Les privatisations au Mali ont eu des conséquences irréversibles sur l’économie du pays. L’Etat malien, pour sa part n’a pas su limiter les dégâts. Les régimes qui se sont succédés au sommet du pouvoir ont ainsi failli dans l’accomplissement de leurs missions. Abandonnant des milliers de travailleurs agonisants, à leur propre sort.
L’économie malienne devrait être rigoureusement encadrée par l’Etat dans tous les domaines stratégiques. Ainsi en avait décidé le Père de la Nation, Modibo Keita, dès les indépendances du pays en 1960. Sous son règne, une centaine d’entreprises publiques seront créées, faisant la fierté du peuple malien dans son combat pour la souveraineté économique.
La SONATAM, la COMATEX, l’usine de fabrications de boissons sucrées : de géants projets à l’époque initiés par le premier président du Mali.Cinquante ans après, la majorité de ces établissements publics n’ont pas survécu.Homme de confiance de Modibo Keita et ministre à plusieurs reprises, Seydou Badian s’indigne : «Depuis notre chute du pouvoir en 1968,montrez-moi une unité encore valable » (L’Enquêteur numéro spécial 22 septembre 2015). Bradés par la suite dans un processus de privatisation imposé par le Front monétaire international et la Banque mondiale dans les années 90, l’Etat malien restera impuissant face à une mortprogrammée des fleurons industriels du pays. Pire les différents régimes successifs depuis Moussa Traoré, ont porté le coup de grâce à l’économie du pays en sous-évaluant la plupart des unités industrielles, pour ensuite les vendre à vil prix, parfois à des copains politiquestransformés en opérateurs économiques.
Cette situation irresponsable des gouvernements a mis en péril l’économie déjà fragile du pays, enclavé. Les dégâts collatéraux ont été nombreux : une destruction certaine des tissus économique et social, un chômage sans précédent avec des dégâts irréversibles tels l’augmentation de la prostitution, l’exode rural et l’immigration, le grand banditisme, la désintégration de la famille, etc.
En voulant se débarrasser des entreprises qu’il jugeait improductifs, l’Etat a porté un coup fatal à une de ses missions essentielles : garantir la sécurité alimentaire de sa propre population.
Cette mission, de l’avis de plusieurs observateurs, est la plus essentielle parmi les attributs d’un Etat souverain. Ce n’est pas un hasard si la Pyramide de Maslow, en répertoriant les besoins de l’individu dans la société, place à la base de sa Pyramide la satisfaction des besoins alimentaires, comme la seule condition de satisfaction des autres besoins (logement, sécurité, estime etc.). «Un peuple qui a faim n’est pas un peuple libre», il ne pourrait donc trouver les voies et moyens à son développement.
En affamant le peuple par les privatisationsexcessives des entreprises d’Etat dénoncées dès le début par les syndicats, l’Etat se combattait lui-même. Ce d’autant plus que jusqu’au début des années 90, l’Etat malien demeurait le principal pourvoyeur d’emploi. Les travailleurs qui étaient embauchés dans les grandes sociétés industrielles se retrouveront du jour au lendemain à la rue, par perte de leur emploi. Leurs enfants connaitront un pire sort. Ceux qui ont cru aux vertus de l’école malienne en décrochant un diplôme n’obtiendront jamais d’emploi. Le système les a oubliés, et l’Etat est sur d’autres fronts.
Le bilan financier, économique et social des privatisations est catastrophique. Pendant que les nouveaux riches alliés aux différents gouvernements pillent les ressources du pays, les chefs d’Etat et de gouvernement s’offrent des missions luxueuses à l’étranger ; pendant ce temps le peuple tête quotidiennement les mamelles de la misère.
Résultat, en 2015, le Mali a été classé 179e dans le dernierRapport du PNUD sur le développement humain, sur 188 pays. Pendant que le peuple est classé parmi les derniers au monde, au sommet de l’Etat, aucune mesure n’est visiblement prise pour réduire les dépenses. Le chef de l’Etat himself, et son entourage occasionnent des dépenses pharamineuses pour l’économie du pays, en s’offrant des voyages présidentiels à bord d’un nouvel avion, acheté à coût de milliards, sur le dos du contribuable.
