Ces derniers temps les agressions verbales à l’égard des dirigeants et des journalistes sont monnaie courantes dans nos stades. Si d’une part on peut les attribuer aux conséquences collatérales de la crise qu’a connue notre football, d’autre part celle dont a été victime le samedi dernier, le président du Stade malien de Bamako, relève d’un mécontentement de certains supporters de Sotuba. Déçus de l’élimination de leur club en ligue des champions, ces supportes demandent des comptes au bureau exécutif. Ce qui est tout à fait normal, mais seulement la bonne manière a manqué, surtout à l’endroit du premier responsable de l’équipe.
L’heure n’est pas au soulèvement
Le samedi dernier, à la fin du match Stade malien –CSD soldé par un match nul (2-2), des supporters s’en sont violemment pris au président du club, Boukary Sidibé dit Kolon
S‘il est normal que les supporters manifestent ou expriment leurs exacerbations face aux mauvais résultats, ou par rapport à la gestion du club. Mais faudrait-il que ces agissements se fassent de façon correcte. Comment ? Dès l’instant qu’il y’a une commission centrale des supporters, dirigée par un président, la logique voudrait qu’ils manifestent leurs mécontentement à leur premier responsable.
Lequel pourra décider d’une assemblée générale, et convoquer les dirigeants afin qu’ils s’expliquent sur la situation du club. Mais ce bon sens a manqué chez certains supporters du Stade malien de Bamako. Mais qu’est ce qui a motivé cette réaction inattendue d’une poignée de supporters ? Pour en savoir plus nous avons approché le président des supporters Ousmane Diakité dit Maraka. Il dit ceci : « j’ignore les motivations de ce comportement négatif de certains supporters. L’incident s’est passé quand j’étais descendu pour prier. A mon retour tout était rentré dans l’ordre.
Mais pour mieux comprendre et éviter de telles choses dans l’avenir, j’ai décidé immédiatement une assemblée générale le lendemain dimanche. Au cours de cette rencontre, le président Boukary Sidibé dit Kolon est venu et il y’a eu des échanges francs entre les fils de la famille blanche. Pour ce qui est de la situation financière du Stade malien demandée par une poignée de supporters, le président a dit que l’important pour lui demeure aujourd’hui les deux matches qualificatifs pour la phase de poule de la coupe CAF. Pour ce bilan du club, Kolon a donné rendez vous pour le 26 juin 2016 »
Au-delà de ces précisions du président de la commission des supporters, la question est de savoir si Maraka maîtrise réellement sa troupe, ou si sa politique de communication est efficace. Et pour cause. Par deux fois le Stade malien a été sanctionné par la CAF, avec paiement d’amande, pour mauvais comportements de ses supporters.
Mieux cette assemblée que Maraka a convoquée le dimanche dernier ne devrait –elle pas venir immédiatement après l’élimination du club en ligue des champions par le Zesco United de Zambie ? Ces agressions verbales de certains supporters à l’endroit du président ne sont –elles pas la suite logique de l’inertie de leur président Ousmane Diakité dit Maraka ?
Voilà autant de questions que Maraka doit analyser pour canaliser ses soldats. Parce que aujourd’hui le Stade malien de Bamako doit se passer volontiers des murmures, des bruits de crampons, des critiques dans l’ombre et moult actes en sous-marin. Pour deux raisons majeures.
Primo, le club vient de connaître une élimination douloureuse de la ligue des champions d’Afrique au stade des 8èmes de finale. Les Stadistes ne devraient –ils pas se donner le temps de digérer ce douloureux épisode, qui n’est cependant pas le premier du genre dans la vie du club. Certes, l’objectif prioritaire de la saison est définitivement enterré, mais une analyse objective de la situation d’ensemble du club et de l’état actuel du groupe, ajoutée à ceux-ci la crise qu’a connue notre football rend la pilule moins amère. Tous les clubs maliens engagés dans les compétitions Africaines ont payé cash les conséquences de cette crise, avec à la clef une élimination dès le tour préliminaire, et sur le bout du fil pour certains. L’équipe de Sotuba a surpris tout le monde en se retrouvant à ce niveau de la compétition.
A l’heure actuelle, disons-le sèchement, le Stade malien de Bamako, tout comme les autres clubs du Mali a besoin d’un groupe homogène et réellement compétitif au niveau continental. Il est donc important de donner le temps au temps, aux dirigeants et à l’encadrement. Secundo, nous sommes à quelques jours de deux matches qui pourront consacrer la qualification du Stade malien de Bamako à la phase de poule de la coupe CAF. Pour ces deux raisons la famille blanche doit faire preuve de maturité et d’ouverture d’esprit pour ne pas jeter l’équipe et les joueurs en pâture, ou tout au moins éviter que le club termine la saison en queue de poisson sur le plan continental.
Roger Sissoko