« Le Mali sous Moussa TRAORE », un ouvrage écrit par un collectif de cadres supérieurs maliens, continue de faire des vagues. Les réactions de désapprobation de son esprit et de contestation de son contenu sont légion de la part de personnalités politiques et hauts cadres, ainsi que d’associations démocratiques de tous bords. A l’image d’IG Maïga de l’association REPERES qui, dans cette contribution, qualifie le livre d’insulte à la mémoire des Maliens. « Si en 23 ans de pouvoir, on ne cite avec fierté que deux réalisations (ndlr : le barrage de Sélingué et la route Sévaré-Gao), c’est tout simplement lamentable », déplore-t-il. Et pour cause :
Le Mali sous Moussa TRAORE est le titre d’un ouvrage écrit par un collectif de cadres supérieurs dans le seul but de travestir, falsifier et réécrire l’histoire du Mali, selon leur bon vouloir.
En effet, ces professeurs d’enseignement supérieur et cadres « émérites » de haut niveau se proposent d’éclairer les générations actuelles et futures et de fournir aux historiens, chercheurs des éléments utiles d’investigations en se cramponnant seulement sur deux réalisations opérées en 23 ans de pouvoir du régime militaro-fasciste de CMLN/UDPM. Ceci est une insulte à la mémoire des maliens, et la jeune génération n’aura rien à apprendre, si en 23 ans de pouvoir on ne cite avec fierté que deux réalisations c’est tout simplement lamentable.
La très grande satisfaction affichée autour de la réalisation du barrage de Sélingué et d’une route de
1200km en 23 ans atteste allègrement que les responsables du régime militaro fasciste CMLN/UDPM n’avaient aucune vision, aucune ambition pour le Mali.
LE BARRAGE DE SELINGUE
Le Gouvernement malien avait étudié plusieurs projets : le barrage réservoir de Sélingué, sur le Sankarani affluent du Niger, d’une puissance installée de 45 600 KWe ; le barrage régulateur de Manantali sur le Bafing (144 000 KWe) qui sera réalisé plus tard dans les années 1990 ; le barrage de Tossaye sur le Niger qui est toujours en projet en 2014
Concernant le barrage de Sélingué avec ses 70%de l’énergie que vous attribuez aux installations réalisées par l’UDPM, chers Professeurs historiens et autres cadres supérieurs « émérites » ayez l’honnêteté intellectuelle de reconnaitre et de faire comprendre à la jeune génération que le projet de la construction du barrage de Sélingué remontait à 1964 date à laquelle le gouvernement Malien avait financé sur fonds propres une étude préliminaire confiée à Italconsult. Celle-ci avait été suivie d’une étude de rentabilité économique réalisée en 1966 par le même bureau d’études, financée par le Fond Européen de Développement (FED).
Puis d’une étude de faisabilité financée par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et réalisée par le bureau d’étude italien Carlo Lotti. Elle comprenait un schéma directeur d’aménagement de toute la zone influencée par le barrage avec, en particulier, un projet de création, à l’aval du barrage, d’un casier agricole irrigué de 1 500 ha et que dans le cadre de la continuité de l’Etat en 1975, les études d’avant projet détaillé du barrage sont confiées au Groupement des bureaux d’étude Carlo Lotti-Sofrelec (EDF international et Société grenobloise d’aménagement hydraulique -Sogreah).
Elles comportent, outre l’avant projet détaillé du barrage et de la centrale hydro-électrique, l’étude du placement de l’énergie produite par le barrage, les études socio-économiques et d’environnement, l’étude de la gestion ultérieure du barrage, l’aspect financier et économique, les dossiers d’appel d’offre pour la construction du barrage et la fourniture de l’ensemble du matériel électromécanique : groupes turbo-alternateurs-équipement électrique, poste de transformation, ligne de transport d’énergie reliant le barrage à la capitale Bamako située à 150 km et poste d’arrivée à Bamako.
Voilà en bref l’historique de la centrale hydro-électrique qui fournit les 70 % d’électricité et qui fait tant votre fierté.
Pourquoi ne pas parler de la Centrale hydroélectrique Sotuba (5 940 kW) construite en 1966 sur le Niger à proximité de Bamako ?
ROUTE SEVARE-GAO
Que vaut une route de 1200 km construite pendant 23 ans de pouvoir face à :
AIR MALI : Transports aériens :(Avec une flotte de plus de 20 Avions, un personnel Navigant et Techniciens d’entretien au sol composés de Maliens) assurant le désenclavement intérieur et extérieur du Mali: personnel réduit progressivement jusqu’à 600 au moment de sa liquidation
Une Compagnie qui faisait la fierté de tous les Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur.
