Les enquêteurs affirment détenir désormais des informations précises sur Souleymane Kéita. Arrêté fin mars dernier à la frontière mauritanienne, ce Malien à la calvitie prononcée dirigeait la branche Sud du groupe Ançar Eddine de l’islamiste Iyad Ag Ghali. De précieux documents auraient été retrouvés sur lui. Sa priorité était le recrutement de jeunes désœuvrés dans le Sud : certains devaient être formés pour “poursuivre des attentats”, d’autres pour la fabrication artisanale des explosifs qui font d’énormes dégâts.
Le 29 mars dernier, une unité des forces spéciales maliennes, détachée à la direction générale de la sécurité d’Etat (DGSE), les services de renseignement, a arrêté Souleymane Kéita, 47 ans, émir de la katiba Halid Ibn Walid, la branche d’Ançar Eddine opérant dans le Sud du Mali, notamment dans la région de Sikasso. Mais ce n’est pas dans le Sud du Mali que le natif de Kaolack, au Sénégal, a été appréhendé.
“Au moment de son arrestation, Souleymane Kéita était seul dans son refuge de la forêt de Wagadou, à la frontière avec la Mauritanie”, dans le Nord de la région de Ségou, précise un officier malien. L’Unité des forces spéciales maliennes l’a aussitôt amené à Bamako pour l’y placer dans une cellule de la DGSE.
Une traque de plus de dix mois prenait fin. Souleymane Kéita est notamment suspecté d’être le cerveau des attaques terroristes contre les forces maliennes dans les villages de Fakola et de Misséni, près de Sikasso et de la frontière avec la Côte d’Ivoire, au mois de juin 2015. Depuis, les forces armées maliennes ont détruit sa base de la forêt de Sama, située à la frontière entre le Mali et la Côte d’ivoire.
Selon un communiqué des services de renseignement malien, Kéita était sur le point de rejoindre Iyad Ag Ghaly, chef d’Ançar Eddine, dans la région de Kidal et plus précisément dans les montagnes de l’Adrar des Ifoghas. Les deux hommes se sont connus dans les années 2000 à Bamako, à la mosquée Markaze, du mouvement tabligh, et ont toujours gardé de solides liens d’amitié.
Rompu au maniement des armes à la suite d’une formation militaire reçue en Egypte à l’occasion d’un voyage d’études “religieuses” (comme il en fit en Arabie saoudite), Souleymane Kéita “a servi aussi comme sergent recruteur de jeunes talibés au profit des jihadistes qui avaient occupé le septentrion malien”, en 2012, affirme la DGSE dans un communiqué diffusé à la presse.
MD