uels intérêts Allemand et Français peuvent-ils avoir en commun pour justifier une tournée au Mali et au Niger ? L’Allemagne d’ordinaire peu encline à se laisser tirer par le bout du nez, a-t-elle subitement changé d’opinion sur la France au point de la cirer les bottes françaises ? Non ! Elle n’a pas changé d’un iota. A l’opposé de la France, elle est plutôt intéressée à la lutte contre l’émigration qui empoisonne le climat politique. Elle n’est plus en état d’accepter de nouveaux réfugiés. Or, le sahel est un des points de départ de ces réfugiés. D’où cette offre de coopération au pays du Sahel pour que s’arrête le flux. Voilà la raison profonde de la visite lundi du ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier.
Son homologue français Jean-Marc Ayrault tente de donner un coup de fouet au processus de paix au Mali. Presque un an après sa signature, la mise en œuvre de l’Accord piétine. Embourbée dans ce conflit, la France se veut à l’écoute des propositions de la partie gouvernementale. Tout indique que la France paie le prix fort de son jeu obscur à Kidal. Ses soldats sont régulièrement dans le viseur des terroristes qui se recrutent aussi à sa grande surprise dans les rangs de la Coordination des mouvements de l’Awazad (CMA). La Mission des nations –unies au Mali (MINUSMA) non plus n’est épargnée. A croire que l’Oncle Sam a signé un pacte avec le diable. Et comme vous le savez, on ne pactise pas avec le diable. Puisque ce dernier a toujours vu dans un pacte le signe d’une faiblesse.
Le programme de la visite en a été d’autant plus chargé: avant de s’envoler pour Niamey dans la soirée, Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier devaient également rencontrer le chef de la Mission des nations –unies au Mali (MINUSMA)avant de visiter brièvement les salles où sont conservés, à Bamako, les fameux manuscrits de Tombouctou, ces manuscrits évacués clandestinement de la grande ville du nord vers la capitale au plus fort de l’occupation par les forces djihadistes, en 2012.
Georges François Traoré