté est, en tout cas, auréolé d’une assez bonne réputation qui lui permettra, avec une dose de volonté politique, de sévir contre les nombreux fléaux qui minent notre Administration.
L’on se rappelle, en effet, que l’actuel Premier ministre, à sa nomination le 8 janvier 2015, avait eu comme feuille de route de nouer le dialogue avec l’opposition, faire aboutir les négociations avec les groupes armés rebelles dans le cadre du processus d’Alger, assainir les finances publiques alors sous le coup des détournements à la pelle et renouer le dialogue avec le Fonds monétaire international (FMI) qui avait fermé le robinet à la suite des achats controversés de matériels et d’équipements militaires.
En tout cas, il est grand temps que le chef de l’Etat accepte de nommer un véritable Premier ministre réellement doté des pouvoirs qui sont les siens dans le cadre de la Constitution du Mali. Lui-même IBK devant dorénavant s’occuper davantage de sa propre santé tout en demandant au futur Premier ministre de gérer le pays dans la probité, le respect et la considération.
Mamadou FOFANA