Ce n’est pas la première fois que l’ancien président de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) Soumaila Cissé soit accusé de détournement de fonds dans l’affaire dite des forages fictifs. Mais au-delà de sa personne, c’est l’image du Mali tout entier et de tout un peuple qui est en jeu dans cette affaire. Ce qui exige de lui des explications aux Maliens avec des preuves à l’appui pour sauver son honneur et au-delà, l’image du Mali s’il s’avère que cette affaire n’est que pure mensonge dans le but de le freiner dans ses activités politiques dont l’objectif final est de briguer la magistrature suprême au Mali.
Il ya quelques jours, un journal sénégalais publiait que ‘’la France vient de bloquer un transfert de 27 milliards FCFA appartenant à l’ex-président de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine Soumaila Cissé’’.
Dès sa publication, cette information a suscité un tollé au sein de l’opinion nationale et internationale. Obligeant les leaders du principal parti de l’opposition à publier un communiqué de presse dans lequel ils nient en bloc tout ce qui est dit dans cet article. Mieux, ils accusent le journal sénégalais d’avoir publié des informations mensongères.
L’URD dans tous ses états
L’information a suscité la pétoche au niveau de l’URD même si les responsables tentent de prouver le contraire.
Dans un communiqué laconique, les responsables du principal parti de l’opposition l’Union pour la République et la Démocratie (URD) ont réagi aux accusations de détournement de plusieurs milliards par leur président l’honorable Soumaïla Cissé.
Le communiqué est libellé ainsi : « Le président Soumaila Cissé, actuellement en mission au Parlement panafricain en Afrique du Sud, a pris connaissance comme tout le monde, des accusations mensongères d’un journal sénégalais ‘’ l’Observateur’’, de détournement de plusieurs milliards qu’il aurait caché à la BECEAO en vue d’un transfert vers ECOBANK. Le président n’est point surpris car depuis 2002, le journal essaye de ternir son image en vain. Cette fois, il va plus loin en mettant en cause deux Institutions bancaires : la BECEAO et ECOBANK. Avant de publier ou de relayer de tels mensonges, il était loisible à chaque personne de bonne foi et soucieuse du recoupement de l’infirmation d’approcher ces établissements bancaires pour vérifier ces allégations. Cependant, il est difficile d’accepter la vérité lorsque les mensonges étaient exactement ce que l’on voulait entendre. Le président Soumaila Cissé, imperturbable, poursuivant sa mission avec sérénité, renouvelle sa disponibilité à tous les journalistes et hommes de medias désireux de s’informer, dès son retour de mission, sur cette farce de mauvais gout ».
Le parti au pouvoir, le Rassemblement Pour le Mali (RPM), a aussi sauté sur cette occasion pour demander des explications au chef de file de l’opposition Soumaila Cissé sur cette affaire qui l’accable.
Dans un communiqué le secrétaire général du parti Dr Bocari Tréta, le bureau politique national du RPM dit ceci : « Le Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali a appris, par la presse régionale et internationale, avec une grande interrogation, les grandes lignes d’un rapport d’audit qui insiste sur la gestion opaque d’un pactole de 27 milliards de FCFA, destiné à la réalisation de forages, au moment où notre compatriote Soumaila CISSE, aujourd’hui chef de file de l’opposition politique, présidait aux destinées de l’institution communautaire.
Cet argent, affirment les mêmes sources, aurait pu être reporté dans les écritures de ECOBANK, pour le compte de Soumaila CISSE, n’eut été la perspicacité de l’Agence Française de Développement (AFD), principal contributeur de la réalisation des ouvrages hydrauliques dont plusieurs se sont révélés être fictifs ou conduits à moitié.
A ce stade, le Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali prend acte de la gravité des informations rendues publiques qui sont loin de constituer un motif de fierté pour notre pays.
