Dans un communiqué, le consulat du Mali à Paris, a révélé que depuis le vendredi 6 mai 2016, “un groupe d’individus se réclamant de l’Association pour le développement du cercle de Yélimané “Yélimané Dagakané” effectue un sit-in devant le consulat général du Mali en France.
Sur instruction de l’ambassadeur du Mali en France, une rencontre entre les responsables du consulat général et des représentants de l’Association fut organisée, afin de comprendre les raisons du sit-in.
Au cours de cette rencontre, les responsables de l’Association ont indiqué qu’ils organisent ce sit-in afin d’exiger du gouvernement du Mali : la libération immédiate de leur porte-parole, Bakary Diambou, actuellement aux arrêts au Mali ; la levée de l’interdiction qui frappe leur association au Mali et la levée du contrôle judiciaire à l’encontre de certains membres de ladite association qui étaient en prison à Yélimané.
“Bien que ces revendications n’aient aucun rapport avec le consulat général et relèvent plutôt d’une affaire pendante devant la justice malienne, dans un souci de dialogue et d’apaisement, l’ambassadeur du Mali a initié de nombreuses démarches pour ramener les manifestants à la raison”, a souligné le communiqué.
Malheureusement, toutes les démarches impliquant des notabilités et sages de la communauté malienne de France sont restées infructueuses. Et les manifestants sont restés sur leur position, précisant que s’ils n’obtenaient pas satisfaction, ils ne libéreront pas l’accès du consulat et menacent d’étendre leur mouvement à d’autres ambassades et consulats du Mali dans d’autres pays.
Devant une telle intransigeance, à l’origine de désagréments aux usagers et à la population riveraine, conformément aux conventions internationales en vigueur, l’ambassade du Mali a prévenu qu’elle est “contrainte d’user de toutes les voies de recours pour le retour du fonctionnement normal des services consulaires et de la quiétude dans la cité”. ce qui sous-entend des échauffourées dans les prochaines heures.
A l’origine de la crise
A Yélimané, il y a une tension depuis plusieurs mois entre l’association “Yélimané Dagakané”, une association créée par des ressortissants de la localité vivant à l’étranger pour le développement de Yélimané, et les autorités locales. Non contents de la gestion des ressources locales de la ville, les membres de “Yélimané Dagakané” ont organisé, le 18 août 2015, une marche pacifique. Et depuis ce jour, selon les leaders de l’association, leurs membres font l’objet d’une cabale judiciaire. Et les choses se sont aggravées le mois dernier avec l’arrestation de Bakary Diambou, porte-parole de l’association et expatrié malien vivant en France.
Accusé d’incitation à la révolte, Bakary Diambou a été arrêté pendant qu’il séjournait chez lui, à Yélimané et emprisonné à Kayes. En France comme au Mali, les membres de l’association “Yélimané Dagakané” et des personnes acquises à leur cause, se sont mobilisés pour la libération de Bakary Diambou, leur porte-parole. Depuis le 6 mai, les membres de l’association et leurs sympathisants, tiennent un sit-in devant le consulat de l’ambassade du Mali en France pour réclamer la libération immédiate et sans condition de Bakary Diambou.
Qu’est ce qui oppose l’association “Yélimané Dagakané” aux autorités locales du cercle de Yélimané ?
En septembre dernier, tout serait parti d’une marche organisée par l’association, le 18 août, pour dénoncer la mauvaise gestion des affaires publiques dans le cercle de Yélimané et demander une diminution de la taxe pour le développement régional et local (TDRL). Ce jour-là, les maires des 12 communes du cercle et les députés étaient en conclave au chef-lieu de cercle. A la suite de cette marche, en plus de l’interdiction des activités de l’association, une quinzaine de ses membres ont été mis en prison et 17 ont été placés en résidence surveillée. Chose qui a détérioré les relations entre les populations de Yélimané et les autorités locales.
“Les jeunes ont marché sans rien casser, ils sont partis donner une lettre au préfet. C’est ce même jour qu’ils ont été arrêtés dans l’après-midi”, a affirmé au Républicain, Tama Diawara, 66 ans, chef du village de Sambaga. A l’époque, ce dernier se dit surpris par la tournure qu’a prise cette affaire, alors que depuis novembre 2014, les membres de l’association ont entamé des démarches pour demander la diminution de la taxe en question. Pour l’association “Dagakané”, cette taxe s’élève à 2135 F CFA à Yélimané au lieu de 1000 F CFA comme dans beaucoup d’autres localités maliennes.
L’augmentation de la taxe, Selon Cheickna Sylla, un notable du quartier Djadji à Yélimané, est partie d’une souscription volontaire de la population qui voulait financer l’achat d’un véhicule et la construction d’un bâtiment sous le règne de Moussa Traoré. Ces buts ont été atteints, mais la taxe n’est pas revenue à son tarif normal après la réalisation des objectifs fixés. “Nous n’avons jamais demandé aux gens de refuser de payer les impôts. Comment aurions-nous voulu demander cela ? Tout ce qu’on veut c’est la diminution de la taxe pour le développement régional et local (TDRL). Nous payons la taxe la plus élevée au Mali”, nous a confié, lors de notre reportage sur le sujet, Maciré Kébé, le chef du village de Kersigané.
Le préfet, Ali Guindo, a fait savoir qu’il faudrait éviter de faire des amalgames dans cette affaire. Contrairement aux rumeurs, a-t-il dit, les autorités administratives ne sont impliquées ni de près ni de loin. “La marche était pacifique, ils n’ont rien cassé. Après avoir pris connaissance du contenu de la lettre que trois représentants des marcheurs m’ont remise, je l’ai transmise à qui de droit. Mon rôle s’est arrêté là”, s’est justifié le préfet.
Pour le préfet, il s’agit d’un combat politique entre la population et les élus locaux, surtout à la veille des élections de proximité. C’est pour cela que l’administration aurait refusé de prendre position même si les élus auraient demandé au préfet de sévir contre “Yélimané Dagakané”.
Avec Le Republicain