L’engagement du Président de la République par intérim est si ferme qu’il a surpris plus d’un. Celui qui avait été dénigré par des militants et partisans de forces négatives veut sortir par la grande porte à la fin de la transition dont il détient les leviers.
Pour doter le pays d’un pouvoir légal et démocratique par la voie des urnes, le Président Dioncounda Traoré et son gouvernement, à travers une feuille de route élaborée et soumise avant-hier à l’approbation de l’Assemblée Nationale, ont décidé de tenir des élections libres et transparentes entre le mois d’avril et le 31 juillet prochain. Alors, certains Maliens, stupéfaits, et certains responsables politiques évaluent les chances et moyens pouvant permettre aux autorités de conduire le pays à ces élections, surtout dans ce délai jugé précipité. En tout cas, le rêve est permis, même aux esprits douteux, dit-on. Mais cette feuille de route élaborée en connivence avec les partenaires techniques et financiers laisse de nombreux Maliens perplexes au regard de certains contours qui devaient occasionner la tenue de ces élections. D’ailleurs, bien qu’adoptée par la grande majorité des députés de l’Hémicycle, la feuille de route souligne de divers points qui devaient être soumis à discussions approfondies avant son adoption. C’est pourquoi les députés ont affiché une certaine réticence relative à la tenue desdites élections dans ledit délai. Dans tout les cas, la feuille de route a été adoptée, malgré les points de divergences mentionnés. Mais certains esprits hésitants s’étonnent et se posent des questions. Qu’est-ce qui pousse le gouvernement malien à précipiter la tenue de ces élections ? Quelles sont les chances de réussite de ces échéances électorales dans un pays frappé de plein fouet par une crise et plongé dans une guerre dont on ignore encore l’issue ? Avec quel fichier électoral se dérouleront ces joutes électorales ? Le retour des déplacés et des réfugiés est-il effectif ? Autant de questions qui hantent les Maliens qui saluent quand même l’engagement des autorités à organiser ces élections dans ledit délai. Dans tous les cas, il semble que le Président Dioncounda Traoré et le gouvernement dirigé par le technocrate Diango Cissoko tiennent à «être arrosés d’éloges» à la fin de cette période transitoire. C’est pourquoi l’accompagnement des Maliens ne doit pas leur faire défaut, surtout que la communauté internationale exige aussi la tenue de ces élections dans un bref délai. La libération des villes du Nord étant quasi devenue une réalité, le moment semble venu de penser à ces échéances électorales pour la mise en place d’un pouvoir démocratiquement élu par le peuple et pour le peuple malien.
Serge Lath