En cette période de canicule, la mort de cinq pensionnaires met en lumière la pénibilité des conditions de detention. Remède va y être rapidement porté
La chaleur accablante (plus de 40°C à l’ombre) qui sévit dans la capitale depuis quelque temps a des conséquences au niveau de la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Cinq pensionnaires ont perdu la vie récemment à cause de la chaleur insupportable qui règne dans les cellules surpeuplées. Aussitôt la nouvelle connue, le ministère de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde de Sceaux a dépêché hier une mission technique sur les lieux. Avec comme objectif de voir comment éviter que ces drames ne se répètent. Aux émissaires de la Justice, se sont joints des techniciens du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Ensemble, ils ont visité les cellules qui ne respectent pas les standards internationaux. Les gardiens de prison gèrent au mieux, faute de moyens et d’espace.
L’émotion était évidemment au rendez-vous lors de la visite de la délégation officielle. Car toutes les vies comptent, y compris celle d’un détenu qui purge sa peine sous la rigueur de la loi. La grande prison de Bamako constitue à tous égards un monde à part. Les pensionnaires sont d’origines diverses et certains sont de dangereux criminels. La dernière fois que l’établissement pénitentiaire a fait parler de lui, c’était il y a deux ans, à l’occasion de l’évasion du terroriste islamiste Wadoussène qui avait abattu un gardien de prison avant de se faire la belle.
Depuis, la sécurité y est renforcée. Des hommes lourdement armés montent la garde. «Tout a changé ici après ce que vous savez », confie à voix basse un gardien de la prison en faisant allusion à la spectaculaire évasion du terroriste.
A la grande porte d’entrée, l’affluence ne faiblit pas. De nombreux visiteurs se pressent pour apporter ne serait-ce qu’un réconfort moral à leurs proches ici détenus. Certains d’entre eux amènent des repas. Tous sont tenus de montrer patte blanche au responsable du poste, un officier de la Garde nationale assisté de quelques gardiens de prison.
274 AU LIEU DE 50. “Tournez à gauche et vous aurez accès à la cour des détenus”, indique un garde en faction à l’entrée. Les détenus réputés dangereux sont logés dans un compartiment plus sécurisé. Dans le compartiment vers lequel nous sommes orientés, des prisonniers font office de guides pour les visiteurs contre un peu d’argent. Ici, la débrouillardise est tolérée. Certains pensionnaires tiennent de petits commerces et vendent des biscuits, du thé, des bonbons et des cigarettes. La musique, comme pour adoucir les mœurs dans cet environnement infâme, est audible en divers endroits.
La forteresse accueille aujourd’hui 1792 pensionnaires pour une capacité de 600 places. En moyenne 20 nouveaux détenus arrivent par jour. 1056 détenus attendent un jugement. « Il appartient aux juges de traiter leurs dossiers. Pas à l’administration pénitentiaire », relève à juste titre un gardien de prison. « Parmi ceux qui ne sont pas jugés, il faut prendre en compte ceux qui se sont engagés dans les voies de recours et ceux dont les dossiers sont en cours de traitement », précise un magistrat de la délégation.
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