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Editorial : La fête du travail mieux célébrée le 1er Mai que la Résistance du Kènèdougou
Publié le vendredi 6 mai 2016  |  Infosept




Le poète Victor Hugo qui ne comprit jamais que le Noir fit autant l’histoire que l’homme blanc disait dans une sublime inspiration que « Toute idée humaine ou divine qui prend le passé pour racine aura pour feuillage l’avenir ». C’est l’un des côtés positifs qu’on peut retenir du poète universel dont l’œuvre se trouve salie par sa méconnaissance notoire autant que Platon de l’Histoire des Noirs. Si chaque malien pouvait se la garder en mémoire, on cessera de remettre en cause les fondements de notre histoire. Ce qui désole ici comme dans toutes les anciennes colonies françaises, dont le système du « direct rule » contrairement à celui de l’« indirect rule » des anglais fut de nous assimiler à l’homme blanc et à sa culture, c’est souvent le rejet de soi. Dans cette entreprise, on a formé des diplômés et non des intellectuels qui tentent sous le prétexte d’un certain « éruditisme » de saper les acquis de notre histoire millénaire. Ils vont jusqu’à remettre en cause nos figures historiques, à nier que Touramakan, Soundjata Keita, Soumangourou Kanté, la Charte de Kurukanfuga ou le Serment des chasseurs aient jamais existés. Rappelons à tous ces nouveaux chercheurs qu’aucun écrit n’est neutre et innocent. Les grandes dates du Mali qui ont scellé la trame de notre histoire depuis des siècles et des siècles doivent être célébrées pour rappeler les combats que furent ceux de nos ancêtres pour l’honneur et la dignité de ce grand Mali. Le 1er Mai est l’une de ces grandes dates dont la symbolique doit être enseignée dans nos écoles pour montrer à la Jeunesse que le 1er Mai 1898 fut une date de gloire et de fierté pour le Mali. Quand les vainqueurs racontent notre histoire, ils parlent de prise de Sikasso, mais pour nous maliens et sikassois, le 1er Mai marque la date anniversaire de la résistance du Kènèdougou face à l’impérialisme français. Et c’est depuis Babemba, que le Mali a refusé l’installation d’une base étrangère militaire française sur son sol. Dommage que maintenant, nous n’ayons plus le choix que de sous-traiter notre défense nationale avec la France, chef de file des intérêts de la communauté internationale au Mali. La jeunesse sait-elle vraiment que c’est à Babemba que nous devons cette partie de notre hymne national qui dit tout haut que nous préférons la mort à la honte ? Que c’est aussi par Babemba, roi de Sikasso que nous avons infligé à la France coloniale l’une des plus grandes humiliations de toute son histoire coloniale ? C’est à Sikasso que l’on fit circoncire une délégation française venue négocier avec le roi du Kènèdougou, Babemba Traoré que la métropole coloniale dans son arrogance altière menaçait de représailles s’il refusait de payer le tribut et de collaborer avec la France comme le fit son frère Tièba Traoré avant lui. Il dira au chef de la délégation que si le « roi de France » était roi c’était bien en France et pas chez lui au Kènèdougou dont il demeurait le seul chef. Il monta un stratagème et selon la version de certains traditionnalistes, il fit circoncire les membres de la délégation du colon français qu’il balafra à l’effigie des signes senoufos, les déshabilla et quelques sofas poussèrent la dérision jusqu'à monter sur leurs dos comme on monte à cheval quelque part entre Natiè et N’Kourala. Ce serait une fois arrivé à N’Kourala que le chef de canton de cette ville fit descendre ses frères senoufos de leurs nouvelles montures et porta secours et assistance aux prisonniers. Ce serait en récompense d’une telle clémence que la ville de N’Kourala recevra la deuxième école de la région. La France coloniale, pour se venger contre les exactions commises sur ses émissaires envoya le colonel Adeoud avec des canons inconnus au bataillon à Sikasso. Malgré une résistance de près de deux jours de combat, le TATA de Sikasso finit par céder et la ville fut finalement prise et mise à sac dans une animosité inouïe par les soldats français. Babemba Traoré pour sauver l’honneur de la famille royale tua ses femmes et ses enfants pour éviter qu’ils soient la risée publique et exhibés comme butin de guerre avant de se donner lui-même la mort préférant la mort à la honte et respectant son serment que de son vivant le français n’entreront pas à Sikasso. C’est ce qui serait passé le 1er Mai 1898 à Sikasso.

Cette dignité, ce courage de vaincre l’adversaire et de l’humilier comme on nous le fait aujourd’hui, nous les avons perdus. A voir ce qu’on nous fait subir dans la gestion de la crise au nord, c’est pire qu’une humiliation. Et il n’est pas exclu que le Mali qui restait pour la France un pays à soumettre soit entrain de prendre sa revanche sur l’histoire en nous faisant payer cher toutes nos résistances. Rappelons que Sikasso ne fut pas la seule ville du pays à opposer une résistance farouche à la pénétration coloniale. De Sabouciré à toutes les autres villes et cités martyres, le Mali d’hier n’avait jamais courbé l’échine qu’aujourd’hui. Mais sachons espoir gardée. Les grands empires ne meurent jamais. Paraphrasons Joseph Roger de Benoist que nous aimons bien en disant que l’Accord de Paix issu du processus d’Alger ne saurait se jouer du destin du Mali. Le passé de ce pays a échappé à des épreuves bien plus graves que ces accords qui tentent de nous dépiécer et d’opposer les maliens : calamité naturelle, guerre fratricide, massacre, esclavage, colonisation. A chaque fois dans ce pays, quand tout semblait perdu, un homme s’est élevé, un Soudjata Keïta, un Soni Aliber, un Biton Coulibaly, un Babemba et a bâti une dignité. Il n’est donc pas possible qu’un tel héritage n’ait pas laissé dans le sol du Mali, mais surtout dans le sang des hommes les germes d’un renouveau. Si on nous divise aujourd’hui, demain le Mali renaitra. Mais pour cela il faut célébrer les grandes dates de l’Historie du Mali.

O’BAMBA
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