Du 4 au 8 avril dernier, les parlementaires de la Commission de Défense et de Sécurité de l’Assemblée Nationale étaient en visite sur le terrain. Ils se sont successivement rendus à Gao, Ménaka et Tombouctou. Objectif : voir de leurs yeux, avec l’appui de la MINUSMA, les conditions dans lesquelles vivent et travaillent les Forces de Défense et de Sécurité du Mali
Quatre jours auront donc permis aux parlementaires de la Commission de Défense et de Sécurité de l’Assemblée Nationale pour toucher du doigt les réalités des Officiers, sous-officiers et hommes de rang, des Forces de Défense et de Sécurité du Mali -FDSM– sur le terrain. Quatre jours durant lesquels les élus de la nation, en charge de la délicate question du suivi et de l’évaluation de la Réforme du Secteur de la Sécurité auront pu se rendre compte du chemin parcouru et de celui qui reste à parcourir pour parvenir à de vrais changements positifs en la matière.
Voir et surtout écouter
Gao, Ménaka puis Tombouctou, telles ont été les différentes étapes de la tournée des sept députés, de leurs assistants et conseillers politiques mais aussi de trois officiers supérieurs des FAMA, des journalistes de la presse publique et d’un représentant de la MINUSMA, Chargé de la Réforme du Secteur de la Sécurité. 24 personnes ont donc participé à cette visite d’évaluation conduite par le Président de ladite Commission parlementaire, M. Karim Keita.
Des conditions de vie générales des hommes en uniformes, à leurs besoins en formations, équipements et transport en passant par leurs installations sanitaires et leur moral, tous les aspects de la vie du soldat, du garde, du policier, du pompier ou de l’agent de la protection civile ont été passés au crible.
Le son s’est ensuite joint à l’image, en effet, des entretiens ont eu lieu avec les officiers commandant les différents camps et garnisons ainsi que les hommes de troupes. Tous ont décrit les conditions très dures, parfois précaires, de l’exercice de leur fonction, afin que les députés aient plus qu’une « idée » mais, qu’il leur soit fait un état des lieux détaillé de la situation.
Ce rapide mais intense séjour fut donc une immersion dans la réalité des choses. L’illustration de ce que les élus de la Commission de Défense Nationale de la Sécurité et de la Protection Civile CDNSPC étudient au quotidien, depuis le début leur législature.
La MINUSMA aux côtés des élus
Outre la prise en charge du transport aérien de la délégation sur zone, l’appui de la MINUSMA et du NDI à la Commission de Défense et de Sécurité de l’Assemblée Nationale dans le cadre de la RSS est constant.
Il s’agit plus spécifiquement d’un appui en ce qui concerne le Contrôle Démocratique du Secteur de la Sécurité. En partenariat avec le National Democratic Institut (NDI), cet accompagnement des parlementaires consiste à leur fournir les « armes » nécessaires pour exercer leur rôle de suivi et de veille de la Réforme du Secteur de la Sécurité. Notamment chargé de légiférer, les élus doivent être au fait des différents enjeux liés à la Réforme mais aussi veiller à ce que les intérêts des populations et des personnels en uniforme soient préservés, dans le cadre de ces importants changements en cours dans la gestion de l’appareil de Défense et de Sécurité malien. Plus simplement, la MINUSMA et le NDI, à travers des ateliers et des rencontres, aident les députés à comprendre le rôle qu’ils ont à jouer.
La MINUSMA s’est jointe et a appuyé l’initiative engagée par le NDI, avec l’appui technique de son partenaire la DCAF pour réaliser un atelier d’autoévaluation des capacités des députés de la Commission. L’initiative du NDI s’inscrit dans le cadre d’un programme sous régional (Mali, Niger, Burkina) financé par le Royaume du Danemark.
Dans le cadre de son programme, de décembre 2014 à mars 2016, la MINUSMA a apporté un appui technique aux initiatives engagées par le NDI dans une approche de synergie et de complémentarité, lors de l’atelier d’autoévaluation des besoins législatifs du parlement malien ; de la visite d’échange interparlementaire sur le contrôle du Secteur de la Sécurité avec des élus du Burkina et du Niger ; de l’élaboration du plan stratégique triennal 2016-2018 et du plan d’actions prioritaires 2016, issu des 17 recommandations faites par les députés eux-mêmes lors du premier atelier.
Autrement dit, au rythme d’une activité majeure tous les huit mois, après un premier état des lieux de leurs connaissances sur le sujet, les capacités des députés ont été renforcées grâce notamment à un partage d’expérience avec leurs homologues de la sous-région. Dans un troisième temps, forts de ses mises à jour, les représentants du peuple sont en train de finaliser la conception d’une stratégie sur trois ans et d’un « plan de bataille » pour l’année 2016.
« Plan de bataille » issu des 17 recommandations, consignées dans un rapport final rédigé et édité par le NDI, imprimé à 300 exemplaires par la MINUSMA et remis le 8 mars dernier au Président de l’Assemblée Nationale, par Mme Mbaranga Gasarabwé, Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire des Nations Unies, Chef du Pilier Coordination Humanitaire, Stabilisation et Relèvement de la MINUSMA.
Si ces rencontres majeures se tiennent de façon relativement espacée, c’est pour permettre aux membres de la Commission parlementaire de mettre en pratique les acquis engrangés à l’issu de ces échanges, un accompagnement régulier étant assuré par le National Democratic Institute et la MINUSMA.
Une première qui en appelle d’autres
Cette première visite de terrain au plus près des difficultés et des défis auxquels sont confrontés les FDSM, fût riche d’enseignement pour les membres de la CDNSPC. Elle aura permis de constater, de visu, un certain nombre de problèmes auxquels sont confrontés les Forces de Défense et de Sécurité dans une partie du Nord du Mali.
Afin d’obtenir une cartographie plus précise de la situation sur l’ensemble du territoire malien, les élus se sont déjà rendus, du 18 au 22 avril dans les régions de Mopti et Ségou. Des visites qui en appelleront sans doute d’autres dans les semaines et les mois à venir.
La MINUSMA quant à elle, en conformité avec le mandat que lui a conféré le Conseil de Sécurité des Nations Unies, reste déterminée à poursuivre son appui aux parlementaires mais également à la société civile, au Gouvernement et à l’ensemble du peuple de la République du Mali, dans le cadre de la Réforme du Secteur de la Sécurité. Un secteur, dans lequel chaque avancée est un pas de plus vers la paix, la réconciliation et la stabilité du pays.