L’histoire est une science qui a pour objet d’étudier le passé. D’où l’importance de cette discipline pour l’humanité. Il est important de rappeler, que dans de nombreux domaines, il est difficile de travailler sans recourir à l’histoire. C’est le cas pour l’animation de la vie politique, la gestion du pouvoir, les missions religieuses, etc.
De ce fait, l’histoire doit être prise au sérieux. Mais force est de reconnaître que ce n’est pas le cas dans bon nombre de pays africains, surtout dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne. Mieux, on serait tenté de croire à sa banalisation, au regard de certains actes.
Or, la banalisation de l’histoire ouvre la voix à sa falsification. Alors, prenons- y garde. Donc, ne faisons pas du tort aux générations futures.
L’animation de la vie politique d’une nation gagnerait en crédibilité, si elle est à l’écart de la falsification de l’histoire. La falsification de l’histoire est une entrave à une animation apaisée de la vie politique et publique, et une menace pour la cohésion sociale et la réconciliation nationale.
En réalité, c’est lorsqu’on se prête à ce jeu, qu’on confirme les propos de Paul Valery présentant l’histoire comme le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré.
La situation fragile, dans laquelle se trouve notre pays ne mérite pas d’être empirée par la falsification de l’histoire, dont les conséquences sont incalculables. Raison pour laquelle, il est nécessaire d’avoir des communicateurs et d’hommes politiques, qui connaissent notre histoire, celle de l’animation de la vie politique de l’indépendance à nos jours, sans oublier celle sous nos empires et royaumes, ainsi que du temps de la colonisation française.
Ceci éviterait peut- être une campagne de persuasion à l’endroit du peuple, basée sur de propos contraires à la vérité historique, puisqu’il est établi t :«En politique, ce qui est cru devient plus important que ce qui est vrai», (Talleyrand). Ce qui prouve à suffisance qu’il est de la responsabilité de tous les acteurs de la vie politique et publique nationale de s’impliquer contre la falsification de l’histoire en général, et celle de notre pays en particulier.
D’ailleurs combien sommes- nous à trouver des réponses justes aux questions suivantes sans aucune passion :
Avant l’avènement de la démocratie multipartite combien de villes maliennes bénéficiaient de l’accès à l’eau potable, à l’électricité, à des services de santé, la couverture télévisuelle ? Le Mali avait-il le contrôle total de son territoire national, singulièrement les régions du nord ? Si tel était le cas pourquoi y avait- il eu à la fin des années 80 des bases de groupes armés à Farach et à Taikarène ? Quand le Mali a signé pour la première fois des accords avec des groupes armés ? Quand fut décidée pour la première fois la démilitarisation des régions du nord et de la suppression de certains postes militaires ? Quand vit le jour la démocratie multipartite dans notre pays ? Pourquoi plusieurs enseignants maliens formés à l’ENSUP, à l’ENSEC, à l’IPEG préféraient quitter le pays pour faire valoir leurs compétences à l’étranger ? Est- ce qu’en 25 ans de démocratie multipartite tout a été rose dans la gestion des affaires publiques ? Y a- t-il eu de régimes irréprochables au Mali ? Des questions parmi tant d’autres.
Pourtant, le peuple malien doit être édifié au sujet des questions ci- dessus, qui s’invitent très souvent dans l’animation de la vie politique et publique.
Hélas, vingt-cinq ans seulement après l’instauration de la démocratie multipartite (mars 1991-mars 2016) au Mali, des voix font de plus en plus état d’une volonté affichée à certains niveaux de falsifier notre histoire. Longtemps restée tabou, elle (falsification) est aujourd’hui décriée au sein de la classe politique, d’une part, par des acteurs du Mouvement démocratique et, d’autre part, par des fidèles du régime du parti-Etat sous la deuxième République.
Finalement à qui donner raison. La victime est le peuple malien, principalement sa jeunesse, dont une importante tranche d’âges se contente généralement des récits d’une des parties sans y mener des investigations pour découvrir la vérité historique.
Lesdits récits constituent le plus souvent l’essence de ses débats sur l’animation de la vie politique et publique.
Dans les pays occidentaux, la vérité historique a une importance particulière dans l’animation de la vie politique et publique. Tenez- vous bien, lorsqu’ eurent lieus les attentats de Paris en novembre 2015, Nicolas Sarkozy déclara que la diminution des effectifs de la gendarmerie et de la police sous le Gouvernement de Valls est en train de favoriser la montée du terrorisme. Sans tarder Valls répliqua à l’Assemblée nationale française, en indiquant que la diminution des effectifs des forces de sécurité n’est pas une initiative de la gauche, mais de la droite, sous le règne de Nicolas Sarkozy. La polémique s’arrêta là, parce que chacun d’eux a connaissance, que le peuple français sait où se situe la vérité historique.
Un peuple, dont l’histoire est falsifiée manque d’importants éléments d’appréciation sur les plans culturel, économique, militaire, sociopolitique, etc.
Alors, l’histoire doit être considérée comme une question de sécurité nationale et même mondiale. Lutter contre sa falsification est un acte citoyen.
Sory Ibrahima WAÏGALO, Historien /Communicateur Politique
Président de l’Institut Malien de Communication Politique - IMCP
E- mail : imcp2015@yahoo.fr