Une Compagnie qui faisait la fierté de l’Afrique.
Le Mali est le premier Pays de la sous-région à organiser le pèlerinage de la filière gouvernementale avec sa Compagnie Nationale et tous les pays voisins passaient par là pour accomplir ce pilier de l’Islam.
Pendant que la liquidation de AIR MALI était programmée se créait une compagnie parallèle STA avec SABAGUE, et comme flotte l’avion de commandent de Moussa Traoré un BEA 146.
Il faut noter que SABAGUE ne payait ni Kérosène qui était au compte de l’Armée Malienne, ni le personnel, ni aucune autre charge, le tout était au compte du budget national. Les 20%du prix de vente des billets revenaient à SABAGUE.
L’avion ainsi exploité l’était avec des documents au nom du gouvernement malien.
SOMIEX : Distribution alimentaire : personnel 2103 liquidée après fermeture progressive des succursales
C’est avec la création de la SOMIEX que la gamme de KOROBORO BOUTIGUI a vu le jour parce que servant de relai entre la Somiex et la population quant à la distribution des produits alimentaires à la base.
Les produits de la Somiex sont vendus au même prix sur toute l’étendue du territoire Malien.
SONATAM : Fabrique de tabacs cigarettes et allumettes : personnel 899 restructurée, licenciement d’une partie du personnel.
COMATEX : Filature et tissage : personnel 3090, licenciement de près 3000 personnes
EMAB : Scierie fabrique de meubles : personnel 140 liquidée
LIBRAIRIE POPULAIRE DU MALI : Importation et distribution de livres, matériel de bureau et fournitures scolaires : personnel 155 liquidée
PHAMACIE POPULAIRE DU MALI : Importation et distribution de produits pharmaceutiques : personnel 710 restructurée, licenciement d’une partie du personnel
SOCORAM : Montage et négoce d’appareils électriques ménagers, radios et climatiseurs personnel 88 liquidée
SOCIETE DES HOTELLERIES DU MALI : Gestion d’hôtels : personnel 383 liquidée
SONETRA : Travaux publics et bâtiments (qui a à son actif les travaux de construction du Stade Omnisports Modibo Keita) personnel 165 liquidée
SEMA : Gestion immobilière et bureau d’études. En plus des logements dont le loyer variait entre 16.000FM soit 8.000FCFA et 8.000FM soit 4.000FCFA, en Location-Vente sur 15 à 20 ans. La Sema octroyait aussi des Prêts à l’Habitat aux taux réduits. Personnel 81 restructurée puis liquidée.
SEPOM : Fabrication de corps oléagineux et dérivés : personnel 760 liquidée
CMTR : Transports marchandises voyageurs et transit : personnel 350 liquidée
OPAM Restructuré licenciement d’une parte du personnel
SOCIMA : Cimenterie : personnel 434 bazardée avec toutes les installations et terrains
UCEMA : Fabrique de vaisselle, sanitaire, carrelage, chaux et base pour peinture : personnel 200 puis liquidée.
SOCOMA /SOCAM : Fabrique de concentré de tomate et jus de fruits : personnel 49 liquidée. Première fabrique de jus de fruits dans la sous-région.
BDM restructurée avec licenciement d’une bonne partie du personnel
TAMALI : Tannage, fabrique objets en cuir : personnel 70 liquidée
EDIM : Imprimerie, édition et reliure : personnel 806 liquidée
OCINAM : Gestion des salles de cinéma : personnel 255 liquidé
OPAM : Restructuré avec licenciement d’une partie du personnel
Les prix de tous les produits des Sociétés étaient homologués et vendus au même prix sur toute l’étendue du Territoire National
La liste n’est exhaustive car en 8 ans (1960-1968) près de 40 Sociétés et Entreprises d’état ont été créées par le régime de l’US RDA avec le Président Modibo KEITA.
Signalons que le personnel ici indiqué ne représente pas l’effectif initial, car toutes les Sociétés et entreprises d’Etat ont subi un élagage c'est-à-dire un licenciement progressif du personnel et ces chiffres relèvent d’une étude effectuée en 1981 par un Bureau Français sur la base de laquelle toutes les Sociétés et Entreprises d’Etat ont été liquidées.
Ce qui fera dire au Colonel Youssouf Traoré Membre du CMLN ceci : les conséquences désastreuses de l’entrée de notre pays dans l’UMOA en juin 1974, de la fermeture de certaines sociétés et entreprises d’état, le licenciement abusif de milliers de travailleurs et de l’intervention du FMI et de la Banque mondiale résultent essentiellement de la gabegie organisée et du pillage des caisses de l’état de 1973 à 1980 sous la responsabilité personnelle du général Moussa Traoré ».
