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Mauvaise gestion des affaires publiques à Yelimané
Publié le lundi 9 mai 2016  |  Le Républicain





• L’association « Yélimané Dagakaané » et les autorités à couteaux tirés
• Arrestations tous azimuts des membres de « Yélimané Dagakaané »
• Sit-in de l’association devant le consulat du Mali en France pour exiger leur libération
A Yélimané, le bras de fer continue entre l’association « Yélimané Dagakané », une association créée par des ressortissants de la localité vivant à l’étranger pour le développement de Yélimané, et les autorités locales. Non contents de la gestion des ressources locales de la ville, les membres de « Yélimané Dagakaané » ont organisé, le 18 aout 2015, une marche pacifique. Et depuis ce jour, selon les leaders de l’association, leurs membres font l’objet d’une cabale judiciaire. La dernière en date, est l’arrestation de Bakary Diambou, porte parole de l’association et expatrié malien vivant en France. Accusé d’incitation à la révolte, Bakary Diambou a été arrêté pendant qu’il séjournait chez lui, à Yélimané et emprisonné à Kayes. En France comme au Mali, les membres de l’association « Yélimané Dagakaané» et des personnes acquises à leur cause, se mobilisent pour la libération de Bakary Diambou, leur porte parole. Le vendredi dernier, les membres de l’association et leurs sympathisants, ont tenu un sit-in devant le consulat de l’Ambassade du Mali en France pour réclamer la libération immédiate et sans condition de Bakary Diambou.
Le vendredi 6 mai 2016, les membres de l’association « Yélimané Dagakané » et d’autres maliens vivants en France, ont tenu un sit-in, depuis 4 heures du matin, devant le consulat du

Mali en France pour exiger la libération de Bakary Diambou, le porte parole de l’association qui a été arrêté à Yélimané et acheminé à Kayes pour y être enfermer au motif d’incitation à la révolte. « Nous réclamons la libération immédiate et sans condition du porte parole de l’association Yélimané Dagakaane, une association qui réclame la justice et la fin de la corruption dans le cercle de Yélimané. Un cercle victime d’officiels maliens envoyé par Bamako et qui aspirent le sang des citoyens. Ces juges et élus contre qui nous nous battons se sont organisés pour faire interdire l’association et convoqué plus de 50 membres pour leur mettre la pression. Et certains sont en prison actuellement. », a expliqué, dans un post sur facebook, Samba Gassama, un ressortissant du cercle de Yélimané et résidant en France. Il ajoutera : « Nous n’avons jamais rien demandé à l’Etat. Nous avons tout financé chez nous. Dans plusieurs villages, les enseignants et les médecins sont payés directement par la diaspora. Nous demandons juste que Bamako nous envoie des fonctionnaires honnêtes… »

Qu’est ce qui oppose l’association « Yélimané Dagakané » aux autorités locales du cercle de Yélimané ?
En septembre dernier, au plus vif de la crise entre « Yélimané Dagakané » et les autorités locales de Yélimané, nous nous sommes dépêchés sur les lieux pour en savoir plus sur cette affaire. Tout serait parti d’une marche organisée par l’association, le 18 août, pour dénoncer la mauvaise gestion des affaires publiques dans le cercle de Yélimané et demander une diminution de la Taxe pour le développement régional et local(TDRL). Ce jour là, les maires des 12 communes du cercle et les députés étaient en conclave au chef-lieu de cercle. A la suite de cette marche, en plus de l’interdiction des activités de l’association, une quinzaine de ses membres ont été mis en prison et 17 ont été placés en résidence surveillée. Chose qui a détérioré les relations entre les populations de Yélimané et les autorités locales.

«Les jeunes ont marché sans rien casser, ils sont partis donner une lettre au préfet. C’est ce même jour qu’ils ont été arrêtés dans l’après midi », a affirmé au Républicain, Tama Diawara, 66 ans, chef du village de Sambaga. A l’époque, ce dernier se dit surpris par la proportion qu’a prise cette affaire, alors que depuis novembre 2014, les membres de l’association ont entamé des démarches pour demander la diminution de la taxe en question. Pour l’association ‘’Dagakaane’’, cette taxe s’élève à 2135 francs à Yélimané au lieu de 1000 francs comme dans beaucoup d’autres localités maliennes.

