Il faut plus qu’une cuillérée de bonne foi de part et d’autre pour venir à bout du volumineux cahier de doléances. La centrale syndicale doit se départir de son complexe de nain et le gouvernement doit accepter de faire un geste.
La Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) a à cœur de transformer ce qui n’est que pourparlers pour l’instant en véritable avancée sociale. Du succès retentissant ou de l’échec cuisant des négociations dépendront l’avenir de ses dirigeants. Qui en sont arrivés à la conclusion qu’ils ne sont pas sur le même piédestal que les camarades de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Du moins, dans le traitement des doléances. La grande sœur semble plus chouchoutée, parce redoutée. Hammadoun Amion Guindo caresse le vœu de rivaliser avec elle. Un échec lui ferait très petit dans ses souliers et pourrait ouvrir tout droit la porte à sa succession. Des jeunes loups tapis dans les bois attendraient certes ce moment pour siffler la fin.
Autant dire que les négociations s’annoncent très difficiles. Le répit a été de longue durée pour un gouvernement abonné au discours du style « appel au sens patriotique » des syndicalistes pendant que les institutions de la République dévorent à pleines dents les faibles finances de l’Etat. Jugez-en ! Un coup de barre de fer a été administré notamment aux budgets de la Présidence de la République, de l’Assemblée nationale. Ces institutions ont-elles par inadvertance avalé le patriotisme ? Ou bien les syndicalistes ont-ils le monopole des valeurs patriotiques. A vrai dire il ya quelque chose de navrant dans le verbe des gouvernants. Ils se gargarisent de rognons à longueur de journée et espèrent réduire leurs concitoyens à se partager quelques feuilles de salades.
A la limite, la démarche souffre d’un brin d’égoïsme.
Une analyse faite peut-être par la CSTM. Et qui explique amplement son désir de démonstration de force. Surtout après l’échec de la grève du lundi 21 au mardi 22 mars, elle est vite montée au créneau. En affichant, cette fois-ci sa ferme ambition de provoquer une paralysie du pays hier et aujourd’hui. Facile à dire qu’à faire ? La seconde centrale syndicale comptait s’appuyer sur les tous les leviers de l’information, la sensibilisation et la mobilisation afin d’aboutir au résultat escompté face à « l’inertie du gouvernement ». La grève devait être précédée le 21 avril d’une marche de protestation annulée suite à l’intervention chirurgicale subie par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta.
Entre temps, les négociateurs en cravate entrés en danse ont tempéré ses ardeurs. Mais les revendications n’ont guerre changé. Elles vont du rappel en activité de deux fonctionnaires de la police, Youssouf Fofana licencié en 2014 et Aliou Djibrilla Maïga, au paiement du reliquat des salaires de Mamadou Drago suspendu en avril 2015, en passant par la finalisation immédiate de la relecture du statut des fonctionnaires de la Police nationale et l’instauration d’un plan de carrière, de l’application des différents décrets portant statut des fonctionnaires de la Protection civile, l’instauration d’un plan de carrière et cadre organique.
Partie du constat de non respect des engagements pris, des violations répétées de la liberté et du droit syndical tant par l’Etat que le secteur privé et para public entre autres, elle en déduit des revendications enchâssées dans 37 points.
Un premier groupage réclame le rappel en activité de deux fonctionnaires de la police, Youssouf Fofana licencié en 2014 et Aliou Djibrilla Maïga. Le même point traite du paiement du reliquat des salaires de Mamadou Drago suspendu en avril 2015, de la finalisation immédiate de la relecture du statut des fonctionnaires de la Police nationale et l’instauration d’un plan de carrière, de l’application des différents décrets portant statut des fonctionnaires de la Protection civile, l’instauration d’un plan de carrière et cadre organique.
Ensuite, se bousculent dans l’ordre des priorités l’intégration de tous les enseignants dans la Fonction publique de l’Etat conformément aux recommandations du Forum national tenu du 30 au 02 novembre 2009 et le paiement de la prime d’ancienneté aux enseignants de l’Enseignement privé catholique, le respect du décret fixant le salaire minimum inter professionnel garanti par le gouvernement en ce qui concerne les enseignants en service dans les écoles communautaires, des Centres d’éducation au développement (CED) et les Jardins d’enfants, l’accompagnement de tous les fonctionnaires partant à la retraite avec au moins trois (3) mois de salaire brut, l’uniformisation du taux de 20% à tous les pensionnaires des deux caisses de sécurité sociale (CMSS et INPS) et son extension aux travailleurs salariés des secteurs privé et parapublic.
Puis un chapitre traite de l’amélioration du plateau technique des structures sanitaires notamment de hôpital du Point G, des centres de santé de référence et communautaires et CHU de Gabriel Touré.
Autres points de revendications, le règlement immédiat du litige foncier de 450 travailleurs du CHU du Point G, le paiement de la prime de risque aux travailleurs des sociétés de gardiennage et surveillance, le remboursement sans condition des cotisations AMO des non adhérents, la baisse des prix du carburant, de l’eau et de l’électricité.
Georges François Traoré