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La France entre Mali et Niger, entre terroristes et migrants
Publié le dimanche 8 mai 2016  |  laprovence.com
Serval
© Autre presse par DR
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"La Provence" a accompagné au Sahel cette semaine Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères. Avec les militaires de l’opération Barkhane à Gao, dans les brasiers de Bamako et Niamey. Nos clés pour comprendre
Les hippopotames se cachent bien sous les vaguelettes boueuses du fleuve Niger. Sur les rives, les vaches efflanquées et les paysans qui viennent cueillir l'eau dans des arrosoirs en plastique donnent de Niamey l'image inversée d'une ville qui s'assèche. "Peut-être que dans vingt ans, nous ne pourrons plus vivre ici", souffle un passager de la pirogue. Deux chiffres résument le Niger, pays le plus pauvre du monde. Le revenu moyen de ses habitants, 700 dollars par an et le taux de fécondité, 7,6 enfants par femme. La population de ce territoire ensablé dans le Sahel, entre Mali et Libye, doit tripler d'ici 2050. "Les enfants sont la seule richesse des familles, qui marient leurs filles dès 13 ans", reprend le passager en surveillant la vedette de gendarmerie qui navigue en aval. A son bord, Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier, ministres des Affaires étrangères de la France et de l'Allemagne, approchent une station de pompage. Désuet symbole. Pour les diplomates, elle est l'amorce d'une politique de développement agricole, économique et social qui, arrosée de centaines de millions d'euros de fonds européens, doit faire respirer à nouveau le pays. "Le potentiel du fleuve est considérable, pointe Jean-Marc Ayrault. Il peut nous aider à relever les défis. Ils ne sont pas seulement économiques et climatiques. Ils sont liés aux flux migratoires et à la lutte contre le terrorisme. Neuf pays sont traversés par le fleuve Niger."

Notre reportage : terroristes et migrants au coeur du Sahel
Au Niger et au Mali, où il a passé trois journées intenses en début de semaine, le locataire du Quai d'Orsay a martelé ses messages. "La politique, c'est faire de la pédagogie", sourit l'ancien Premier ministre. Premier refrain, "La France n'est plus seule au Mali". En entraînant dans son sillage les Allemands, elle desserre l'étreinte financière de son engagement militaire lancé en 2013 avec Serval et plonge l'Europe et l'Onu dans la bouilloire du terrorisme. À Bamako comme à Niamey, où s'infiltrent incessamment les spectres islamistes d'Ansar Dine, Aqmi, Daech ou Boko Haram, la question libyenne est une obsession. C'est l'autre message de la France, décidée à faire entrer les forces internationales dans les eaux libyennes. Pour enrayer les trafics d'armes et de drogues et pour déstabiliser les passeurs, réceptacles de flux migratoires partant de la corne africaine ou de ses côtes atlantiques. Onze mille personnes passent chaque semaine, en cette saison, par le Mali et le Niger pour tenter, depuis la Libye, la mortelle traversée vers l'Europe. Entre séjour auprès des forces françaises de l'opération Barkhane et rencontre avec ces migrants désespérés, la lumière la plus douce est venue des manuscrits de Tombouctou, dont certains datent du onzième siècle. Leur sauvetage est lui aussi un symbole. L'Afrique est un berceau de nos civilisations.

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