Leader religieux réputé pour son humilité, prêcheur respecté pour sa science des saintes écritures et aussi pour sa modération et son esprit d’ouverture, Cheick Harouna Sankaré vient d’être primé par l’ONU comme un «pacifiste». Cette distinction a été remise au siège des Nations unies à New York le 30 avril 2016 à l’issue d’un forum international sur la paix et la tolérance religieuse.
«L’Accord d’Alger 2015 : Les dangers liés à sa a mise en œuvre et propositions alternatives» ! Tel était le thème de l’Espace de discussions et de mobilisation pour la patrie baptisé «GUARA KÈNÈ» que le Collectif Faso Kanu (amour de la patrie) a organisé samedi dernier au Carrefour des Jeunes de Bamako.
L’accord d’Alger de 2015 a été signé le 15 mai, sans d’abord la CMA (Coordination des Mouvements Armés), mouvement séparatiste, qui l’a finalement signé le 20 juin.
Mais à ce jour, déplorent les organisateurs, «l’intégrité territoriale acquise depuis le 22 septembre 1960 n’est toujours pas rétablie, l’exercice de la souveraineté du Mali sur l’ensemble de son territoire n’est pas effectif».
Le constat est aussi qu’il n’y a ni cantonnement ni désarmement des groupes armés. Ainsi, l’armée, l’administration et les services sociaux de base ne sont toujours pas de retour dans toutes les localités des régions du nord du Mali où règne une préoccupante insécurité.
Par contre, la CMA n’a renoncé à aucune de ses revendications séparatistes. «Des réformes adoptées par l’Assemblée Nationale du Mali (nouveau code électoral, loi sur les autorités intérimaires), ainsi que celles prévues, tel le référendum annoncé, vont dans le sens des objectifs de la CMA et de ses alliés», craint Ibrahima Kébé, Commissaire principal de l'organisation Faso Kanu et Porte-parole du Collectif «Mali Té Tila».
Le hic, selon lui, c’est que «le peuple malien reste incroyablement exclu des débats et décisions sur l’accord qui opère pourtant des changements capitaux pour son avenir».
A l’instar de l’opposition politique, cette organisation pense que le président IBK et son gouvernement n’ont «ni la vision ni la volonté politique» de mieux appréhender «la gravité de la situation».
Ils s’en remettent donc «uniquement à la communauté internationale qui ne défend que ses propres intérêts opposés à ceux du Mali… Ce régime se refugie donc dans une politique de l’autruche».
La partition et la perte de l’indépendance du Mali et de sa souveraineté ; le démantèlement de l’Etat malien et la déstabilisation de la sous-région ; le désordre institutionnel ; la dislocation et la liquidation de l’armée nationale ; la guerre civile intercommunautaire ; la discrimination, le favoritisme et l’impunité sont, entre autres, dangers identifiés par cette organisation par rapport à la mise en œuvre de l’Accord signé à Bamako le 15 mai et le 20 juin 2015.
«La rébellion au nord du Mali a été un problème récurrent, du régime colonial à nos jours. Elle résulte de la volonté de la France impérialiste impénitente d’avoir une mainmise totale sur les richesses du Mali, de conserver la base de Tessalit pour contrôler le Proche-Orient et d’obtenir la création de l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS)», analyse M. Kébé.
Il rappelle que, en 1963, «la première rébellion fut réglée, avec l’ensemble du peuple, grâce aux moyens politiques, diplomatiques et militaires. C’est pourquoi le Mali a connu ensuite 27 ans de paix, malgré la gestion calamiteuse du pays par Moussa Traoré et son CMLN/UDPM».
Depuis 1990, cette rébellion est «arrangée» en catimini dans le dos du peuple du Mali, avec différents Accords, allocation de fonds colossaux aux représentants fictifs des populations nomades...
Comme le disait le Président Modibo Keita, rappelle Faso Kanu, «les problèmes, il faut les régler, car à force d’arrangements, on finit par déranger la République elle-même».
C’est dans cette optique que cette organisation propose de reconstruire une véritable armée nationale en moyens humains, techniques, matériels et financiers suffisants et valeurs patriotiques. Cela doit être une priorité vitale et toutes les ressources du pays doivent être consacrées à cela ;
Elle recommande aussi l’instauration d’un état de siège dans les régions nord du Mali et faire réellement face aux guerres jusqu’au contrôle total de l’ensemble du territoire national.
L’instauration d’un service civique patriotique et militaire volontaire des jeunes de 18 à 32 ans ; l’organisation des débats publics, d’assises nationales inclusives, les médias publics doivent être consacrés essentiellement à cette fin ; l’évacuer prioritairement la MINUSMA et toutes les forces étrangères stationnées sur le territoire de la République du Mali dans les délais les plus courts possible sont aussi des recommandations du «GUARA KÈNÈ» de samedi dernier.
Bref, l’organisation Faso Kanu est convaincue qu’il est tems de «passer à une toute nouvelle forme de République qui prendrait en compte les aspirations profondes du peuple du Mali».
Une remise en cause totale de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Kader Toé