« A l’œuvre on connait l’ouvrier » dit l’adage, que l’on se permettra de compléter par un autre adage : « Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée ». Nous avons jugé utile de rappeler ces proverbes afin de saluer, à notre manière, la mémoire de l’illustre disparu de l’ORTM, le journaliste Lamine Tiècoura Coulibaly. Que beaucoup connaissent à travers ses nobles émissions sur l’école malienne. Le choix de ce créneau en dit long sur la nature de l’homme.
En effet, l’école est souvent le sujet mal aimé des journalistes maliens en général, et de ceux du public en particulier. Pour deux raisons essentielles : la violence qui a caractérisé l’école ces dernières décennies, avec tout ce que cela comporte de sensible ; mais aussi et surtout l’absence de ‘’communiqué final’’, le manque d’argent en d’autres termes. L’école, ce sont les enseignants, et l’enseignant, ça sent tout sauf le fric.
C’est pourquoi, quand il s’agit des Douanes, des commerçants, des Finances et autres secteurs juteux, les journalistes se bousculent pour y être. Lamine Tiècoura n’était pas de ceux-là. L’homme est resté sérieux et digne jusqu’au bout. L’apparence peut- être trompeuse, mais Lamine Tiècoura était un homme très modeste. On se souvient encore de lui sur sa motobecane (camco), puis sur sa Yamaha Dame 50.
Cette modestie n’a en rien entamé sa détermination à servir avec passion sa partie. Il a toujours exercé sa profession de façon consciencieuse. Malgré ses compétences, son dévouement, son sérieux, on ne lui a jamais confié un poste de responsabilité. Au contraire ceux qu’il aurait pu avoir comme enfants sont devenus ses chefs. Voilà comment on récompense le mérite dans notre pays. Lui ne s’en est jamais plaint.
Mais il est de notre devoir à tous d’enseigner le bon exemple, de récompenser le mérite. C’est seulement de cette façon qu’on construit les bons citoyens, prêts à se sacrifier pour ce pays qui leur a tout donné. Mais si le dévouement doit devenir l’objet de méfiance ou de rejet (‘’il est trop compliqué’’ dit-on). Alors on n’est pas sorti de l’auberge. Dors en paix, Lamine ! Tu n’as pas vécu pour rien.
La Rédaction