Le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault, et son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, effectuent depuis hier soir une visite conjointe à Bamako, laquelle va se poursuivre à Gao, puis au Niger. Au Mali, Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier ont été reçus par les autorités du pays notamment le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, avec qui ils ont partagé les réponses que les deux pays apportent conjointement aux défis de la région, tant en matière de sécurité que de développement. Ce n’est pas la première fois que les deux hommes voyagent ensemble, ils sont allés ensemble en Ukraine, en Libye.
Au sortir de l’audience présidentielle, les deux chefs de la diplomatie ont animé en compagnie de leur homologue malien, Abdoulaye Diop, un point de presse à Koulouba.
A en croire le ministre Diop, ces deux pays ont, de tout le temps et de façon constante, réaffirmé leur attachement à l’unité, à l’intégrité territoriale et à la stabilité du Mali. Faut-il rappeler que cette visite fait suite à celles du président allemand en février dernier, et du Premier ministre français (Manuel Valls). Le ministre Abdoulaye Diop a salué chacun des deux pays pour les efforts consentis ; la France avec l’Opération Serval puis Barkhane et l’Allemagne, comme premier pays à reconnaitre le Mali indépendant, qui renforce sa présence dans notre pays dans le cadre de l’EUTM, la Minusma etc.
Jean-Marc Ayrault a adressé un message de confiance au peuple, aux autorités et à la démocratie du Mali, vu le chemin parcouru depuis le début de l’intervention française dans notre pays. Il a évoqué l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale et les réformes inhérentes. « Nous mesurons le chemin qui a été fait en terme de sécurité, de développement ». Le chef de la diplomatie française s’est réjoui de l’action initiée par son pays en faveur du Mali et qui a permis l’engagement de 15 pays européens, avec 1000 européens qui travaillent dans la Minusma.
« Ce qui est essentiel, c’est le développement, et pour réussir le développement, il faut garantir la sécurité, et pour garantir la sécurité, il faut que les réformes qui ont été signées dans les accords de paix soient mises en œuvre : patrouilles mixtes, autorités intérimaires pour permettre ensuite des élections afin d’apporter aux populations les légitimes moyens dont elles ont besoin en matière de santé, d’éducation… », a souligné M. Ayrault avant d’ajouter qu’il faut renforcer avec le Mali et le G5 la lutte contre le terrorisme car, le terrorisme n’aime pas les accords de paix, la réconciliation, l’Etat de droit.
Le ministre allemand des Affaires étrangères a expliqué que « cette visite conjointe est un signal fort car, nous sommes conscients que la sécurité du Mali dépend la sécurité de la région. Nous sommes venus au Mali pour nous forger une image de la situation, et nous sommes en train de monter en puissance notre armée au Mali ». Selon Frank-Walter Steinmeier, il reste beaucoup de pain sur la planche par rapport à la stabilité et la clé de la réussite est entre les mains des Maliens.
Au cours de la séance des questions de journalistes, le ministre français des Affaires étrangères a salué les progrès faits dans la formation de l’armée malienne quand bien même des efforts restent à faire pour aboutir à une armée complète. A en croire M. Ayrault, l’armée malienne d’aujourd’hui n’a rien à voir avec l’armée de il y a deux ou trois ans. Cela grâce à la mission de formation de l’Union européenne (EUTM). Il dit avoir la conviction que cette armée qui a vocation à être une armée nationale, au service des Maliens, va y arriver, mais il faut poursuivre l’effort pour faire en sorte que les accords d’Alger puissent être réalisés concrètement.
Ça doit se traduire par des patrouilles mixtes entre l’armée malienne, les éléments des groupes armés du Nord, Barkhane, la Minusma.
« Aussi, il y a la question de ce que peut faire l’Europe. Ce que peut faire l’Europe, c’est d’aider à former toutes les armées du G5 et que par ailleurs, nous souhaitons que l’Europe apporte sa contribution financière concrète pour l’équipement de ces armées, si on veut assurer leur efficacité. Il ne s’agit pas seulement de les former, il faut des équipements non létaux mais aussi des équipements lourds.
Je pense par exemple pour l’armée malienne, des hélicoptères, ça sera bientôt le cas ; mais aussi des blindés car, je pense que ce sont des matériels qui peuvent bien protéger des soldats quelque soit leur nationalité, comme on le voit bien actuellement au Mali », a souligné le diplomate français. Jean-Marc Ayrault a insisté sur les progrès à faire dans le processus de paix avec la mise en œuvre de l’Accord. Ce qui permettra, a-t-il souligné, de ne plus donner de l’argument à ceux qui ne veulent pas de l’accord, comme on l’a vu récemment à Kidal.
A. V. S. D