Il faut un délai minimum de 6 mois d’attente pour un compatriote vivant par exemple en Espagne pour espérer voir sa demande de renouvellement du fameux sésame aboutir.
Qui ne se rappelle encore de la profonde crise de confiance entre les autorités en charge de la délivrance des pièces d’état-civil, notamment la carte d’identité nationale et le passeport, et les usagers ?
Face à la levée de boucliers et de la fronde généralisée que cela a suscité à l’époque, l’Etat a pris des mesures draconiennes visant à soulager les populations du véritable parcours du combattant qu’il fallait subir pour acquérir sa pièce d’identité ou son passeport dans les différents services chargés de leur établissement. Ce qui n’est malheureusement pas encore le cas pour bon nombre de nos compatriotes vivants à l’étranger.
En effet, si aujourd’hui, pour les usagers de l’intérieur, l’on constate une certaine amélioration la situation est loin de connaître une évolution pour la majorité de nos compatriotes de l’extérieur.
Selon plusieurs témoignages concordants, il faut un délai minimum de 6 mois d’attente pour un compatriote vivant en Espagne pour espérer voir sa demande de renouvellement du fameux sésame aboutir.
Combien sont-ils ainsi parmi nos compatriotes vivant dans ce pays à subir toutes sortes de désagréments pendant cette période d’attente et de privation d’un droit ? C’est le cas de Y. S. résidant en Espagne depuis 2008 qui, faute de passeport, n’a pu effectuer le déplacement au pays récemment à l’occasion du décès de sa mère.
Pis, ayant effectué sa demande de renouvellement du passeport depuis le 7 janvier 2016, plus de 4 mois après c’est la même rengaine que les services consulaires de l’ambassade du Mali à Madrid lui rappellent incessamment : “Il faut attendre, ce n’est pas encore arrivé”. Le compatriote n’est visiblement pas au bout de ses peines, car sa carte de résident arrive à expiration le 6 juin prochain.
Sans le fameux passeport, Y. S. craint de ne pouvoir procéder aux formalités administratives visant à renouveler cette pièce d’état-civil sans laquelle il sera exposé à d’autres risques, et non des moindres, notamment celui d’apparaître comme “un clandestin” au regard de la loi de son pays de résidence.
Un exemple parmi tant d’autres, celui de Y. S. n’est malheureusement pas un cas isolé. Ils sont ainsi plusieurs centaines, voire des milliers de nos compatriotes de l’étranger à vivre le calvaire à cause des difficultés d’accès aux pièces d’état-civil de leur pays d’origine. Certains seraient ainsi à 6 voire 7 mois ou plus d’attente de leur passeport. Et pourtant la Constitution du Mali garantit “l’égalité entre tous les citoyens” fussent-ils de l’intérieur ou de l’extérieur, dans l’accès aux services publics.
Lorsqu’on sait que la contribution financière globale de nos compatriotes vivant à l’étranger dépasse l’aide publique au développement pour notre pays (plus de 400 milliards de F CFA/an), toute mesure pénalisante à leur endroit doit être dénoncée et condamnée.
Aussi les plus hautes autorités du pays sont-elles interpellées afin de prendre toutes les dispositions idoines afin de soulager les Maliens de la diaspora d’une situation si affligeante et anormale.
Loin d’une quelconque faveur, il s’agit-là plutôt d’un droit pour tout citoyen remplissant les conditions requises de bénéficier dans le délai défini par la loi d’un service public délivré par l’Etat et ou ses démembrements, qui qu’il soit et où qu’il soit.
C’est aussi une obligation pour l’Etat d’y veiller. Il en va de l’image de notre pays et de l’amélioration de la confiance entre lui et ses fils et filles.
Vivement donc que la récente nomination du général Abdoulaye Koumaré comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Mali au Royaume d’Espagne contribue à l’avènement d’un tel climat de confiance et de sérénité pour les Maliens vivants dans ce pays qui accueille l’une des plus importantes communautés de la diaspora malienne en Europe.
B. Sidibé