Les enseignants de l’Institut universitaire de gestion (Iug) sont en grève illimitée, depuis le 8 mars dernier. Les raisons: le contrat octroyé à six vacataires, les arriérés liés aux avantages et les textes de création de l’Ufp (Unité de formation et de production). A cette situation, fortement préjudiciable au bon déroulement de l’année académique, les autorités y assistent sans manifester la moindre volonté de trouver des solutions. Pour preuve : aucune négociation n’est encore engagée entre les syndicalistes et leur département de tutelle. C’est dire que cette grève n’émeuve point les décideurs. Aujourd’hui, les pauvres étudiants voient leur année scolaire fortement menacée.
Aucune issue ne profile à l’horizon au sujet de la « crise » qui sévie actuellement au sein de l’Iug. Les jours passent, en rajoutant à la colère des grévistes qui s’estiment tout simplement minimiser par le rectorat et, au-delà, les autorités en charge de l’enseignement supérieur qui semblent avoir d’autres chats à fouetter. En effet, depuis l’annonce de ce débrayage, il y a maintenant 2 mois, aucune action concrète n’a véritablement été engagée pour décanter la situation.
Selon le secrétaire général par intérim du Syndical national de l’enseignement supérieur de l’IUG, Oualy Badji Sissoko, « il n’y a eu qu’une rencontre, le 25 avril dernier, organisée à l’initiative du SNESup et le ministère en charge de la fonction publique ». Du côté du rectorat et du ministère de l’enseignement supérieur, précise-t-il, « c’est toujours le statuquo ». Voilà qui prouve à suffisance que ce problème est le cadet des soucis du département de tutelle. Faut-il rappelé, c’est après 48 heures (23 et 24 février dernier) de grève, puis 72 heures (1er, 2 et 3 mars dernier) que les responsables du comité exécutif du Syndical national de l’enseignement supérieur de l’Iug ont décrété une grève illimitée.
Ufp, le nœud du problème…
Les doléances des enseignants peuvent être regroupées en trois points essentiels : le contrat octroyé à six vacataires, les arriérés liés aux avantages et les textes de création d’une Unité de formation et de production (Ufp). Le dernier point constitue la pomme de discorde entre le rectorat de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (Ussgb) et le syndicat de l’Iug.
En effet, créée le 28 novembre 2000 par les enseignants conformément aux textes, l’Ufp a été inspirée de l’expérience Canadienne. En somme, il s’agissait d’organiser des cours du soir à l’intention des professionnels (formation continue), moyennant 360.000 Fcfa par an. Ainsi, les enseignants entendaient améliorer leurs conditions de vie et, partant, celles de l’Institut qui reçoit une partie des frais d’inscriptions et d’études. Selon Oualy Badji Sissoko, les enseignants de l’Ufp versent 50.000 Fcfa par auditeur au rectorat pour l’utilisation des locaux de l’Etat.
Mais, les choses auraient pris une autre tournure, quand le ministère de l’Enseignement supérieur a pris un arrêté de création d’une Ufp. Lequel arrêté charge le Rectorat de l’élaboration des modalités de fonctionnement de cette unité. A ce titre, le Rectorat a engagé six contractuels permanents. Le syndicat n’est pas opposé à la signature de contrat avec les vacataires, mais il trouve inconcevable que lesdits vacataires soient rémunérés sur les fonds générés par l’Ufp. Aussi, depuis la reprise des cours du soir en janvier dernier, les enseignants n’auraient perçu aucun centime. Un fait que le syndicat impute au changement apporté par l’arrêté ministériel.
En clair, les revendications des enseignants portent sur le paiement immédiat et intégral des heures supplémentaires de cours au titre du 2è semestre de l’année universitaire 2013-2014 et des frais de surveillance, de correction et de secrétariat au titre du 2è semestre de l’année universitaire 2013-2014. Les grévistes réclament aussi le paiement immédiat et intégral des frais de surveillance, de correction et de secrétariat au titre des 1er et 2è semestres de l’année universitaire 2014-2015, du reliquat (38,07) des heures supplémentaires de cours au titre du 2è semestre de l’année universitaire 2014-2015 et la mise en place immédiate d’une commission de relecture des textes régissant l’Unité de formation et de production de l’Iug.
Par rapport aux points relatifs aux arriérés, l’Etat doit, selon nos sources, payer 62 millions de F Cfa aux enseignants. C’est dire que la fin de la crise n’est pas pour demain.
Aujourd’hui, l’avenir de plus de 3.300 étudiants est sérieusement compromis. Mais cela n’inquiété nullement les décideurs politiques, pour la simple raison que leurs enfants ne sont pas concernés.
I B Dembélé