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UNTM-CSTM/Gouvernement : Jusqu’où le combat pour la survie ?
Publié le lundi 2 mai 2016  |  L’aube
UNTM:
© aBamako.com par A.S
UNTM: Assemblée générale de ses 12 syndicats nationaux
Bamako, le 13 Août 2014. L’UNTM a organisé hier une assemblée générale de ses 12 syndicats nationaux pour faire le point des négociations engagées




Ce n’est plus seulement le Nord qui fait veiller le président de la République. Ibrahim Boubacar Kéita est aussi et surtout atteint d’insomnie à cause d’un front social en ébullition qui ne lui laisse nul répit pour dire « Alhamdoulillah ! » (Dieu merci !). De l’Union nationale des travailleurs du Mali-Untm- à la Confédération syndicale des travailleurs du Mali–Cstm- (les deux principales centrales syndicales), en passant par tous les comités syndicaux des services publics, para publics et privés, les grèves s’égrènent sur un chapelet depuis l’arrivée d’IBK à la magistrature suprême en septembre 2014. Pas plus tard que le 21 avril dernier, les rues de Bamako étaient aux couleurs de syndicalistes scandant les dérives du régime alors même que le président était en séjour chirurgical et de convalescence à Paris. Et, à moins qu’un terrain d’entente fût trouvé le week-end, cette semaine s’annonce très prolixe en grève, avec comme point d’orgue celle de la Cstm prévue mardi et mercredi. La faute ? A un gouvernement en manque d’inspiration et d’anticipation ; qui n’a aucun sens du compromis et des concessions ; et incapable de résoudre les problèmes des citoyens. Alors, entre un gouvernement incompétent et insouciant des problèmes du peuple et des travailleurs qui luttent pour l’amélioration de leurs conditions de vie et pour leur survie (tout simplement), à qui le dernier mot ? Autrement posée, la question revient à demander : jusqu’où nous la spirale de la lutte syndicale actuelle ?

S’il y a aujourd’hui un échec patent et évident du régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, c’est sans conteste le front social. Depuis qu’il a foulé le pied à Koulouba il y a de cela (presque) trois ans, IBK est acculé jusque dans ses derniers retranchements par des revendications syndicales et sociales des travailleurs, et au-delà des Maliens, qui expriment ainsi leur ras-le-bol. De plus en plus, s’y greffent les marches, le sit-in et d’autres formes de protestation. Or, dans un régime, il faut impérativement éviter le mécontentement généralisé et les mouvements de foule. Ce sont des formes de manifestation du désespoir, de la désapprobation de l’ordre existant qui peuvent « glisser » à tout moment.



Depuis l’avènement de la démocratie pluraliste en 1992, les régimes successifs ont su désamorcer les préavis de grève des principales centrales syndicales (Untm, Cstm). Il a fallu l’arrivée d’IBK pour qu’on assiste à une grève générale de l’Untm depuis celle-ci qui a abouti, en mars 1991, à la chute du président Moussa Traoré.

Mais aussi à une cessation de travail générale de la Cstm, qui s’apprête d’ailleurs à remettre ça.

Que dire des syndicats sectoriels ? Sinon que les grèves s’enchainent à tous les niveaux dans les comités syndicaux des services de tous genres. Ça ne va pas au pays. Revue :



L’Untm donne le ton

Les travailleurs du Mali, affiliés à l’Untm, ont mis seulement un an pour réaliser que le nouveau président (IBK) ne ferait pas leur affaire. Ils avancent comme, entre autres, preuves le (mauvais) choix des hommes dans la formation du premier gouvernement et dans les hautes sphères de l’administration ; l’achat d’un avion présidentiel alors que le pays en avait un ; un marché de contrat d’armement. Des centaines de milliards dilapidés dans des dépenses de prestige alors que des doléances qui n’en coûtent pas le centième dorment dans les tiroirs du gouvernement. L’Untm sort les doléances, les brandit à qui de droit et dépose un préavis de grève pour les 21 et 22 août 2014.

Le cahier de doléances comprenait 17 points. Dont : la mise en œuvre du protocole d’Accord du 02 octobre 2011, le relèvement de la valeur du point d’indice, la diminution du taux de l’ITS, le relèvement du Smig, la modernisation et la sécurisation de l’administration générale, l’augmentation du taux d’allocation familiale, la relecture de la convention des chauffeurs routiers, la révision à la hausse du salaire au niveau des Epa, Epic trouve son fondement dans le souci de trouver l’interface entre l’augmentation de la valeur indiciaire et le taux applicable aux Epa et Epic, la baisse de loyers des maisons à usage d’habitation et la baisse des tarifs d’eaux et d’électricité, le maintien et le renforcement de l’Usine malienne des produits pharmaceutique (Umpp), la maitrise des prix des produits de première nécessité, la restitution et protection des bureaux de placement, la relecture de tous les contrats miniers, la ratifications des conventions 88/102/122/142/155 et 181, et la participation des travailleurs du secteur privé aux conseils d’administration.