L’augmentation de la taxe, Selon Checkna Sylla, un notable du quartier Djadji à Yélimané, est partie d’une souscription volontaire de la population qui voulait financer l’achat d’un véhicule et la construction d’un bâtiment sous le règne de Moussa Traoré. Ces buts ont été atteints, mais la taxe n’est pas revenue à son tarif normal après la réalisation des objectifs fixés. «Nous n’avons jamais demandé aux gens de refuser de payer les impôts.

Comment aurions nous voulu demander cela ? Tout ce qu’on veut est la diminution de la Taxe pour le développement régional et local(TDRL). Nous payons la taxe la plus élevée au Mali », nous a confié, lors de notre reportage sur le sujet, Maciré Kébé, le chef du village de Kersigané. Le préfet, Ali Guindo, a fait savoir qu’il faudrait éviter de faire des amalgames dans cette affaire. Contrairement aux rumeurs, a-t-il dit, les autorités administratives ne sont impliquées ni de près ni de loin. «La marche était pacifique, ils n’ont rien cassé. Après avoir pris connaissance du contenu de la lettre que trois représentants des marcheurs m’ont remise, je l’ai transmise à qui de droit. Mon rôle s’est arrêté là », s’est justifié le préfet.

Pour le préfet, il s’agit d’un combat politique entre la population et les élus locaux, surtout à la veille des élections de proximité. C’est pour cela que l’administration aurait refusé de prendre position même si les élus auraient demandé au préfet de sévir contre ‘’Yélimané Dagakaane’’.

Madiassa Kaba Diakité/ Soumaila T. Diarra
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L’Etat malien a-t-il abandonné Yélimané ?
Cette question émane des manifestants de l’ADCYD à Paris ce jour de mai 2016.
Depuis plus d’un an, plusieurs ressortissants du Cercle de Yélimané, dans la région de Kayes se livrent à un bras de fer contre leurs Elus et les Représentants de l’Etat. Ce conflit ne cesse de s’enliser au fil des mois, et risque de dégénérer s’il n’est pas géré.
Les raisons de ce conflit, entre certains ressortissants regroupés au sein de l’Association du Cercle de Yélimané Dagakané (Yélimané en avant)ADCYD et les Autorités politiques et administratives résident dans la contestation d’une taxe obligatoire imposée aux populations pour un montant double de l’assiette légale.

Aussi, les manifestants ne comprennent pas la mise en place d’une somme servant à payer le « Carburant » chaque fois que les gendarmes sont appelés au secours des populations.
Enfin, dans un document diffusé par l’ACYD, il y est question de dilapidation de plusieurs dizaines de millions de FCFA au niveau du cercle au profit de privilégiés.

L’ADCYD qui regroupe les ressortissants de plus de 100 villages du cercle, s’est constituée après les premières manifestations contre les faits précités. Plusieurs personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre et jetées en prison. Certaines ont été relaxées, mais le Porte-parole de l’antenne Yélimané de l’ADCYD, Bakary DIAMBOU reste encore détenu. 15 autres sont libérées sous astreinte de se présenter chaque vendredi devant le juge de Yélimané.

Il existe sans aucun doute une situation tendue au niveau du cercle de Yélimané et qui se propage en France, où les choses s’enveniment. Une centaine de manifestants ont empêché les services consulaires de travailler cette journée de vendredi 06 mai. Ils sont déterminés à rester devant le Consulat jusqu’à la libération de leur Porte-parole Bakary DIAMBOU, emprisonné à Kayes actuellement.

Cette libération pourra calmer la situation, même si le malaise semble profond à Yélimané. Car, les manifestations stigmatisent par là même occasion l’absence de l’Etat dans cette autre partie du pays. Beaucoup ont le sentiment que leurs élus et les représentants de l’Etat abusent de leur pouvoir. Et les banderoles déployés devant le bâtiment du Consulat ne disent pas autre chose : Non à la Corruption ; Non à l’injustice ; Non à l’insécurité.

A entendre le chapelet de griefs contre leurs Autorités politiques et administratives, l’on est endroit de se demander : les protagonistes ont-ils bénéficié d’un accompagnement pour aplanir les difficultés ? Aujourd’hui le fossé se creuse inexorablement entre les parties concernées. Le climat de défiance, qui règne entre des ressortissants de cette localité, regroupés au sein de l’ADCYD, et leur Autorités administratives et élues, comporte les germes d’un conflit grave. L’Etat devrait prendre en main le problème du cercle de Yélimané avant qu’il ne soit trop tard.

Mahamadou Cissé Paris
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