Sous la présidence du ministre du Commerce et de l’industrie, Abdel Karim KONATE, le Conseil national des prix a tenu, hier lundi, une session consacrée à l’état d’approvisionnement du pays en produits de première nécessité et les prix pratiqués. L’on en retient un approvisionnement correct et une stabilité des prix.
Cette session s’inscrivait en droite ligne de la préparation du mois de Ramadan où l’on assiste, en général, à une flambée des prix pour des raisons très peu évidentes, a fait savoir le ministre KONATE, en campant le décor.
Aussi pour mieux édifier les participants et prendre les éventuelles mesures d’anticipation, il a mis à contribution, le Directeur national du commerce et de la concurrence (DNCC), Modibo KEITA ; le Directeur national adjoint de l’Office national des produits pétroliers (ONAP), Yacouba DANSOKO ; le secrétaire général du Groupement des huiliers du Mali, M. DIABATE ; le représentant des Grands moulins du Mali, M. KANTE.
Efforts salutaires
Modibo KEITA a fait savoir que sur le marché national, le riz brisé importé de grande consommation est vendu au détail entre 320 et 370FCFA/Kg. Le prix au détail du riz local, lui, varie entre 350 et 450 FCFA/Kg.
Le stock sur le territoire national de riz est de 59 676 tonnes. Ce qui reste supérieur au seuil d’alerte évalué à 43 350 tonnes. Le Directeur de la DNCC n’a pas manqué de révéler la quantité du stock de riz dans les différents ports qui est 17 654 tonnes.
Le prix au détail du sucre est compris entre 375 et 500 FCFA/Kg avec un stock présent sur le territoire national de 117 600 tonnes, représentant 254 jours de consommation nationale, largement supérieur au seuil d’alerte évalué à 20 642 tonnes.
Avec un stock de 1 851 tonnes sur le territoire national et un seuil d’alerte évalué à 744 tonnes, la situation du lait en poudre qui est vendu au détail entre 2 200 et 3 000 FCFA/Kg est également rassurante.
Quant à l’huile alimentaire qui est vendue au détail entre 600 et 800FCFA/litre, le pays dispose d’un stock de 20 024 tonnes, soit 74 jours de consommation nationale, largement supérieur au seuil d’alerte évalué à 2 532 tonnes.
Au détail, la farine de blé est vendue entre 250 et 400FCFA/Kg. Ce, avec un stock sur le territoire de 7 356 tonnes, soit 63 jours de consommation, largement supérieur au seuil d’alerte qui est de 699 tonnes.
Enfin, pour ce qui est de la viande, nonobstant certaines récriminations, il ressort de la présentation du Directeur de la DNCC qu’avec os, elle est vendue entre 1 800 et 2 500 FCFA/Kg. Cela, a souligné M. KEITA, grâce aux efforts consentis par les acteurs de la filière bétail-viande et à l’accompagnement du ministère du Commerce et de l’industrie. En ce qui est du prix de la viande de bœuf avec os et sans os, il est respectivement fixé à 2 000 et 2 300 FCFA/Kg sur la plupart des marchés du District de Bamako.
Nécessaires clarifications
Suite à cette présentation, le ministre KONATE a expliqué que les prix communiqués sont des prix moyens, à savoir la différence entre le prix plancher et le prix plafond. Il a aussi fsouligné que les stocks dont on parle sont ceux qui sont disponibles seulement au niveau des grossistes et qui ne prennent donc pas en compte ceux des demi-grossistes et ceux des détaillants. Autant dire que la disponibilité est plus importante que les chiffres annoncés.
Il a aussi éclairé les lanternes par rapport à ce qu’il faut comprendre par seuil d’alerte qui est le niveau en dessous duquel les prix peuvent flamber du fait de la rareté. En tout état de cause, a-t-il rassuré, il existe un mécanisme qui permet de réagir à ce genre de situation en évacuant rapidement les stocks qui sont au niveau des ports.
