L’Europe a célébré, lundi 9 mai, le 66è anniversaire de la Déclaration de Schuman considérée comme l’acte de naissance de l’Union européenne
Dans le cadre de cette célébration, ici à Bamako, l’ambassadeur de l’Union européenne au Mali, Alain Holleville, et son épouse, Catherine, ont offert une réception dans les locaux de leur résidence à Badalabougou.
Figuraient parmi les invités de marque, trois membres du gouvernement : le ministre l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, Mamadou Hachim Koumaré, celui de l’Education nationale, le Pr Kénékouo dit Barthélémy Togo, et Thierno Amadou Omar Hass Diallo, leur homologue des Affaires religieuses et du Culte.
Les présidents des institutions de la République, les membres du corps diplomatique et des organismes internationaux et l’ancien Premier ministre Moussa Mara ont pris part à la soirée qui a débuté par l’exécution des hymnes nationaux du Mali et de l’Union européenne.
Le diplomate européen a fait une brève présentation de l’histoire et de la symbolique du 9 mai, avant de commenter les actions et la présence européennes au Mali.
C’est le 9 mai 1950 que le ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman, a lu une déclaration qui appelait la France, l’Allemagne et d’autres pays européens à mettre en commun leurs productions minières pour jeter les premières bases d’une fédération européenne. Ce projet prévoyait, en effet, de créer une institution européenne supranationale chargée de gérer les matières premières qui étaient à l’époque la base de toute puissance militaire.
La proposition emporta l’adhésion et le 9 mai 1950 fut ainsi à l’origine de la construction européenne. Les chefs d’Etat ou de gouvernement ont convenu, lors du conseil européen de Milan en 1985, de commémorer chaque année cette date par une « Journée de l’Europe » qui s’adresserait à tous les citoyens de la communauté.
Pour l’ambassadeur Holleville, « cette déclaration qui constitue le socle de notre Europe devenue UE à 28 membres, développe la relation toute particulière entretenue avec l’Afrique. Et l’Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l’une de ses tâches essentielles qui est de contribuer au développement du continent africain ».
Le diplomate a évoqué les principes et les objectifs exprimés dans le premier article de la Convention de Cotonou qui fixe l’Accord de partenariat entre les pays Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) et la Communauté européenne, devenue, depuis, l’Union européenne (UE). Il s’agit de promouvoir et accélérer le développement économique, culturel et social des Etats ACP, de contribuer à la paix et à la sécurité et de promouvoir un environnement politique stable et démocratique ».
« Je me dois de signaler, à cette occasion, que le travail de révision de la Convention de Cotonou, en vigueur jusqu’en 2020, a commencé afin d’élaborer le nouveau cadre des relations et les orientations stratégiques qui s’appliqueront aux deux ensembles, peut-être d’ailleurs sous une forme rénovée, au-delà de 2020. Une réunion ministérielle ACP/UE vient de se tenir à Dakar, avant une réunion ACP de haut niveau en Papouasie Nouvelle Guinée », a annoncé le chef de la délégation de l’Union européenne au Mali.
UNE IMPLICATION EUROPEENNE ANCIENNE.
S’exprimant sur la présence européenne au Mali, Alain Holleville décrira une implication ancienne, profonde, substantielle et en évolution constante dans le sens d’un élargissement et d’un renforcement continu. Ce partenariat entre le Mali et l’Union européenne a débuté dès 1958. Dans cette logique, notre pays bénéficie d’un des plus gros programmes de coopération de l’UE dans le cadre du « programme indicatif national » au titre du 11è FED (désormais programme principal mais non unique).
La coopération Mali-EU s’est aussi matérialisée par 450 décisions de financement pour une valeur actualisée de 2.000 milliards de Fcfa investis dans trois principaux secteurs : les transports avec la construction ou la réhabilitation de 4.200 km de routes, l’accompagnement macroéconomique et budgétaire ainsi que le développement rural par 110.000 hectares de périmètres irrigués aménagés ou réhabilités.
« Dès 2013, l’UE a substantiellement augmenté son intervention au Mali, pour accompagner la sortie de crise, renforçant en particulier toutes ses actions en appui à la consolidation de la démocratie », a rappelé le diplomate européen, avant d’évoquer l’implication des Européens depuis le processus d’élaboration jusqu’à la mise en œuvre en cours de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
« En matière de sécurité, l’UE a déployé une mission de formation et de conseil auprès de l’armée malienne (EUTM) qui, depuis 2013, a formé plus de 8000 militaires et va, dans les semaines qui viennent, mettre en œuvre son troisième mandat. Depuis janvier 2015, une mission similaire (EUCAP Mali) opère au bénéfice de la police, de la gendarmerie et de la Garde nationale », a rappelé l’ambassadeur Holleville qui a cité les multiples visites effectuées au Mali par les ministres allemand et français des affaires étrangères ensemble, le ministre luxembourgeois de la coopération, le responsable européen des questions politico-militaires ainsi que le représentant spécial de l’Union européenne pour le Sahel nommé en décembre.
Le chef de la délégation de l’Union européenne dans notre pays a relevé que le Mali, comme tous les pays de l’espace sahélien, est confronté à des défis structurels communs auxquels se sont ajoutés des défis nouveaux sur la problématique de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme et de la stabilité.
Relever ces défis nécessite, pour le représentant de l’Union européenne au Mali, « un renforcement de l’action sous régionale, soit dans le cadre des institutions bien établies comme l’UEMOA, la CEDEAO et le CILSS (auxquelles l’UE apporte un soutien de longue date), soit avec l’émergence d’entités nouvelles, comme le G5, que l’UE appuie politiquement et financièrement, tout en renforçant la capacité de ces pays du G5 à mieux coopérer.
Pour le Mali, la tâche actuellement prioritaire consiste à mettre en œuvre activement les dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation, a souligné Alain Holleville qui préconise de restaurer la confiance, retisser un contrat social, consolider la justice et les droits de l’homme, améliorer la vie des populations et ouvrir des perspectives notamment pour les jeunes et les femmes.
« Enfin, face aux défis du terrorisme, la question de la sécurité s’est imposée comme une priorité de premier plan pour le Mali, les pays de la sous-région et leurs partenaires européens afin d’établir la paix, la stabilité, ainsi que le développement et la bonne gouvernance qui vont de pair », a analysé l’ambassadeur Holleville.
S. TANGARA