En conséquence, le BPN-RPM interpelle vivement Monsieur Soumaila CISSE pour qu’il donne, à l’opinion publique nationale et internationale, les explications attendues sur cette gestion, notamment en ce qui concerne :
– L’objet du transfert de 27 milliards de F CFA de la BECEAO vers ECOBANK ;
– Le caractère fictif des forages, à l’origine de la saisine de la Cour des comptes de l’UEMOA ».
Les faits qui accablent Soumaila Cissé
Selon des sources proches du dossier, il s’agissait d’un Programme d’Hydraulique Villageoise de l’UEMOA dont l’objectif était de réaliser au total 8 000 forages équipés de pompes à motricité humaines. Ainsi, l’Uemoa devrait réaliser 3150 forages pour la 1ère phase, dont 2500 au départ et un avenant de 650 forages.
En effet, ce Programme devrait être exécuté dans chaque État membre par une agence d’exécution jouant le rôle de Maître d’Ouvrage Délégué, à travers une convention signée entre l’État bénéficiaire, la Commission (Maître d’Ouvrage) et l’agence d’exécution, choisie d’accord partie.
A en croire nos sources, concernant les 2500 forages pour un financement total de 21 386 371 580 FCFA de la première phase du programme, l’Uemoa devrait réaliser : au Mali : 350 forages, pour un financement de 2 730 600 000 ; au Sénégal : 300 forages pour un financement de 2 700 000 000 ; au Bénin 300 : forages pour un financement de 2 660 000 000 ; au Burkina 300 : forages pour un financement de 2 323 125 000 ; en Côte-D’ivoire : 300 forages pour un financement de 2 869 650 000 ; en Guinée Bissau : 300 forages pour un financement de 2 709 840 000 ; au Niger : 350 forages pour un financement de 2 799 677 580 ; au Togo : 300 forages pour un financement de 2 593 479 000
Pour ce qui concerne le Mali, expliquent nos sources, l’UEMOA devrait réaliser les forages dans les Régions de Mopti (Cercle de Douentza), de Tombouctou (Cercles : Tombouctou, Gourma, Rharous, Diré, Goundam et Niafounké), Kayes (Nioro et Diéma) et Ségou (Ségou et Barouéli).
Tandis qu’au Sénégal, poursuivent nos sources, il s’agissait des régions de Matam, Tambacounda et Kédougou.
Mais, il ya eu plusieurs difficultés dans la mise en œuvre du programme. Des difficultés qui ont pour noms : le non respect des délais d’exécution, la mauvaise estimation des profondeurs des forages, le faible niveau de suivi des travaux par les agences d’exécution et directions nationales chargées de l’hydraulique, le manque de collaboration franche entre les Agences d’exécution et les services de l’hydraulique de l’État, l’utilisation inadéquate de l’appui pour le suivi du programme par le bénéficiaire.
Suite à des dénonciations dans la réalisation des forages, concluent nos sources, le Sénégal (appuyé par la France qui a financé le programme) a saisi la Cour des comptes de l’UEMOA pour mener une enquête. Les résultats de l’audit réalisé par cette Cour ont révélé que plusieurs puits n’ont pas vu le jour dans plusieurs pays membres de l’UEMOA dont le Mali et le Sénégal.
Des informations qui coupent aujourd’hui le sommeil à Soumaila Cissé, actuellement en mission au Parlement panafricain à Johannesburg.
Pour tenter de se disculper de cette affaire, il a adressé, hier jeudi, un droit de réponse à la direction du journal ‘’l’Observateur’’. Cependant, les explications ‘’procédurales’’ qu’il y a fournies sont loin de le disculper de cette affaire. C’est pourquoi, il doit la verité au peuple malien avec des preuves à l’appui car c’est le Mali qui l’avait envoyé en mission au poste de président de la Commission de l’UEMOA. Et c’est le Mali et les Maliens qui sont blessés dans leur dignité et dans leur honneur par cette affaire.
D. Diama