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Réintégration des ‘’ex-combattants’’ : Les inquiétudes demeurent !
Publié le mercredi 4 mai 2016  |  Le Point
Soldats
© Autre presse par DR
Soldats du MNLA à Kidal le 4 février 2013.




Le programme DDR (Désarmement, démobilisation, réinsertion) des ‘’ex –combattants’’ suscite beaucoup de débats. C’est même erroné de les appeler ‘’ex-combattants’’ dans la mesure où ils n’ont jamais été désarmés, du moins, pas encore. Le sujet était au cœur du Débat politique de Radio Klédu (21 avril dernier), au cours duquel ADP, opposition et société civile ont pu clarifier chacun leur position.

Pour le représentant de l’ADP, Sory I. Traoré (auquel certains ont récusé le statut de représentant de la majorité), ‘’la réintégration des ex-combattants est une question qui dépasse la seule compétence du gouvernement’’. Ce qui lui fait dire que ‘’la majorité n’est pas rassurée’’ par rapport à la gestion de cette question. Pour se justifier, M. Traoré invoque ce qui lui semble les causes de la débâcle de l’armée malienne, à savoir : l’immixtion de la politique sur le terrain militaire ; l’injustice ; l’absence de politique réelle de sécurité (de réforme des services de sécurité) ; la non valorisation du service rendu ; les mauvaises conditions de vie des soldats (notamment dans les camps militaires) et le manque d’équipements adéquats.

Le représentant de l’ADP insiste sur la première des raisons invoquées, pour faire remarquer que ‘’cette question n’est pas politique, mais militaire’’ Et d’ajouter : ‘’quand les militaires disent que ça change, c’est de la politique’’. Que dire alors des tournées du président de la commission Défense, Karim Keita ? «Que de la politique, une mascarade…Certes, il y a eu les uniformes, des augmentations sur le salaire, mais l’essentiel n’est pas encore au rendez-vous» martèle-t-il en substance.

Autre aspect qui préoccupe le représentant de l’ADP, c’est le côté justice. Il s’interroge sur la formule magique qui va permettre au gouvernement de faire accepter par les forces régulières ‘’ceux qui les ont combattus, tué leurs camarades…’’et qui, en général, deviennent leurs supérieurs hiérarchiques. Cela relève tout simplement de l’injustice. Une injustice qui pourrait se reproduire quand on va se mettre à recruter des ex-combattants ’’qui ne sont même pas maliens parfois, ou qui, sans diplôme, sont parachutés dans l’administration, à la Douane’’.
Nouveau filon

Le programme de réintégration est devenu déjà un nouveau business pour certains : soit pour placer ses militants, ses protégés, soit pour y gagner de l’argent, chômage oblige. Au final, on pourrait se retrouver avec des gens ‘’qui n’ont jamais mis pied au Nord du pays’’. Un précédent existe à ce sujet à la faveur des rebellions passées. Pour toutes ces raisons, l’ADP estime que des concertations nationales sont nécessaires.

Une application sélective de l’Accord
Tout comme le représentant de ADP-Maliba, le responsable de la jeunesse URD (Opposition, Abdramane Diarra), émet des réserves quant à la mise en œuvre de l’accord en général, et du programme de réinsertion, en particulier. En effet, au moment où est déclenché ce processus, il n’y a ni école, ni administration, ni services sociaux de base à Kidal. Si l’on ajoute à tout cela le Forum organisé dernièrement grâce à l’argent du contribuable malien et où il n’a été question que de l’Azawad, de l’anniversaire de son indépendance, et jamais du Mali, on peut dire que l’accord n’est appliquée que de manière sélective : n’est appliquée que ce qui arrange la Cma. Aussi, la position de l’opposition sur l’accord pour la paix et la réconciliation reste-t-elle inchangée : «Cet accord porte le germe de la partition. Nos réserves, le gouvernement n’en a cure. Alors, nous avons pris acte».

Attitude de l’opposition dénoncée
«Nous opposition, nous avons pris acte», dixit le représentant de l’Urd pour expliquer sa position sur l’accord. Mais, cette justification ne satisfait pas visiblement certains citoyens. À l’image de cet auditeur qui interroge : «Pourquoi n’avoir pas saisi la population, puisque le pouvoir ne vous a pas écoutés ?». Réponse d’Abdramane Diarra : «Nous avons toujours clamé que nous sommes une opposition républicaine, une opposition constructive. Amener les gens à casser les édifices publics reviendrait à gaspiller l’argent du contribuable…», a-t-il dit en substance. Une réponse qui ne satisfait pas totalement, car il existe bien de moyens de pression autres que la casse. En conclusion, l’opposition a aussi sa part de responsabilité dans cet accord, fût-elle moindre relativement.

‘’Un mauvais accord vaut mieux que pas d’accord du tout’’
C’est la phrase slogan qui a été souvent lancée par le pouvoir. Mais, cette façon de voir les choses ne satisfait pas tout le monde. Pour cet autre auditeur, le slogan donne l’image de quelqu’un qui veut aller fêter à Ségou, et qui, pour ce faire, emprunte un car en mauvais état. Le car tombe en panne au niveau de Faya et le Monsieur fête finalement en rase campagne. Alors conclut l’auditeur : «Faute de car en bon état, il aurait mieux valu rester à Bamako et y fêter.

La Rédaction
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