En totalisant approximativement le nombre de personnes licenciées suite à la liquidation et à la restructuration de ces différentes sociétés et entreprises d’état on peut imaginer le préjudice moral et matériel causé dans les familles respectives.
Des pères de famille ainsi jetés dans la rue sans ressources, bonjour le dégât moral et l’effritement de la cellule familiale.
Consultez un peu l’ASSOCIATION DES COMPRESSES DU MALI. Vous comprendrez l’ampleur de dégâts causés par les liquidations et restructurations.
L’existence de toutes ces Sociétés et entreprises d’état a nécessité la création d’un département chargé de les gérer c’est ainsi que le Ministère de Tutelle des Sociétés et entreprises d’état a vu le jour en 1962 avec Lamine SOW comme Ministre (1962-1968).
Après le coup d’Etat de 1968, se sont succédé à la tête de ce Département les personnalités suivantes :
Sékou Sangaré 1972—1977
Mohamed Ag Hamani 1977--- 1978
Abdoulaye Amadou Sy 1978—1980
Tiécoro Diakité 1980—1982
Bandiougou Bidia Doucouré 1982--1984
Rapport sur le procès de Moussa Traoré ex chef de l’état du Mali, Dakar, le 22 Février 1993, le juge Sénégalais Laïty KAMA écrit page 25 :
Commentaire 1 : C’est à l’honneur de la jeune démocratie malienne d’avoir organisé malgré les imperfections relevées dans le rapport, le procès de Moussa Traoré et de ses compagnons, témoignant ainsi de sa volonté de s’engager dans le règne de l’Etat de droit .Et c’est d’autant plus remarquable que l’ancien chef de l’Etat du Mali ne s’embarrassait pas de ce genre de scrupules dans le traitement de ses adversaires réels ou supposés.
SUR LE PLAN EDUCATION
Il faut retenir que :
ENSUP : Créée en 1961 par Décret N°121/PG-RM, elle a été ouverte en 1963
ENI : L'École nationale d'ingénieurs Abderhamane Baba Touré (ENI/ABT)
Fondée en 1963 à Bamako (Mali). Créée le 14 avril 1939, l'Ecole Technique Supérieure de Bamako a été transformée le 06 septembre 1950 en Ecole des Travaux Publics (E.T.P.) de l'AOF, destinée à la formation des Adjoints Techniques en Travaux Publics, en Topographie et des Dessinateurs des TP.D'autres sections furent créées par la suite, telles que les sections Géologie et Electromécanique. Après l'accession du Mali à l'indépendance, en vue de satisfaire les besoins en cadres techniques nécessaires au développement du pays, l'E.T.P. fut érigée en « Ecole Nationale d'Ingénieurs » (E.N.I) qui fut chargée à partir de 1963.
IPR : En 1955, l’Ecole de Médecine Vétérinaire devient l’Ecole des Assistants d’Elevage de Bamako. Ainsi en 1965, le Gouvernement de la République du Mali décida de créer l’Institut Polytechnique Rural (IPR) de Katibougou qui occupa l’ensemble des infrastructures du CTA.
ENA : Ecole Nationale d’Administration : En 1598 est créée l’École d'administration du Soudan qui en 1963, prend le nom d'École nationale d'administration.
L'école à la charge de la formation des fonctionnaires des catégories A, ainsi que ceux de la catégorie B jusqu'à la création de l'École centrale pour l'industrie, le commerce et l'administration (Écica) en 1969.
ECOLE DE MEDECINE
La pose de la première pierre de l’Ecole de médecine a eu lieu le 11 novembre 1968 sous la présidence du ministre de la Santé et des Affaires sociales Sominé Dolo en présence du ministre français de la Santé publique et de nombreuses personnalités politiques.
Il était prévu de construire une véritable cité universitaire comprenant un bloc d’enseignement comportant un bâtiment administratif, une bibliothèque, des salles de cours, de travaux pratiques, des professeurs, un amphithéâtre de 80 places. Le bloc d’internat était composé de 29 chambres à deux lits, une salle de jeux et de réunion, un restaurant. Il était prévu des logements pour le personnel administratif ;
Enfin que c’est bien sous le régime CMLN/UDPM que toutes les écoles de formation des maîtres ont été fermées et l’éducation civique supprimée du programme d’enseignement au Mali et dans toutes les écoles.
I.G. MAIGA
Association REPERES