Depuis quelques semaines, chaque dimanche soir, après le vingt heures, nous assistons à une sorte d’examen oral que l’ORTM fait subir à un membre du gouvernement. Il semble que cela entre dans le cadre de la nouvelle grille de la « passion du service public ». L’intention est louable. Au Mali, il y a comme toujours, de bonnes et même de très bonnes initiatives. Mais le manque de constance dans l’effort, le désir immodéré d’atteindre immédiatement sinon dans les plus brefs délais au but, la paresse intellectuelle qui empêche toute remise en cause, conduisent souvent les Maliens à échouer dans leurs entreprises ou à travailler dans la routine, rechignant toute innovation.
Appelons ce travers « la maliénite »-permettez-nous ce barbarisme- C’est ainsi par exemple que l’EID (l’Espace d’interpellation démocratique) qui, au départ, a été chaleureusement accueillie aussi bien par l’opinion nationale qu’internationale est au fil des ans, tombée dans une espèce de comédie de mauvais goût dont tous les acteurs sont conscients de la médiocrité du scénario et qui malgré tout, participent à sa mise en scène et à sa représentation annuelle devant un nombreux public présent, bien que sceptique et moins dupe qu’il ne laisse paraître.
Il n’y a pas de doute que l’examen oral que l’on demande aux ministres du gouvernement à travers l’émission « L’action gouvernementale » est une idée géniale.
Mais dès au départ, elle semble atteinte de « maliénite ». En effet, que remarque-t-on? Le téléspectateur a l’impression qu’il y a une complicité entre le ministre candidat et ses examinateurs que constituent les deux journalistes en face de lui. Les questions sont posées de telle sorte que les réponses peuvent être données même par le téléspectateur ! Il n’y a aucune spontanéité dans les réponses données par les candidats. Visiblement, on assiste plutôt à des débats biaisés, à une mise en scène burlesque. Quel est donc l’intérêt de cette émission ? Pourquoi alors, ne pas livrer les communications des ministres sous forme de magazines ?
Cela aurait au moins le mérite d’éviter l’ennui à ceux qui seraient intéressés par l’action gouvernementale.
Par ailleurs, les examinateurs que constituent les journalistes sont toujours les mêmes. Comment pourrait-on demander à deux professeurs d’éducation physique par exemple de faire passer l’oral du bac à des candidats aussi bien en philo, en histoire, géographie, mathématique et en sciences physiques ? Ont-ils toutes les expertises requises ? L’émission n’aurait-elle pas gagné en vivacité, en crédibilité et en spontanéité, si les journalistes maîtrisaient mieux leurs sujets et se spécialisaient ?
En cette époque de vulgarisation des NTIC, pourquoi ne ferait-on pas intervenir les téléspectateurs en direct par téléphone, sms, mail ou tout autre canal de communication pour poser des questions ? Si c’était le cas, chaque dimanche soir, l’audimat de l’ORTM serait aussi élevé qu’à l’annonce des « Aigles du Mali » jouant une finale de la CAN (Coupe d’Afrique des nations) ou de la coupe du monde de football !
Wamseru A. Asama