IBK, ATT, deux présidents aux méthodes opposées
«Au temps de ATT, tout le monde mangeait et le pays avançait. Au temps de IBK, tout le monde pleure et c’est la famille présidentielle qui mange et avance seule» : une telle remarque suffirait à elle seule pour témoigner de tous les malheurs et souffrances des populations maliennes. Tandis que l’ancien président, ATT laissait tout le monde s’inviter à table pour se servir, IBK, lui, a été élu parce qu’il incarnait les vertus d’un changement profond pour son peuple.
De son virulent discours politique jadis, il n’en reste qu’une addition d’incohérences qui pousse les citoyens à se demander s’il s’agit du même homme, qui a autrefois su sauver l’honneur et la dignité de l’Etat. C’est moins l’effet du temps que sa propre personnalité qui se révèle aujourd’hui : IBK a abandonné son peuple. Il se soucie plus de sa propre santé plutôt que de celle de sa jeunesse qui agonise.
IBK a abandonné le peude travailleurs qui restent encore dans ce pays. Il est passé maitre dans l’art de la langue de bois, cherchant des voies, en vain, pour rouler les syndicats. Les promesses non tenues par l’Etat de ses propres engagements en sont des preuves.ATT, lui, préférait temporiser en laissant chacun se servir dans les deniers publics. «Les uns mangent, les autres regardent». Cette phrase suffit à elle seule pour prendre la température du poult social en ces temps IBK. Les méthodes IBK et ATT, à en dire vrai, comportent toutes les deux les germes d’une société qui se désintègre.
De Moussa Traoré a Alpha Omar Konaré
Selon certaines sources, la désintégration de la société maliennea bien commencé le 19novembre 1968. Youssouf Traoré, médaillé d’or de l’indépendance, et compagnon de première heure de Modibo Keita est de cet avis. Dans une interview qu’il a accordée à l’Enquêteur en septembre dernier, il persiste et signe : « Le coup d’Etat de Moussa Traoré a été le plus fatal pour le Mali ». «On ne connaissait pas de chômage. Tous ceux qui sortaient de l’école trouvaient du travail. Mais le régime brutal, libéral, néocolonial, sauvage a tout bouleversé ». Car c’est sous le règne de Moussa Traoré que les premières entreprises publiques seront liquidées.
Mais c’est Alpha Omar Konaré qui portera le coup de grâces à ces entreprises publiques. Avec la complicité des institutions de Bretton Woods, nos chefs d’Etats adhèrentaveuglement aux Plans d’ajustement structurel (PAS). Résultat des privatisations en cascades, une économie en déroute, et des milliers de familles en détresse. Qu’à cela ne tienne. C’est toujours le bas peuple qui souffre. Au sommet de l’Etat, silence, on s’enrichit. Femmes, fils et filles, collaborateurs, anciens opposants, c’est un cercle restreint et très sélectif, qui s’enrichit autour du chef de l’Etat pendant que la majorité des Maliens peinent à s’assurer deux repas par jour.
O. Roland
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Blaise Compaoré, Guillaume Soro : Le destin croisé de deux criminels d’Etat (suite et fin)
Dans la première partie de notre analyse, nous avons démontré comment Blaise Compaoré et Guillaume Soro sont arrivés au pouvoir, par le sang. Dans cette seconde partie, nous verrons comment ces deux bandits, avec la complicité de la France et la bénédiction de Alassane Dramane Ouattara,échoueront dans leur plan de déstabiliser le Burkina Faso, suite au coup d’Etat le plus crapuleux qu’a connu le pays des hommes intègres.
L’Accord de paix de Ouagadougou, le dernier d’une longue liste censé ramener la paix en Côte d’Ivoire, est signé le 4 mars 2007 à Ouagadougou. Ainsi Laurent Gbagbo, Blaise Compaoré et Guillaume Soro propulsé chef des Forces nouvelles,tentent de faire la paix après des années de guerre. Le véritable enjeu de cet accord était la légitimation de la rébellion de Guillaume Soro et la garantie pour Alassane Ouattara, de se présenter aux prochaines élections présidentielles en Côte d’Ivoire.
