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Hommage d’Awa Meïté à Malick Sidibé : «Je garde de cet homme son grand sourire, et cette phrase : ‘je ne peux être heureux que si les gens autour de moi le sont’»
Publié le mardi 3 mai 2016  |  Le Reporter




La styliste Awa Meïté fait partie des rares artistes maliens qui ont connu Malick Sidibé, avant de travailler avec lui. Elle lui a rendu un hommage pour ne pas dire le dernier au Mali en 2015, c’était à l’espace culturel Santoro, en marge des activités de la rencontre de la Photographie de Bamako. «Je trouvais cet homme de 80 ans émouvant et exceptionnel. Et je voulais le partager avec ceux de ma génération qui n’avait pas eu l’occasion de le connaître, mais dont ils avaient sûrement vu ou entendu parler de l’œuvre», nous a confié Awa Meïté.
Comment avez-vous connu Malick Sidibé ?
Je connais Malick Sidibé depuis ma tendre enfance. Nous étions voisins quand il habitait Medina Coura dans les années 80. J’étais dans le même «grin» que son fils Mody. Sans compter que Malick a photographié mes parents dans leur jeunesse. Toute la jeunesse bamakoise des années 70 connaissait Malicki, comme on l’appelait affectueusement.
Le studio de Malick Sidibé représentait quoi pour vous à l’époque ?
À l’époque, le studio de Malick à Medina Coura était un lieu de rendez-vous pour les enfants, car Maliki nous donnait des petites pièces de monnaie pour acheter des bonbons. Il était le tonton, disponible et généreux, qui voulait faire plaisir à tout le monde, et qui rendait service dès qu’il le pouvait.
Est-ce que ses photos ont eu une influence sur vous ?
Les photos de Maliki ont eu une influence sur moi de nombreuses années plus tard. Mais avant les photos, c’est surtout sa personnalité qui me marquera. Malgré son immense succès, il est resté égal à lui-même. Humble, généreux et disponible. Et quand j’ai initié le festival Daoulaba, «Rencontres autour du coton», le travail de Maliki est devenu une référence pour moi. En effet, il a su magnifier les femmes, le tissage, avec ses fonds.
Comment est venue la collaboration entre vous et ce grand Monsieur des images ?
La collaboration est née du désir de rendre hommage à un grand homme de son vivant. J’ai trouvé dommage qu’on fasse de belles cérémonies en l’honneur de nos talents, à de grands hommes et femmes, que quand ils ont disparu.
Vous lui rendez hommage chaque année à travers votre festival. Pourquoi cet hommage ?
L’hommage ne lui a été rendu qu’à l’Edition 2015 du festival Daoulaba, «Rencontres autour du coton», puis pendant les rencontres photographiques de Bamako, en off au San Toro. Ces dernières années, dès que j’en avais l’occasion, je faisais parler de Malick Sidibé au Mali. Je trouvais cet homme de 80 ans émouvant et exceptionnel. Et je voulais le partager avec ceux de ma génération qui n’avait pas eu l’occasion de connaître l’homme, mais dont ils avaient sûrement vu ou entendu parler de l’œuvre. Je me disais que c’était une chance, une occasion à ne pas rater de le célébrer de son vivant. Il en était tellement heureux et touché.
Sans compter que nous avons introduit une demande pour qu’il soit décoré par le Mali encore une fois. Cela a été fait. Il a été élevé au rang de chevalier en 2015, après le festival Daoulaba. Cela a été un bel et dernier hommage du Mali. Mais avant cela, en 2008, quand j’ai été commissaire pour le Mali à la Biennale de Sao Polo, j’ai présenté les œuvres d’artistes comme Abdoulaye Konaté, Seydou Kéïta, et bien sûr Malick Sidibé, dont c’était la toute première exposition au Brésil.
Malick Sidibé n’est plus. Qu’est-ce que vous gardez de cet homme immense ?
Je garde de cet homme son grand sourire, et cette phrase : «je ne peux être heureux que si les gens autour de moi le sont». Toute sa vie durant, il a tenu cette promesse. Maliki a aidé des villages entiers, en achetant des charrues pour l’agriculture aux hommes, en installant des pompes dans les villages pour les femmes, en prenant en charge les frais de scolarité d’élèves et d’étudiants, et en soignant les malades. Ce qu’il gagnait, il le partageait avec tout le monde.
En plus de l’hommage, qu’est-ce que vous allez faire pour Malick Sidibé ?
Nous parlions de beaucoup de projets avec Maliki. Il est resté curieux de tout et très enthousiaste. Maintenant qu’il n’est plus là, nous sommes dans un moment de deuil et de recueillement. Nous prions pour le repos de son âme.
Réalisée par Kassim TRAORE
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