Parmi ces points de revendication, le gouvernement avait accédé à 12. Mais la centrale, mécontente que les 5 autres points qu’elle juge principaux n’aient pas été acceptés par son interlocuteur, avait maintenu et exécuté sa grève de 48 heures susmentionnée. Mieux, elle projette une autre grève de 72 heures pour les 29, 30 et 31 octobre 2014 si un accord n’est pas trouvé sur les 5 points de blocage. Il s’agit du relèvement des allocations familiales, de l’augmentation du Smig, de la baisse de l’Impôt sur les traitements et salaires (ITS), du relèvement de la valeur indiciaire, et de la baisse des tarifs d’eau et d’électricité.

Les négociations ont continué jusqu’à la veille du jour fatidique avant que le gouvernement ne cède. Les deux parties conclu un accord gagnant-gagnant.

Sur l’augmentation du Smig, l’Untm et le gouvernement ont convenu d’un montant de 35 000 FCFA à compter de janvier 2015 et 40 000 FCFA dès janvier 2016.

Sur le relèvement des allocations familiales, ils ont convenu de 3500 FCFA par enfant sans handicap et 4000 FCFA par mois, par enfant handicapé.

Sur le relèvement de la valeur indiciaire, les parties se sont accordées sur une augmentation du point d’indice de 10%.

Sur la baisse des tarifs d’eau et d’électricité, le gouvernement a accepté de revenir à la tarification en vigueur avant les dernières augmentations.

Sur la diminution de l’impôt sur le traitement et salaire (ITS), les deux interlocuteurs ont convenu d’une diminution d’au moins 5%.

Ainsi, c’est in extrémis que l’Etat malien a évité une nouvelle grève générale de l’Untm. Mais, ce n’est que partie remise, car la centrale a rassemblé encore une quinzaine de doléances déroulées jeudi dernier devant les journalistes par le secrétaire général de l’Untm, Yacouba Katilé (voir notre article).



La Cstm met la pression

Aujourd’hui, c’est l’autre centrale syndicale qui ouvre les yeux et met la pression. En effet, la Cstm a observé un arrêt de travail il y a juste un peu plus d’un mois, les 21 et 22 mars 2016. Elle exige, entre autres, le respect des conventions n°87 et 98 de l’Organisation internationale des travailleurs ratifiés par le Mali ; la finalisation immédiate de la relecture du statut des fonctionnaires de la police nationale ; la réintégration par le gouvernement des 27 syndicalistes et 30 militants de la société minière L.T.A licenciés pour fait de grève en 2012 ; l’intégration de tous les enseignants dans la Fonction publique ; l’uniformisation du taux d’augmentation de 20% à tous les pensionnaires des deux caisses de sécurité sociale (CMSS et INPS) et son extension aux travailleurs salariés des secteurs privé et parapublic ; l’amélioration du plateau technique des structures sanitaires comme les CHU Gabriel Touré et du Point G et des centres de santé de référence et communautaire ; le respect des textes réglementaires des aéroports du Mali ; l’application des accords signés avec la Fédération nationale des transports ; la finalisation et la relecture de la convention collective des chauffeurs ; la signature de l’accord d’établissement de la BOA ainsi l’application de l’article 31 de la convention collective des banques et établissements financiers ; et la baisse des prix des carburants, de l’eau et de l’électricité.

Cette première grève ne semble pas avoir fait mal, parce que le gouvernement reste toujours sourd (muet ?) et têtu ayant interrompu dès le premier jour les négociations d’avec son interlocuteur qui a déposé un deuxième préavis de grève pour les 3 et 4 mai. Après celle-ci, la Cstm entrevoit une grève illimitée. Alors, que de malheurs, si l’on sait que la centrale que dirige Hamadoun Amion Guindo regroupe les secteurs aussi importants que ceux de l’éducation, de la santé, des banques, des mines, de la police, de la protection civile, des transports, de la sécurité sociale !



L’Ortm : l’autre poids lourd

Au-delà des deux centrales, des comités syndicaux de services publics et pas des moindres, montrent leurs griffes au gouvernement. Pour rafraîchir les mémoires, on rappellera qu’en l’espace de 35 jours, l’Ortm avait observé deux mouvements de grève suite à la non satisfaction de ses revendications.

Une première grève de 48 heures, les 22 et 23 décembre 2015 et une deuxième de 72 heures, les 27, 28 et 29 janvier 2016.

Les revendications ? Elles ont pour noms : l’abrogation des lois portant sur la restructuration de l’Ortm, l’adoption d’une loi portant sur la redevance audiovisuelle, le retour de la régie publicitaire à l’Ortm, l’harmonisation du statut des entités à créer dans le cadre de la restructuration, la relecture de la loi 87-102 et son adoption, le démarrage des travaux des grands projets tel que la construction de la tour de l’Ortm, et l’indemnisation des agents de l’Office pour les préjudices subis lors du coup d’État de mars 2012. Etc.

