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Reconstruction nationale : L’Assemblée nationale définit les contours
Publié le jeudi 31 janvier 2013  |  Le Prétoire


Assemblée
© aBamako.com par A S
Assemblée Nationale:adoption du projet de loi portant validation des comptes des comptables publics.
Bamako le 03 janvier 2013 à l`hémicycle


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C’est faux de croire que le sud du Mali est un paradis comparé au nord, a laissé entendre un des députés lors du vote de la Feuille de route de la transition, mardi dernier. C’est pour dire que la reconstruction nationale va au-delà de la réparation des dégâts causés par la guerre au nord du Mali, mais exige de refonder la République. Tel est l’essence des interventions des députés qui se sont vraiment déchaînés pour donner le déclic à l’émergence d’un nouveau Mali délesté des tares qui ont menacé son intégrité et sa stabilité ces derniers temps.
Le vote de la Feuille de route par les députés de l’Assemblée nationale, au-delà de son caractère légal et constitutionnel, a une portée hautement symbolique pour le Mali qui est en train d’inaugurer une nouvelle phase de son existence, après avoir été meurtri par des agressions commises par des obscurantistes venus du désert et reçu des coups des enfants gâtés de la République, aussi bien au nord qu’au sud. En effet, si au nord les narco jihadistes sont en train d’être mis hors d’état de nuire, il reste cependant à sécuriser cette partie du territoire pour éviter, à l’avenir, toute incursion d’un quelconque groupe armé. Mais la question du nord n’est que l’arbre qui cache la forêt de problèmes sur l’ensemble du territoire malien. C’est là où les élus du peuple ont eu raison, au détour du vote de la Feuille de route de la transition proposée par le Premier ministre, de saisir l’opportunité pour poser un véritablement débat sur la reconstruction nationale.
L’édification du Mali de demain passe d’abord par la réconciliation à tous les niveaux. Evidemment, le conflit entre frères d’armes, notamment les bérets rouges et les bérets verts nécessite d’être aplati, comme l’ont souligné la plupart des députés, emboîtant ainsi le pas aux familles fondatrices de Bamako et à la société civile de façon générale. N’en déplaise aux seigneurs de Kati qui exercent une pression sur la justice pour que les bérets rouges soient punis, pour avoir osé «porté atteinte à la sécurité de l’Etat». Mais en réalité, entre celui qui a tenté de rétablir l’ordre constitutionnel et celui qui l’a rompu en violation de la Constitution, qui mérite de séjourner dans un cachot lugubre puant une odeur d’urine mélangée à de la chaux et des sous rancis? Rien qu’en posant le débat sous cet angle, on doit pouvoir mettre tout le monde au même pied d’égalité au nom de la réconciliation au sein des forces armées et de sécurité.
Il en est de même à la police dans laquelle le citoyen aura du mal à se reconnaître, si certains de ses éléments, de simples subordonnés, s’arrogent le droit d’enlever leurs chefs, des commissaires, pour les corriger sans coup férir. Comme on le ferait de son propre fils récalcitrant. Autant d’écarts de comportements qui justifient, une fois de plus, la nécessité de la réconciliation dans les corps habillés.
Mais c’est vrai qu’il ne saurait y avoir de réconciliation sans vérité, disons sans mea culpa des uns et des autres pour apaiser les rancœurs. Sur ce plan, les députés ont franchi le pas et la séance de mardi dernier avait l’allure d’un exercice d’exorcisme au cours duquel on se disait des vérités, sans pour autant se couvrir mutuellement de pou et de boue.
C’est que la reconstruction du Mali, dans son essence et sa quintessence, n’a pas besoin de revisiter les conflits. Mais dans le cadre de l’introspection profonde que cela nécessite, on a besoin de mots contre les maux. Mais de grâce, que les hommes politiques arrêtent leur cavalcade honteuse pour des strapontins au détriment de l’unité nationale. Que les responsables de l’Etat aient le courage de poser les actes qu’il faut, sans tenir compte des états d’âme des uns et des autres. La remarque en a été faite au Premier ministre, qui a soigneusement évité d’écrire le mot coup d’Etat dans son document et a tenté de justifier la rupture de l’ordre constitutionnel (expression qu’il a utilisée) par la mal gouvernance. Pourtant, lui qui a été dans le dispositif de tous les régimes, sait de quoi il parle. Si c’est pour faire son mea culpa, passons. Si maintenant c’est pour justifier le coup d’Etat débile du 22 mars 2012, il passe à côté. Au lieu d’éteindre l’incendie, il verse de l’huile sur le feu.
Le principal problème du Mali, c’est son élite politique et administrative qui ne sait que courir derrière des largesses et prébendes, ignorant tout sens de déontologie, d’équité et de devoir républicain. Et comme le poisson pourrit par la tête, le Mali de demain ne saurait se distinguer de celui qui est en train de chercher la voie de sa refondation, tant que ces prédateurs politiciens et autres terroristes politiques continuent de tenir en otage les populations.
Mais s’ils parviennent à agir de la sorte, c’est parce qu’ils sont impunis. La justice, au Mali, est à plusieurs vitesses parce que s’appliquant selon la personne incriminée et le groupe de pression qui la soutient. Alors que, sans justice, il ne saurait y avoir de réconciliation et au-delà, d’édification d’une nation parce qu’une part non négligeable de la population, qui ne se retrouve pas dans cette justice, cherchera d’autres moyens pour se faire entendre. Et bonjour la chienlit !
La jeunesse malienne, qui est l’avenir de ce pays, a été tellement abusée qu’elle ne sait plus à quel responsable se fier. Faute de boussole pour s’aiguillonner, elle se perd dans les couloirs des nombreux maquis qui empestent la vie de Bamako le soir, où on chipote et barbote dans les flots de la bière et du vin, dans l’insouciance de la situation du pays. Arrêtons-nous en là car le tableau est déjà très sombre, alors que nous n’avons évoqué qu’une infime partie des maux et errements qui sont en train de ronger la Nation. Mais c’est pour dire qu’aux grands maux, les grands remèdes. A condition que le Mali ait le courage de panser ses plaies. Et cela ne dépend que de nous tous !
Birama FALL

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