Laurent Gbagbo, s’est finalement laissé convaincre par ses proches en se disant «qu’on ne perd pas des élections en étant au pouvoir», croyant dur comme dur fer, qu’il remporterait un face-à-face présidentiel contre Ouattara. Pourtant, dès 2007, les états-majors de certaines rédactions ivoiriennes faisaient cas, en coulisse, de l’existence d’un sondage confidentiel donnant Alassane Dramane Ouattara, victorieux.
Mais le Front populaire ivoirien n’y croit pas. Il cherche à gagner du terrain afin d’être sûr de la victoire de son candidat au moment venu. Pour montrer patte blanche, il nomme son ennemi de toujours, Guillaume Soro comme premier ministre trois semaines après la signature de l’Accord de Ouagadougou. Une cohabitation difficile, mais nécessaire, suite aux énormes pressions économiques et diplomatiques que la France et les Nations unies ont exercées sur Laurent Gbagbo.
Une aubaine pour Soro et Compaoré
Les grands bénéficiaires de cet accord furent Guillaume Soro, Blaise Compaoré et Alassane Dramane Ouattara. Laurent Gbagbo gagnait juste du temps en plus pour se maintenir au pouvoir. Pour les plus durs cadres de son parti, il venait de signer son arrêt à mort, de ses propres mains.En faisant de Soro le chef du gouvernement, il offrait à ce dernierl’opportunité de s’exercer au pouvoir, tout en préparant secrètement le terrain à son parrain de toujours, ADO. Soro était les yeux et les oreilles de ADO.
Blaise Compaoré a aussi tiré son épingle du jeu dans ce feuilleton politique aux multiples rebondissements. Il a acquis le titre tant rêvé de ‘’Facilitateur’’, qui le galvanisera à persévérer sur la voie d’une modification constitutionnelle de son pays pour se faire de nouveau élire.Les signaux étaient pourtant au rouge. Blaise, seul contre tous, est prêt à effectuer un passage en force. Même son adorable Chantal lui aurait déconseillé son entêtement.Petit à petit, Blaise Compaoré est abandonné, parfois par ceux-là même qui l’ont fait.
En janvier 2014, Salif Diallo, son incontournable pilier politique durant l’ascension du régime, après des années de disgrâce, claque la porte. Il ne sera pas seul. Roch Marc Christian Kaboré, Simon Compaoré, et d’autres militants embarquent avec armes et bagagespour le parti fraichement créé, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Un an plus tard, les anciens compagnons de Blaise Compaoré sont au pouvoir.Fuyant la justice de son peuple, l’ex-président burkinabé a trouvé l’hospitalité chez ses beaux-parents. Mais il n’a pas encore dit son dernier mot. Blaise Compaoré est connu pour être rancunier. Il n’a pas oublié l’humiliation qu’a suscitée son départ forcé du pouvoir.Il attend le moment opportun pour frapper fort.
Coup d’Etat de Gilbert Diendéré : l’occasion manquée pour Blaise et Soro
Après avoir chassé du pouvoir son président, le peuple du Burkina, comme en de pareilles circonstances, est à la recherche de l’oiseau rare, celui-là même qui pourra assurer la continuité de l’Etat. Le 21 novembre 2014, le choix est porté sur la personne de Michel Kafando, un brillant diplomate à la retraite. Sa mission est délicate : organiser la future élection présidentielle dans un an. Mais les réseaux de Blaise Compaoré, très actifs, ont un autre plan. Secrètement, ils élaborent une stratégie et attendent le moment opportun pour s’emparer du pouvoir par un coup de force.
Le 17 septembre, le plus fidèle militaire à Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré s’empare du pouvoir. Très vite décrié par la société civil, il peine à s’imposer. Le pays s’embrase. Ses éléments, des militaires à la gâchette facile de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), tirent à balles réelles sur la jeunesse révoltée. La communauté internationale s’indigne. Les condamnations du forcing opéré par le général fusent de partout. Isolé, Gilbert Diendéré cherche des solutions. Mais il n’est pas seul, car le parti de Blaise Compaoré, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP)est son soutien politique.