Le Directeur national adjoint de l’ONAP, Yacouba DANSOKO, a souligné la baisse du prix du carburant à la pompe qui est passé, entre juillet 2014 et avril 2015, pour ce qui est du Super carburant, de 784 FCFA/litre à 675 FCFA/litre, soit une baisse de l’ordre de 109 FCFA/litre.
Au cours de la même période, le prix du litre de gasoil est passé de 687 FCFA à 582 FCFA/litre, soit une baisse d’environ 105 FCFA. L’embellie s’est poursuivie en 2016, puisqu’entre février et mars, l’on a assisté à une nouvelle réduction de 30 FCFA. En avril, a fait savoir M. DANSOKO, les prix ont été bloqués. Tout cela a été rendu possible, a-t-il précisé, grâce à un effort du Gouvernement qui renonce à une partie de la fiscalité. Cela quand bien même il reste tenu par ses engagements envers les PTF.
À son tour, M. KANTE a été rassurant quant aux stocks de farine disponibles sur le territoire national. Il a indiqué que les Grands Moulins du Mali disposent de 4 unités de production et que le stock est largement suffisant. C’est d’ailleurs de la mévente qu’il se plaint.
Instruction ferme
M. DIABATE lui a assuré qu’il y a 11 000 tonnes d’huile alimentaire en stock et que le prix de vente de l’huile local est de 600 FCFA/litre.
À la suite de son intervention, le ministre a félicité le Groupement pour son action qui a permis de mettre hors circuit des huileries qui ne remplissaient pas toutes les conditions d’ouverture et l’a exhorté à persévérer dans ce sens. Cela, en donnant l’assurance que l’accompagnement des services techniques ne fera jamais défaut.
Parlant de la question du sucre, M. KONATE a fait savoir que SUKALA et N-SUKALA vendent la tonne à 400 000 FCFA, représentant 400 FCFA/Kg. Ce qui lui fait dire qu’il est possible d’avoir le sucre à 450 FCFA/Kg.
En outre tout en saluant l’engagement des opérateurs économiques à approvisionner correctement le marché, le ministre est scandalisé par l’attitude de certains d’entre eux qui, tout en étant croyants, choisissent le mois de Ramadan pour augmenter les prix.
Aussi a-t-il donné une instruction ferme à la DNCC de visiter les magasins pour confirmer la présence des stocks annoncés. Ce qui permettrait d’éviter la rétention.
L’UNTM félicite
Pour une des rares fois, l’UNTM qui est à l’origine du Conseil des prix affiche sa satisfaction. La centrale a félicité le ministre KONATE pour le suivi régulier du marché ; pour les instructions données aux services techniques de contrôler les magasins de stock ; pour la fermeture d’huileries clandestines.
« Ce que nous avons entendu aujourd’hui nous réconforte », s’est réjoui un responsable syndical. Un autre de renchérir en félicitant le ministre pour la démarche consistant à donner la parole aux acteurs. Et d’annoncer : « nous pouvons dire aux travailleurs qu’il n’y a pas péril en la demeure ». Un troisième syndicaliste qui a abondé dans le même sens que ses prédécesseurs a toutefois préconisé un suivi des prix et des contrôles inopinés dans certaines huileries.
Parmi les demandes des représentants des consommateurs, il y a celle de créer un comité de veille qui se réunira une fois par semaine pour suivre les prix. Ce à quoi a accédé le ministre.
Réagissant à la question du gaz, le ministre a assuré qu’il n’y a pas de problème d’approvisionnement.
Pour terminer, il a annoncé deux mesures phares.
La première consiste à la suppression de la TVA, pour la campagne 2016-2017, sur le coton graine ; question de réduire le coût de l’aliment bétail et partant le prix de la viande.
La deuxième est l’organisation de la foire du Ramadan au Parc des expositions. Les denrées de première nécessité y seront vendues aux tarifs normaux. Ce qui contrarierait les plans des spéculateurs.
Par Bertin DAKOUO