Le secrétaire général du comité syndical, Abderrahmane Hinfa Touré, assure que si des réponses idoines ne sont pas trouvées aux revendications, le syndicat va observer une grève illimitée avec « écrans noirs », donc sans service minimum à la télé. Les dégâts vont au-delà de la chaîne nationale si l’on sait que ça va concerner aussi la chaîne II, la TM2, les stations régionales synchronisées à la station nationale, les partenaires de la rediffusion comme RFI, BBC, Africa n°1, radio Beijing, Multicanal et Malivision.



Et si le SAM s’en mêlait !

Il y a peu de temps, les magistrats avaient engagé un début de bras de fer avec leur hiérarchie à propos de moult points de revendications dont l’augmentation de leurs salaires. Les revendications du SAM (Syndicat autonome de la magistrature) portent sur le relèvement de la part du budget accordée au ministère de la Justice à hauteur de 10% au moins à compter de l’exercice 2017; l’alignement, du point de vue traitement et avantages, de la Cour suprême sur les institutions de même niveau, ainsi que sa dotation en moyens suffisants nécessaires à son fonctionnement; le relèvement de la grille indiciaire des magistrats (350 à 750 pour le magistrat en début de carrière et 1100 à 3500 pour le magistrat de grade exceptionnel); le rehaussement des indemnités de judicature à hauteur de 800 000 FCFA pour chaque magistrat; le rehaussement des indemnités de logement à hauteur de 500 000 FCFA pour le magistrat de la Cour suprême et 300 000 FCFA pour les autres magistrats. Il y a ensuite, l’octroi de primes de responsabilité et de représentation à hauteur de 500 000 FCFA pour le président de la Cour suprême et le Procureur général près la Cour suprême; 400 000 FCFA pour les autres magistrats de la Cour suprême; 350 000 FCFA pour le premier président de Cour d’appel, le Procureur général près la Cour d’appel, les chefs des services centraux du ministère de la Justice et le magistrat en détachement; 300 000 FCFA pour tout autre magistrat de la Cour d’appel ou tout autre magistrat de l’Inspection des services judiciaires; 250 000 FCFA pour le Président du Tribunal de grande instance, le Président du Tribunal administratif, le Président du Tribunal de commerce, le Président du Tribunal du Travail, le Président du Tribunal pour enfants, le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance ; 200 000 FCFA pour le Président du Tribunal d’instance, le Procureur de la République près le Tribunal d’instance et tout magistrat en fonction dans un service central ou assimilé du ministère de la Justice; 150 000 FCFA pour tout autre magistrat d’une juridiction de premier degré.

Autres points de revendication du SAM, c’est l’octroi d’une prime de risque d’un montant de 150 000 FCFA pour tout magistrat; l’extension des dispositions du décret N°2014-0837/PRM du 10 novembre 2014 aux magistrats (indemnités de représentation et de responsabilité, d’eau, d’électricité, de téléphone, de résidence, primes de zone, de domesticité et autres); l’octroi d’une prime d’installation non taxable d’un montant de 2 millions de FCFA au jeune magistrat au moment de son entrée en fonction; l’intégration des primes et indemnités aux salaires; la revalorisation des pensions des magistrats à hauteur de 50%; la dotation en carburant de tous les magistrats; la réparation des dommages matériels causés aux magistrats lors des évènements survenus dans la partie nord du pays; l’élaboration d’un plan de carrière des magistrats et la classification des juridictions etc.

Pour le moment, le dossier reste en hibernation, mais l’épée reste toujours brandie sur la tête du gouvernement.



Tirs groupés

Les syndicats sectoriels ne sont pas en reste. En effet, la grève de la Cstm des 3 et 4 mai sera suivie dès le lendemain par celle du Syndicat national de l’éducation de base (SYNEB), les 5 et 6 mai. Les doléances de Amadou Coulibaly et ses camarades ont pour noms : la modification et l’application de l’arrêté 3282 portant sur la mobilité et les congés de formation des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales ; la correction de la date d’essai des camarades de PDEC (programme de développement communautaire) ; la sortie de l’arrêté d’intégration des nouvelles recrues ; et le remboursement de l’Assurance maladie obligatoire.

D’autres syndicats ont déjà entamé des grèves illimitées, à l’instar des enseignants de l’Institut Universitaire de Gestion (IUG) le 8 mars dernier, et ceux de l’ENSUP.

Une séance quotidienne de sit-in illimité est décrétée à l’hôpital Gabriel Touré. Le personnel du centre de santé de Kalaban Coro, en commune V du District de Bamako, vient de mettre fin à son sit-in illimité.

C’est dire que beaucoup de syndicats restent jusque-là sur le pied de guerre pour exiger la satisfaction de différentes revendications. A quand le sommeil pour IBK ?

Sékou Tamboura
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