Djibril Bassolet, le fin diplomate de Blaise se révèle être un piètre stratège. Contactant Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne par voie téléphonique, en ignorant les règles de sécurité en matière de télécommunications, Djibril Bassolet s’est fait piéger. La conversation téléphonique d’une quinzaine de minutes révèleun plan machiavélique pour venir en aide à Diendéré en difficulté. Ce dernier a besoin d’argent pour remonter le moral de ses troupes en débandade. Guillaume Soro prodigue des conseils à son interlocuteur, peaufine des actions pour permettre aux putschistes de reprendre la situation en main.
Croyant communiquer à travers un canal sécurisé, les deux hommes aux sales projets étalent leurs limites, en voulant stimuler une attaque armée contre un poste de l’armée. Le but visé est de simuler une attaque à l’autre bout du pays, ce qui qui mobiliserait l’armée burkinabé à la riposte, desserrant ainsi l’étau sur les putschistes encerclés par les Forces armées du Burkina Faso à Ouagadougou.Ainsi, la seconde personnalité de Côte d’Ivoire, investie de ses fonctions officielles, planifie secrètement une attaque armée aux conséquences imprévisibles, contre le pays qui l’a lui-même soutenu dans sa rébellion.
Un rebelle, même président d’une Assemblée nationale, reste un rebelle. Guillaume Soro va plus loin en faisant des révélations qui le compromettronttôt ou tard, le jour où saconversation téléphoniques avec Djibril Bassoletsera authentifiée. Car révélant être à l’origine de des assassinats contre Désiré Tagro, ministre de l’Intérieurfidèle parmi les plus fidèles à Laurent Gbagbo, et Ibrahim Coulibaly allias IB.Alassane n’aurait jamais pu gouverner en présence de ces deux hommes. Guillaume Soro a ainsi justifié qu’il était un véritable criminel au service de Alassane Ouattara.
O. Roland
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Donald TRUMP : L’ouragan américain
Il sera investi comme le candidat du Parti républicain à l’élection présidentielle de novembre2016 aux Etats-Unis. A 69 ans, ce multimilliardaire américain, qui a fait fortune dans l’immobilier, attire toutes les attentions, en bien ou en mal. Sa célébrité, Trump l’acquiert en devenant animateur à la télévision (2004-2015).
En annonçant sa candidature au sein des Républicains, il a surpris une bonne partie des dirigeants du parti. Très vite il s’impose par un style va-en-guerre. Dans son programme, il s’oppose résolument à l'immigration clandestine, prévoit de durcirles critères de l'immigration légale et d'interdire provisoirement l'immigration musulmane.Il propose de marquer les musulmans du pays et d’interdire le territoire ceux venant de l’étranger. Et ce n’est pas tout. Ce monsieur prône la fermeture d’Internet et compte obligerApple, le géant américain à fabriquer ses ‘’foutus ordinateurs’’, selon l’expression de Trump, aux États-Unis.
Amusant au départ, ce potentiel futur président américain commence à inquiéter la communauté internationale. Au Royaume-Uni, le Parlement compte lui interdire l’accès au pays.
Une fortune colossale
Le magazine Forbesa estimé sa fortune à 4 milliards de dollars. Lui,Trump, déclarepeser entre huit et dix milliards.De loin le plus riches parmi les candidats à la présidentielle américaine, Donald Trump fait construire en 1983, le plus grand immeuble d'habitation du monde, situé à New York(Trump Tower, 725, Cinquième avenue, dans Midtown Manhattan). Propriétaire de 23 biens immobiliers Trump prétend occuper 515 fonctions.
Sans fief politique, il aligne les victoires partout où il passe, s’attirants de sympathisants par millions. Mais le président américain a attaqué Donald Trump, candidat qu'il ne juge pas sérieux pour la course à la présidence. "Ce n'est pas du divertissement", a lancé Obama. Mais Trump se moque bien des critiques, et c’est bien là qu’il tire sa force. Il poursuit tranquillement son chemin, croyant fermement incarner le ‘’rêve américain’’. Qu’il soit élu président des Etats-Unis ou non, Trump ouvre une nouvelle ère dans la campagne électorale américaine, où le politiquement correct perd sa place. Tel un ouragan, Donald Trump poursuit son avancée. Il a déjà balayé tous les candidats républicains. Arrivera-t-il à devenir le prochain président américain ?
Henri Levent