Au cours de l’atelier d’Information et de Sensibilisation des membres du Comité National de Biosécurité et des Commissions Spécialisées sur la Biosécurité et la Biotechnologie moderne liés à l’utilisation des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), nous avons tendu le micro au Dr Mouhamadou Traoré, point focal du Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques et Coordinateur du Programme régionale de biosécurité de l’UEMOA au Mali.
Le Républicain : Quel point peut on faire de la mise en œuvre au Mali, du protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques?
Dr Mouhamadou Traoré : Le Mali fait partie des pays qui ont vraiment fait une avancée remarquable. Après le Burkina Faso en Afrique de l’Ouest, le Mali peut être considéré comme le second pays qui est en avance par rapport à l’élaboration des textes législatifs réglementaires. Le Mali dispose d’un cadre national de biosécurité, d’une loi qui a été votée par le gouvernement et l’Assemblée Nationale. Il s’agit de la loi 08/042 relative à la sécurité en biotechnologie et nous avons aussi élaboré deux décrets d’application. Le premier étant le décret n°10-683/P-RM du 30 décembre 2010 fixant les attributions, la composition et les modalités de fonctionnement du Comité National de Biosécurité du Mali. Le second est le décret n°10-642/P-RM du 30 décembre 2010 déterminant les modalités d’expérimentation des Organismes Génétiquement Modifiés au Mali, avec en plus ses annexes portant sur la conduite des essais en laboratoire, en milieu confiné et en milieu réel.
Actuellement au niveau de la recherche, on peut commencer la manipulation des organismes génétiquement modifiés. Récemment deux arrêtés ont été pris. Il y a également un dernier arrêté interministériel qui n’a pas pu être signé par les différents ministres à cause de la situation politique qui prévaut dans le pays.
Où en sommes-nous avec la pratique de la biosécurité au Mali ?
Dr Mahamadou Traoré : Actuellement on peut dire qu’il n y a pas d’OGM au Mali, non seulement au niveau expérimental dans une institution comme l’IER mais également dans les laboratoires au niveau des universités. Le Mali n’a pas commencé encore, c’est justement de tels ateliers par lequel il faut commencer, former les organes de fonctionnement comme le Comité national, les commissions spécialisés dans l’exécution de leur tâche. C’est après cette étape qu’on pourra vraiment commencer à voir si au niveau de la recherche si l’expérimentation en milieux confinés peut commencer. Actuellement le pays dispose de l’ensemble des textes législatifs réglementaires pour commencer l’expérimentation des organismes génétiquement modifiés.
Le Républicain : Qu’est ce qui bloque l’opérationnalisation ?
Il y a des pays qui ont essayé de créer une structure autonome de gestion de la problématique sur la biosécurité et la biotechnologie. Alors qu’au Mali, le projet est rattaché à une agence. Il faudrait que nous pensions à créer une structure autonome qui pourra s’occuper de la réglementation et la législation sur les organismes génétiquement modifiés. A l’image du Burkina qui a créé son agence nationale de biosécurité, qui est une structure autonome, et du Sénégal qui ont créé des structures qui ne s’occupent que de ça. Et tous les pays qui ont dépassé le Mali ou qui sont en train d’expérimenter les OGM ont créé une structure qui ne s’occupe que de la biosécurité.
L Burkina se retire un peu de la production OGM par rapport au coton, quelle commentaire en faites-vous ? Un facteur démotivant ?
Oui c’est un facteur démotivant pour les autres pays. Et surtout on a assisté à une vive réaction de la société civile alors que la raison fondamentale est que le coton génétiquement modifié a été expérimenté juste il y a quatre ans, alors que pour introduire une semence génétiquement modifié, l’expérimentation doit aller au-delàs et prendre au moins une dizaine d’années afin de fixer les caractères génétiquement modifiés.
Ne craignez-vous pas que ce mauvais exemple fasse tache d’huile chez nous ?
Cela a fait déjà tache d’huile parce que la société civile s’en est accaparée. Mais, on va profiter de cet atelier pour expliquer les raisons de l’échec du coton burkinabè. On est sûr à 100% que la question va rejaillir au cours des débats.
Réalisé par B. Daou