La semaine dernière aura été marquée par des commentaires sur un éventuel renouvèlement du gouvernement devant permettre à l’actuel Premier ministre Modibo Keïta de se retirer de la vie publique. Arrivée à la primature après le départ soudain du jeune Moussa Mara, Modibo Keïta aura été le seul Premier ministre à souffrir moins de l’adversité. Pourtant le vieux colosse est passé, un moment donné, à deux doigts de devenir un géant aux pieds d’argile. Mais il sera difficile au président IBK de lui trouver un successeur valable.
Modibo Keïta avait été épargné non pas pour son âge, mais pour la relative distance qu’il avait prise avec les passe-droits et autres privilèges réservés aux gouvernants. Il a passé de longs mois aux affaires sans entendre le moindre reproche à son travail jusqu’au jour où l’on apprit que certains membres de sa famille ont bénéficié de logements sociaux, en principe des concessions destinées aux pauvres.
La question est de savoir si Modibo Keïta a failli à son devoir de vigilance et de garant de la bonne répartition de biens sociaux. Objectivement, il aurait dû s’opposer à cette règle non écrite qui inscrit des quotas pour les responsables de services publics lorsqu’il s’agit de recruter dans les services publics ou de partager des biens sociaux ou même de simples concours d’entrée dans certaines écoles publiques. C’est l’une des plaies du Mali.
Mais le Premier ministre pouvait-il moraliser les services publics? En tout cas il en a eu le temps, c’est peut-être le pouvoir qui lui a manqué. En réalité, Modibo Keïta est une personnalité qui s’accommode du tempérament d’IBK. Le très honorable président de la République ne prendra pas le risque de s’encombrer d’un homme politique comme Premier ministre, à l’image de Soumana Sacko qui bénéficie d’un mythe populaire plus ancré que Moussa Mara.
La mission du vieux Premier ministre était de mener à bien la mise en œuvre de l’accord d’Alger dont le contenu continue de diviser jusqu’au sein des communautés du nord du pays. Et il y a eu des moments de doute, lorsque les parties signataires «en sont venus aux mains», pour ne citer que les virées du Groupe Touareg Imghad et alliés (GATIA) dans les zones tenues par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
On retiendra aussi de la mission torride du Premier ministre Keïta, l’infructueuse tentative de se rapprocher d’une partie de l’opposition, celle qui ne rate aucune occasion pour dévoiler des scandales au sommet de l’Etat. L’initiative ne venait pas de Modibo lui-même? Difficile à dire! La condition des opposants contactés en catimini pour entrer dans le gouvernement fut l’organisation de concertations nationales impliquant toute les forces vives. Ce qui n’a pas été accepté à Koulouba.
Soumaila T. Diarra